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L’overdose est proche, ou est-ce seulement le début d’une épopée fantastique, de l’artiste d’une génération, de ce grand créateur français que l’on recherche tous les 3-4 ans pour rappeler que oui, depuis Daft Punk, nous, Français, avons cessé d’avoir honte de nos musiciens ?

Woodkid, de son vrai nom Yohann Lemoine, est partout. Cela fait plus d’un an me direz-vous, et vous aurez raison. Oui mais voilà, avec la sortie de son premier Album « Golden Age » la machine s’est relancée de plus belle. Comme inarrêtable, aussi pompeuse et grandiloquente que l’artiste lui même. Que ce soit sur France Inter, sur Elle, sur les Inrocks, imaginons le, prochainement sur La Nouvelle Star, sur ma putain de Timeline Facebook, sur Twitter, bientôt en une du JT de Pujadas, à la Télévision, peut être même sur la TNT, au 6ème mariage de mon oncle, en page-président de Brain-Magazine, sur Ouest-France ou encore en fond sonore du prochain D&Co de Valérie Damidot, WoodKid est omniprésent.

Le pire est  que cela ne semble emmerder personne (peut être Valérie Damidot qui aurait plutôt vu  un bon Christophe Maé pour accompagner sa tapisserie safran) mis à part moi. Woodkid est cet artiste qui gagnera très prochainement une, voire plusieurs Victoires de la Musique, qui sera toujours idolâtré par la frange de la population « tendance » car il a assez de clefs moyenâgeuses dessinées sur les bras  et une barbe beaucoup trop cool et qui plaira à votre Maman car « les images sont belles, y’a des chevaux et c’est de la musique avec une mélodie et de vrais instruments ». Un beau programme en somme. La question se pose donc, peut-on ne pas aimer Woodkid ?

Au départ, tout semblait idyllique, Woodkid  est d’origine Polonaise (d’après Wikipédia, source sûre (ahah)) et très proche de Reims (cf : tout son travail avec les Shoes groupe ô combien respectable soit dit en passant). J’étudie depuis plus de trois ans à Reims et suis actuellement en échange en Pologne. Enfin un artiste qui me comprend, qui sait me parler, me faire voyager. Oui, mais rapidement tout cela s’est dégradé.

De manière plutôt objective, même si cela ne veut rien dire compte tenu de la teneur de cet article, je ne trouve absolument pas sa musique mauvaise, même si elle me fait souvent sortir de mes gonds, je lui reconnais même un certain talent. Le problème s’est pourtant posé dès la déflagration « Iron » et son clip à la fois fantastique et modeste. Woodkid est un artiste entier et les images, sublimes, accompagnent un véritable tube, épique, grande bataille du début des années 2010. On crie au génie et bien entendu on oublie de se retourner. De regarder là, juste derrière, du côté de ce groupe bien trop sous-évalué qu’est These New Puritans et de leur morceau “War”. Ne crions pas au plagiat, c’est idiot car tout le monde s’inspire de ( ?)/ copie  tout le monde et je ne trouve pas ça foncièrement scandaleux, mais apprécions simplement la façon dont le nouveau prodige Français a réussi à compromettre ce type de musique. Pour forcer le trait, je dirais que l’on pourrait presque effectuer un analogisme avec la reprise de Bon Iver – Skinny Love par Birdy. Ca fait mal, je sais, je m’en excuse, mais moi aussi je souffre.

Je m’insurge donc, il est possible de ne pas aimer Woodkid et même de ne pas admirer son travail. J’y vois la grandiloquence, le tape à l’œil  faussement classe et discret, la modestie forcée là où certains y voient de la sensibilité, du génie et du bon goût. A force de trop réfléchir à ce qui pourrait être « classe et sincère » Woodkid nous délivre des morceaux aussi lourds  qu’une mauvaise messe de Pâques. Au centre de la scène, entouré de cuivres et de percussionnistes, les bras levés au ciel comme pour invoquer une force supérieure, la voix grave et assurée, les tatouages en évidence, la barbe taillée au millimètre,  il s’enferme dans un jeu de scène rappelant les mauvaises heures d’un Johnny Borel (leader perdu des feu Razorlight) sur la fin. Yohan Lemoine a choisi le côté sombre là où Mister Borel  se voyait en Ange Saint-Gabriel mais au fond on y retrouve la même chose, une mégalomanie gênante pour qui prend le temps, quelques secondes, de se retourner.

Après tout, cela était prévisible, nous aurions dû le voir venir, là, au beau milieu de cet ignoble clip de Lana Del Rey. Boursouflées, gonflées, les images s’enchainent comme de vulgaires copies de Dali, Larry Clark ou encore Lynch. Pour le coup, laissons lui au moins cela, le clip est à l’image de la chanteuse, botoxé et poseur.

Mais cessons de nous plaindre,  contentons nous d’enfin avoir « Une Voix » en France. Car oui, le timbre de Woodkid est beau, plutôt unique et c’est tout de même autre chose que Garou ou Patrick Fiori. Regrettons simplement l’absence d’émotion, de sincérité et surtout cette masturbation collective et effrénée pour ce qui n’est au final, qu’une pose. Peut être, très surement même, comme cet article.

Charly