L’overdose est proche, ou est-ce seulement le début d’une épopée fantastique, de l’artiste d’une génération, de ce grand créateur français que l’on recherche tous les 3-4 ans pour rappeler que oui, depuis Daft Punk, nous, Français, avons cessé d’avoir honte de nos musiciens ?
Woodkid, de son vrai nom Yohann Lemoine, est partout. Cela fait plus d’un an me direz-vous, et vous aurez raison. Oui mais voilà, avec la sortie de son premier Album « Golden Age » la machine s’est relancée de plus belle. Comme inarrêtable, aussi pompeuse et grandiloquente que l’artiste lui même. Que ce soit sur France Inter, sur Elle, sur les Inrocks, imaginons le, prochainement sur La Nouvelle Star, sur ma putain de Timeline Facebook, sur Twitter, bientôt en une du JT de Pujadas, à la Télévision, peut être même sur la TNT, au 6ème mariage de mon oncle, en page-président de Brain-Magazine, sur Ouest-France ou encore en fond sonore du prochain D&Co de Valérie Damidot, WoodKid est omniprésent.
Le pire est que cela ne semble emmerder personne (peut être Valérie Damidot qui aurait plutôt vu un bon Christophe Maé pour accompagner sa tapisserie safran) mis à part moi. Woodkid est cet artiste qui gagnera très prochainement une, voire plusieurs Victoires de la Musique, qui sera toujours idolâtré par la frange de la population « tendance » car il a assez de clefs moyenâgeuses dessinées sur les bras et une barbe beaucoup trop cool et qui plaira à votre Maman car « les images sont belles, y’a des chevaux et c’est de la musique avec une mélodie et de vrais instruments ». Un beau programme en somme. La question se pose donc, peut-on ne pas aimer Woodkid ?
Au départ, tout semblait idyllique, Woodkid est d’origine Polonaise (d’après Wikipédia, source sûre (ahah)) et très proche de Reims (cf : tout son travail avec les Shoes groupe ô combien respectable soit dit en passant). J’étudie depuis plus de trois ans à Reims et suis actuellement en échange en Pologne. Enfin un artiste qui me comprend, qui sait me parler, me faire voyager. Oui, mais rapidement tout cela s’est dégradé.
De manière plutôt objective, même si cela ne veut rien dire compte tenu de la teneur de cet article, je ne trouve absolument pas sa musique mauvaise, même si elle me fait souvent sortir de mes gonds, je lui reconnais même un certain talent. Le problème s’est pourtant posé dès la déflagration « Iron » et son clip à la fois fantastique et modeste. Woodkid est un artiste entier et les images, sublimes, accompagnent un véritable tube, épique, grande bataille du début des années 2010. On crie au génie et bien entendu on oublie de se retourner. De regarder là, juste derrière, du côté de ce groupe bien trop sous-évalué qu’est These New Puritans et de leur morceau “War”. Ne crions pas au plagiat, c’est idiot car tout le monde s’inspire de ( ?)/ copie tout le monde et je ne trouve pas ça foncièrement scandaleux, mais apprécions simplement la façon dont le nouveau prodige Français a réussi à compromettre ce type de musique. Pour forcer le trait, je dirais que l’on pourrait presque effectuer un analogisme avec la reprise de Bon Iver – Skinny Love par Birdy. Ca fait mal, je sais, je m’en excuse, mais moi aussi je souffre.
Je m’insurge donc, il est possible de ne pas aimer Woodkid et même de ne pas admirer son travail. J’y vois la grandiloquence, le tape à l’œil faussement classe et discret, la modestie forcée là où certains y voient de la sensibilité, du génie et du bon goût. A force de trop réfléchir à ce qui pourrait être « classe et sincère » Woodkid nous délivre des morceaux aussi lourds qu’une mauvaise messe de Pâques. Au centre de la scène, entouré de cuivres et de percussionnistes, les bras levés au ciel comme pour invoquer une force supérieure, la voix grave et assurée, les tatouages en évidence, la barbe taillée au millimètre, il s’enferme dans un jeu de scène rappelant les mauvaises heures d’un Johnny Borel (leader perdu des feu Razorlight) sur la fin. Yohan Lemoine a choisi le côté sombre là où Mister Borel se voyait en Ange Saint-Gabriel mais au fond on y retrouve la même chose, une mégalomanie gênante pour qui prend le temps, quelques secondes, de se retourner.
Après tout, cela était prévisible, nous aurions dû le voir venir, là, au beau milieu de cet ignoble clip de Lana Del Rey. Boursouflées, gonflées, les images s’enchainent comme de vulgaires copies de Dali, Larry Clark ou encore Lynch. Pour le coup, laissons lui au moins cela, le clip est à l’image de la chanteuse, botoxé et poseur.
Mais cessons de nous plaindre, contentons nous d’enfin avoir « Une Voix » en France. Car oui, le timbre de Woodkid est beau, plutôt unique et c’est tout de même autre chose que Garou ou Patrick Fiori. Regrettons simplement l’absence d’émotion, de sincérité et surtout cette masturbation collective et effrénée pour ce qui n’est au final, qu’une pose. Peut être, très surement même, comme cet article.
Charly
Bien vrai tout ça! Woodkid c’est la seule révélation pop de l’année qui ferait passer Les feux de l’amours pour du cinéma d’auteur tellement c’est impersonnel. C’est comme essayer de gouter les légumes dans une cantine universitaire, ça manque tellement de gout et c’est tellement faux que tu préfères gouter de la merde bien grasse ça te laisse moins indifférent.
Merci pour ce commentaire, il m’a bien fait rire !
Nice article 🙂
Pour We Want War c’est vraiment flagrant !
Bonjour, je n’aime pas spécialement Woodkid.
Mais aies l’humilité de te taire. L’honnêté est un vice parfois.
Quand tu croises quelqu’un dans la rue qui est moche, tu vas lui dire ? tu fais une chronique en le citant nommément ?
fais pas ton Zemmour. arrêtes de te faire plaisir, rien n’avance.
Soit heureux pour lui, et tais-toi.
Merci
Donc si je résume, on n’a pas le droit de ne pas aimer et encore moins le droit de le dire ? On ne peut qu’encenser Woodkid au risque de se faire censurer par l’intelligentsia bobo ?
Pardonnes-moi si j’ai été virulent.
Je veux dire, bien sur, tu peux ne pas aimer. le dire publiquement n’as pas de force en soi.
C’est un vieux truc en musique d’opposer ses gouts. c’est infini, et vain.
Ce que je veux dire, c’est qu’il faut respecter son travail, peu d’artistes sont capables d’en abattre autant.
Cela, on doit l’encenser, sensibilités personnelles mises à part.
Et au fait “l’intelligentsia bobo” n’existe pas, c’est une théorie conspirationniste qui soulage les spécialistes du commentaire.
Bonjour Jean,
Tu faisais une analogie avec une personne moche dans la rue, à la différence de la personne moche qui marche et ne propose rien à personne Woodkid effectue un travail qu’il vend. Il a fait un album qui de fait est critiquable d’autant plus lorsque le décorum autour de sa personne efface sa musique qui malgré des qualité certaine n’est pas aussi novatrice qu’elle le prétend.
Au regard de tes postes précédents, sache que le travail dans l’industrie musicale ne repose pas que sur une personne. Si Woodkid abat beaucoup de travail, sache que l’équipe qui l’entoure a du en abattre beaucoup plus encore, afin d’enrober cet ouvrage pop de tout l’univers musical et pictural qui l’entoure, sans parler du travail de promo béton qui a suivi.
On ne dénigre aucunement le travail, cependant on a parfaitement le droit d’exprimer ce qui nous fache. Opposer des goûts c’est vieux comme le monde mais c’est ce qui fait qu’on a une opinion. La plupart des arguments de cette chronique sont teintés de cynisme mais malgré tout, ce n’est pas de la violence gratuite et ça reste une critique raisonné. Je pense que sur ce site on essaye avant tout de partager la musique que l’on aime et nos coup de cœurs, cependant lorsque certaines sorties, certains travaux nous déçoivent nous avons parfaitement le droit de l’exprimer.
Si on devait encenser chaque personne pour le travail qu’elle fournit au quotidien je pense que Woodkid ne mériterait pas une once d’applaudissement. Ton boulanger doit certainement abattre plus de boulot que Woodkid et pourtant je suis sur que tu ne l’encense pas. Woodkid, c’est juste une personne qui fait de la Pop, je ne pense pas que sa musique bouleverse le fonctionnement du monde actuel, si ce n’est le regard nouveau que je porte sur la peugeot 3008 Hybrid.
En ce qui concerne l’intelligentsia Bobo, assistes à un concert au Trianon ou une soirée à la Gaîté lyrique et on verra si tu nies encore l’existence de l’intelligentsia Bobo. Que ce soit à Paris ou dans n’importe qu’elle autre ville de province, on retrouve toujours un petit groupe d’irréductibles bobos persuadés d’être plus à même de qualifier le bon goût et la beauté que le reste de la plèbe. La vie n’est pas facile pour nous bloggers si nous voulons évité ces élans de panurgisme, de mimétisme et ou de masturbations collective que nous propose les maisons de disques et les médias autres médias qui nous entourent. On impose rien à personne, on exprime juste notre avis.
Sur ce, par respect pour les gens qui écrivent sur ce site, et plus particulièrement pour Charly s’il te plait aies l’humilité de changer de ton afin d’exprimer ton avis sur les commentaires.
Ps: il se peut qu’il y ait de nombreuses fautes d’orthographe dans ce commentaire.
ahhhhhhhhh merci, pour cet article qui remet un peu les pendules à l’heure….outré et décomposé à la fois écoeuré aussi que je suis à force de subir la bonne conduite du marché qui veut nous faire croire q’un type qui ressemble à Rael déguisé en rappeur west cost, qui fait des clips pour gameurs boutonneux et chante avec la voix du tonton-qui-gronde, forcée et tellement pas du bonhomme est un artiste de surcroît et en plus un musicien et en plus un génie ……..qu’on à pas vu ca depuis que “ma tante en avait et s’appelait mon oncle”….Bref j’en peu plus et je trouve enfin un oasis de compassion, une once de lucidité dans l’imbroglio médiatique autour du pet de lapin de woodkid……
oh oui je subis les moqueries des bobos (qui existent bien oui) franceinterien et autres inrockuptibiliste, qui forcément après commentaires te balancent le : “t’es jaloux hein” ou le “ba vas-y fait pareil” et bien non, on est pas jaloux nous autre qui n’aimons pas le prodige de la fast culture, nous ne pourrions pas non plus faire pareil, car si tant est que nous ayons du talent pour quelque chose, nous n’aimerions pas “faire semblant”, comme le dit justement souleiman….et c’est justement ce qui m’énerve le plus….que la culture d’aujourd’hui soit toujours aussi mise à mal par la politique du plus fort en gueule et du plus “pré-mâché”….car voyez vous si les médias s’en emparent, outre le fait que le plan de comm, la brosse à reluire et la machine à lécher les pompes ont été démultiplié comme jamais pour cette sortie d’album, c’est que justement le contenu de cette musique est vendable, déclinable et facilement appréhendé par le plus grand nombre, donc pré-mâché et que derrière cette sous-couche on vous rajoute le “c’est du génie” en vous promettant que si vous écoutez, vous appartiendrez au sérail, à l’élite de la performance culturelle. Le propre du con est de ne pas se voir comme tel, les médias l’ont bien compris.
Alors non les choses universelles ne sont pas forcément de mauvais goût mais elle demande une seule chose “de la sincérité ” et la pire des choses est non seulement que les médias se servent de cette sincérité pour vendre woodkid, mais que lui la revendique…….cela en fait un donc “un vendeur de pompe à chaleur” , ca musique égalant les couloirs de castorama, son look la fashion victime invertébrée, ses clips une mauvaise bande annonce pour un jeux vidéo chinois…..bref du toc et du toc…..et non je ne juge pas (par pitié!), je voudrais juste dire au combien le piège est grand tellement grand que personne ou presque ne le voit…
Donc c’est un positionnement de média (ce blog) contre d’autres médias (ceux qui encensent woodkid.)
c’est bien ce que je disais.
lui n’y est pour rien.
enfin, si….comme tout musicien il cherche à être diffusé le plus largement possible. et il utilise très scrupuleusement ceux qui s’interressent à lui. (à commencer par nous ahahah)
quand à l’argument de la sincérité, ça ne tiens pas debout. aucun artiste n’est sincère. Le culte de la spontanéité (je suis sincère, “sois-toi même” c’est un argument pour les télé-crochets)… Il y a eu quelques dictateurs qui étaient sincères, on a vu le résultat. En matière de création, la sincérité n’est pas un gage de qualité.
La qualité d’une création, c’est l’écho qu’elle suscite dans la complexité des émotions qu’elle génère. le reste, c’est gala, voici.
tu me demande de “respecter” Charly (expression dont il faudra d’ailleurs m’expliquer le sens profond)
je ne le connais pas, c’est sans doute quelqu’un de très bien. je n’ai parlé que de ce qu’il a écrit.
pardon Charly, je parlais du débat que Tu as suscité, pas de ton être profond.
Vous exprimez vos avis, et laisser par le biais de cette fenêtre, l’occasion d’y répondre. et bien je l’utilise. ç a s’appelle le débat.
Hello
Bravo pour ton article, perso, j’adore Woodkid, je trouve ses titres plein d’émotion ( I love you, Where I live) son album est une sorte de drogue pour moi. Cependant je reconnais qu’on peut ne pas aimer, et ton article est tout à fait respectueux pour autant. C’est rare de lire quelqu’un qui critique sans pour autant être odieux ou injuste.
je ne connais pas le titre que tu cites (war”) et je vais aller l’écouter
anne
Jean, tu nous dis que “« l’intelligentsia bobo » n’existe pas, c’est une théorie conspirationniste qui soulage les spécialistes du commentaire.”, pourtant tu qualifies d’emblée de “Zemmour” la première personne qui donne un avis construit et pour autant personnel sur un travail “artistique” d’un mec qui n’existe que parce que c’est le pote de Sianko, et donnes par la même occasion à la fois raison à ceux qui parlent “d’intelligentsia bobo” et à Eric Zemmour.
Fail total en somme.
j’ai pas compris ta démonstration là…
“fail total en somme” on dirait la marionnette de Cécile Duflot dans les guignols. hihihi
bon.. je vous laisse, et vous fait des bisous.
j’espère que vous êtes heureux.
Si tu penses que la sincérité n’a pas lieu en musique ou en art, c’est que peut être tu travailles pour My Major Company? En revanche, si tu creuses un peu et justement au delà de ce que l’on veut te faire avaler, tu vas te rendre compte qu’il existe beaucoup d’artistes et de musiciens sincères.
“Il y a eu quelques dictateurs qui étaient sincères, on a vu le résultat.” Putain j’avais pas remarqué que l’auteur de l’article était un dictateur potentiel, merci de l’avoir souligné. J’aime bien les personnes comme toi qui se la donne en commentaires, avec un style plus ou moins emprunté. T’as une de ces plume en plus woah, moi ce qui m’impressionne ce que tu fais parti de cette catégorie de personnes qui arrivent à faire croire à quelques golbuts que tu es plus intelligent qu’eux juste en tartinant des trucs du genre : “La qualité d’une création, c’est l’écho qu’elle suscite dans la complexité des émotions qu’elle génère”. Haaaan putain c’est profond je vais chialer je crois, j’oublierai pas de méditer là dessus mais aussi sur les conspirationnistes et nazis potentiels qui semblent hanter ce blog. je te respecte man gros bisous. Et si tu réponds fais le comme ça : reprend chaque truc inexacte, approximatif dans mon commentaire et démonte les un par un. Ou alors tu quotes toutes mes phrases et tu y répond point par point, ça s’appelle du pilpoul et t’as l’air de te démerder un peu. Oh mais pardon j’aurais du dire casuistique dialectique, désolé pas cool.
Aucun artiste sincère? Merde, ça fait de la peine tout ce cynisme. Prends un maalox.
Au hasard, dans la bibliothèque,sans trop d’effort.
Godspeed you Black Emperor?
Giant Squid?
Plaid?
Blixa Bargeld?
Anais Mitchell?
Ancestors?
Antony Hegarty ?
On pourrait continuer le name dropping encore longtemps, mais j’ai soif.
Sinon, pour recentrer sur le gosse en bois, ce que fait ce type, justement, est cynique. Et si la sincérité n’est certes pas gage de qualité, elle est au moins une balise relativement sûre pour renifler l’enfilade, ou non. Là, ça pue quand même le traquenard. D’ailleurs, plutôt que de sincérité (sa démarche est peut-être sincère, mais au vu des éléments à charge, j’en doute.), on devrait parler d’intégrité. Ce dont il semble parfaitement dénué.
Woodkid et sa musique pompeuse repompée ailleurs ne fait au fond rien d’autre qu’amasser une fortune sur le nom et le dos d’artistes, eux, plus inspirés que lui.
Il a bien raison, hein, à défaut de braquer des vieux ou vendre de la drogue à la sortie du lycée, lui préfère le bukkake, c’est plus noble. Le braqueur ne prétend,lui,à aucun moment apporter la sainte lumière de l’inspiration artistique à personne, ce qui le rend ipso facto plus honnête que notre Lemoine préféré. Sérieusement, ses interviews sont limite gerbantes de suffisance, de fausse modestie, de tirades théâtrales.
C’est donc une enfilade, une bonne machine huilée (utile, ça, pour l’enfilade.):
concert à la tour Eiffel, promo en 12M² dans pleins de stations de métro, couverture radio assurée par un contrat juteux lui même assuré sans aucune autre preuve de son “talent” qu’un palmarès douteux de clippeur putassier ET sans interêt aucun qu’un sens esthétique vu et revu, ainsi qu’un E.P qui sentait le vite fait, le blot opportuniste. Ca maîtrise des ficelles bien grosse, c’est du commercial planqué en indé, c’est une escort-girl.
Ta remarque sur le boulot est sans fondement, tu fous l’art et l’industrie sur le même pallier alors qu’ils sont vraiment pas bons voisins. Woodkid a travaillé? Sans rire. Zappa a pondu combien d’albums? Doit on respecter l’un et l’autre à la même échelle? Un peu de sérieux. Qu’il ait bossé et gagne des sous, soit, mais ne demande pas à l’amateur d’art de considérer cela de la même façon qu’il considérerait un Magritte et une nappe à carreau.
Woodkid bluffe le bobo parisien (sisi, il existe, j’ai des spécimens, et en fouillant, tu peux même tomber sur des nids.Indice, la rue Jean-Pierre Timbault à Paris en est un.) qui agrandit sa culture à la même auge que son voisin sans jamais fouisser un poil plus loin que les Inrocks. On lui a dit que c’était la “révélation”, le “renouveau de l’exception française” (alors que c’est gentiment calqué sur cinq ou six anglo-saxons) C’est là que le “conflit” entre blogs (à priori indépendants), et presse commerciale (je vais arrêter de taper sur les inrocks, m’enfin, ils tendent aussi la péperche), tient plus en fait d’un combat sacré. Le blog a aucune raison de prétendre. L’industriel doit flatter la raie dans le bon sens. Quel avis est donc le plus susceptible d’être raisonnablement honnête ? Lequel donnera un avis sans velléité pécuniaire, sans but de cooptation? (les goûts, les couleurs, les mouettes, tout ça.)
L’Art? Il s’en remettra, le dernier Anais Mitchell est un bijou. Un autre sens de l’épique et de l’intime que cette pauvre baudruche.
Bonjour,
D’abord je tiens à préciser pour probables futurs détracteurs que j’exècre totalement l’ “l’intelligentsia bobo”, le parisianisme à outrance et tout ce qui s’en suit. Aussi, je n’apprécie un artiste à ce point QUE lorsqu’il est sincère dans son art justement et je déteste les m’as-tu-vu imbus d’eux-mêmes. Et pourtant, il se trouve que j’adore Woodkid. Étrange n’est-ce pas ? .. Car si j’en crois ce que j’ai pu lire, ces faits seraient totalement incompatibles… ?
Woodkid j’ai découvert par un clip (Iron) sur Youtube, tout simplement. Je n’ai rien à foutre des “nouvelles révélations” de l’année et des nouveaux “must have révolutionnaires de leur genre”. En fait, j’ai été assez étonné de tomber sur des articles “encensant” Woodkid, je pensais bien être le seul à avoir été touché et à penser que ce mec était L’artiste maître de l’équilibre et de l’art du mélange AUDIO VISUEL réussi que j’attendais. J’ignorais que d’autres (autant de) gens attendaient apparemment aussi la même chose.. Je suis tellement difficile en musique que d’ordinaire les groupes que j’aime sont relativement peu connus par “la masse”. Woodkid, j’aimais bien, je trouvais ça “original pour une fois” (le thème du clip, l’imagerie, la musique très “film” etc) et sa musique m’a interpellé.
Puis je me suis lancé dans la traduction de ses chansons.. Et là j’ai été vraiment touché. Non pas forcément par les titres les plus “connus” d’ailleurs mais par des morceaux comme “where I live”, plus calmes et certainement moins “commercialisables”.
Puis je l’ai vu en live (Toulouse le 26 mars en plein air). Et là, WOW. Je pense que c’est quelque chose qu’on ne peut pas comprendre si on ne l’a pas vécu. Entendre les basses, les cuivres et violons résonner dans sa poitrine, chanter en chœur, sauter au rythme des tambours avec quelques centaines d’autres fans en transe au beau milieu de la fosse.. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été à un bon vrai concert brut de rock. Car oui, malgré l’absence du légendaire trio guitare-basse-batterie, c’était l’esprit à ce moment là. Ça et cet élan de cavalerie en route pour la guerre en plus. Mais encore une fois, ce sont là des émotions physiques, pour comprendre il faut l’avoir vécu soi-même, autrement ce ne sont que des mots ( des “tirades théâtrales”, God forgives me..) balancés pour impressionner..
Et c’est aussi ça le problème avec l’art. L’art fait appel aux émotions profondes. Et ces dernières peuvent répondre à l’appel, ou pas. Alors oui, on peut tout à fait passer à côté de Woodkid sans le remarquer, ne pas être touché par ses productions artistiques. Mais cela n’empêchera pas votre voisin, de se voir, lui, totalement bouleversé. C’est pour ça en réalité, que cela reste un débat sans fin et totalement stérile, mais qu’importe, je voulais faire part de mon ressenti.
De ce que j’ai pu voir, personnellement donc:
Avant de le voir en concert, je trouvais Woodkid assez distant, inaccessible et, (sûrement un peu aussi) imbu de sa personne. Et pourtant, c’est tout le contraire de ce mec là que j’ai pu voir débouler sur scène : un petit gars qui ne se prend pas la tête (on dirait un mec du staff qu’on a agrippé au passage et balancé sur scène, avec sa dégaine) tout en étant, en réalité, un putain de perfectionniste. Un mec qui se dévoile, qui communique vraiment avec son public, qui ne le prend pas de haut (and who certainly does NOT take it for granted !) et qui surtout respecte VRAIMENT ses musiciens (exceptionnels soit dit en passant) et sait les mettre en avant comme ils le méritent. Il a su s’effacer pour laisser la place aux musiciens, à la MUSIQUE, tout en n’oubliant pas de communiquer avec son public et de l’entraîner avec lui.
Ce que vous avez pris pour de l’arrogance en somme, moi je ne l’ai pas vu. Ce que j’ai compris en observant, en écoutant, en regardant le bonhomme, c’est que c’est un éternel insatisfait solitaire qui, je pense (ça n’engage que moi) a lutté avec ses propres idées, ses propres sentiments et qui a une image assez médiocre en réalité de lui-même, peu de confiance en lui. Et qui, par conséquent essaie sans cesse de le compenser. Alors quand il offre quelque chose de sincère pour lequel il a bossé, qui fonctionne et qu’on lui dit partout qu’il est “bon”, il se permet la folie de kiffer l’instant et d’être un peu “fier de son bébé”. Et pour ma part, je pense qu’il a de quoi être fier. Car même si ce n’est pas parfait (il y’ a des choses qui ne me plaise pas non plus perso), au moins ça sort de ses mains, du cœur et des tripes. Et ça, il faut toujours en être fier, parce qu’on peut se regarder dans la glace d’avoir au moins fait de son mieux et été HONNÊTE.
Et ce qu’il fait a sans doute (sûrement) été fait par d’autres avant lui, les images, les sonorités, le concept etc.. Mais tout ça mélangé ENSEMBLE ? De cette manière EXACTEMENT .. VRAIMENT?? Chaque artiste s’inspire FORCEMENT d’autres artistes avant lui, mais reste unique par définition. Il a profité (et profite) de son succès pour se faire des relations (et inversement) afin d’être plus connu, pour diffuser son message à un maximum de gens ? So what ? Quel artiste ne ferait pas de même s’il en avait l’occasion ? Si on sort des morceaux, des vidéos, ce n’est pas pour que des gens (le plus possible tant qu’à faire) les écoutent/regardent ? Soyons honnêtes deux minutes..
Oui il m’a énervé avec son look de skater de la west coast fashion victime pseudo original. Avec sa barbe de 30 jours pour se donner l’air de ne pas y toucher. Son public de hipsters déjà conquis en mal de sensations fortes (ou de sensation tout court?).. Et puis je me suis dit : après tout, on s’en tape. Ce qui compte c’est son œuvre et ce qui me touche dedans. Le reste, la forme, c’est pour tout ceux qui se foute totalement du fond. Et ils ont le droit : chacun ses goûts propres. Mais pour moi, son art, son honnêteté et sa part de mystère m’ont touché.
Ce mec balance ses sentiments en vrac à cœur ouvert sur l’écran et par le son, mais encore faut-il savoir (et vouloir) écouter.
“Sorry for the long post”,
Bonne continuation à tous.