« Qu’est-ce que la vérité… Qu’est-ce que le Hip Hop? Qu’est ce que le Rap? On en rien à foutre. » – Hi-Tekk (La Caution)

On l’oublie trop souvent mais la France est le second marché mondial du rap derrière les États-Unis. Comme disait Guillaume Brière des Shoes dans un entretien qu’il nous accordait en 2011, “le rap ça marche en français, mais pas en allemand, va savoir pourquoi !”. Quand Mokless de la Scred Connexion appelle la jeunesse française à l’exode, il semble omettre quelque part que son groupe n’aurait probablement jamais connu le succès ailleurs. Et oui, car cette France sclérosée et inégalitaire que l’on connait a tout de même engendré quelques merveilles. Parmi celles-ci, on peut citer son rap né de la rébellion et de la rage des banlieues parisiennes et marseillaises, avant que le phénomène ne s’étende ailleurs qu’à ses extrémités.

Malheureusement, la qualité du rap français n’a jamais été constante et après avoir connu un fort essor et une vague d’artistes talentueux au milieu des années 90, celui-ci est retombé à son plus bas, notamment à cause de rappeurs en déclin sur le retour (comprenez les featurings de Passi avec Calogero ou les 2 derniers albums de Claude MC). C’était sans compter sur la bande à Gérard, tous plus alcooliques les uns que les autres qui ne se reconnaissait pas dans cette scène et ont préféré adapter leur mode de vie en musique (saucisson-vin rouge-pétard) et retourner le Tryptique (dorénavant Social Club), donnant ainsi un hip-hop fait pour ceux qui n’aiment pas (forcément) le hip-hop. Cette nouvelle scène nihiliste a explosé au cours des années 2000 autour de Triptik, Svinkels ou TTC. Versailles a également apporté son grain de sel avec Le Klub des Loosers et ses textes sombres dépeignant une jeunesse aisée et désabusée.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Les infarctus ou autres maladies mortelles telles que Yelle ont eu raison de tous ces groupes qui, pour la plupart, ont préféré se reconvertir dans l’électro ou sombrer, purement et simplement. Peu ont survécu… On se rappelle tous avec nostalgie du forum Svinkels où les insultes fusaient à chaque débat sur Cypress Hill, de Gérard Baste en slip kangourou ou des sessions scratch de Pone qui inondaient Youtube et d’une musique où tout ce qui comptait était “Peace, love, unity and having drugs”.

Si l’on parle de tout ça, c’est parce que 3 réalisateurs/journalistes Romain Quirot (clip de Slits de Sporto Kantes), Antoine Jaunin et François Recordier dont on sait peu de choses, ont annoncé la semaine dernière à l’aide d’un teaser court qui en dit long, la sortie “prochaine” d’un documentaire consacré à cette scène. On attend avec une impatience non contenue d’en savoir plus…

@CyprienBTZ

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