Doux parfum aux notes et senteurs venues d’ailleurs, Kit Sebastian enivre l’auditeur et le propulse vers un univers solaire aux sonorités et mélodies venues d’Anatolie – une pointe de tropicalisme dans sa recette caractérisée par ses empreintes brésiliennes. D’Istanbul à Rio, tel semble être le voyage.
L’histoire commence il y a quelques années, un peu avant 2019 avec la rencontre entre Kit Martin, moitié du groupe Kit Sebastian et Graham Luckhurst, patron du label londonien Mr Bongo. Le jeune musicien, accompagné de ce son premier enregistrement, un peu “à l’ancienne” fait part de son envie de travailler avec l’écurie londonienne. Séduit par l’originalité du projet, le label spécialiste de reissues brésiliennes et compilations pointues, décide de signer le duo en 2019. Avec Mantra Moderne, un premier album marqué par un titre éponyme et l’incroyable « Pangea ».
Rétro-moderne et virtuose sur les bords, Kit Martin s’occupe de toute la partie instrumentale, accompagné d’un nombre impressionnant d’instruments traditionnels : des tablas indiens au cuíca brésilien, jusqu’au balalaïka, ou encore un luth traditionnel russe. Pour ce second opus, il élargit son champ des possibles avec pléthores d’instruments traditionnels – incluant cithares, clavecins, congas, bongos, des bulbul tarang et même une maquette de chœur au-dessus des synthétiseurs….
Et puis, de l’autre côté, il y a Merv Erdem et sa voix envoûtante, omniprésente sur chaque morceau, indispensable à l’esthétique de Kit Sebastian. Son interprétation retranscrit une poésie mélancolique souvent en turque, parfois en anglais, voire en français (ils sont franco-turcs). Le chant rappelle le côté traditionnel et apporte par là même une structure au projet. Définitivement pop, leur musique rencontre pourtant le rock, le funk, le jazz, et bien évidemment un mélange d’inspirations diverses, d’Istanbul à Rio.
Souhaitant mettre en avant une esthétique mélangeant inspirations turques et brésiliennes, le duo délivre un son pour le coup assez inédit, clairement rétro et en même temps accessible, dans la même lignée qu’Altin Gün et Khruangbin. Définitivement addictive.
Toujours chez Mr Bongo, ils reviennent de plus belle avec Melodi. Un album que l’on recommande évidemment, convaincu par la richesse et l’authenticité de ce mélange des genres et des cultures. Certes plus pop que le précédent, Melodi garde un grain certain et s’écoute sans pause du début jusqu’à la fin.
Ainsi, le voyage débute avec « Yalvarma », mélancolique et envoûtant – notes de piano, guitare douce s’alliant aux lamentations de Merv Erdem. Coup de cœur pour les morceaux phares de l’album, le très jazz-funk « Agitate », chanté en anglais cette fois-ci, ou bien « Inertia », au langoureux tempo rappelant le registre soundtrack des grands maîtres du cinéma. Un peu comme le premier titre, on se laisse volontiers aller à la beauté d’« Ahenk », jazz aux sonorités orientales qui oscille entre piano et guitare. L’écoute se termine avec « Please Don’t Take This Badly », un morceau si rétro que l’on aurait pu volontiers écouter dans les années 60’s. Et pourtant !