Dj Pierre est certainement l’un des plus importants symboles de la house musique, en particulier du sous-genre « acid ». Avec son groupe Phuture il mit au premier plan le mythique synthétiseur/séquenceur TB-303 de Roland, mais si nous nous intéressons plus scrupuleusement à lui, nous réalisons qu’il possède une des plus intéressantes carrière de dj et producteur. Voici nos quelques questions à cette légende de Chicago.

Tu as fondé un genre qui a plus ou moins été au départ d’un philosophie de vie durant le « Summer of love » au Royaume-Uni, quand tu as composé Acid Tracks avec Spanky. Aviez-vous la moindre idée de l’ampleur que cela allait prendre ?

En étant plus sage aujourd’hui, lorsque je regarde cette période avec le recul je sais de manière certaine que nous étions inspirés par une énergie venue d’ailleurs. Je pense que nous étions destinés à créer ce son. Nous n’avions pas le bagage la maitrise technique du 303, plutôt une sorte d’intuition qui nous faisait penser que nous savions ce que nous faisions. En tant que dj, j’aimais manipuler le son avec des EQ (équaliseurs, ndlr) et j’ai naturellement tourné les boutons du synthétiseur pour jouer sur les paramètres, ce qui a finalement abouti à ce qu’on appelle aujourd’hui l’acid. J’ai fait cela sur beaucoup de machines, mais avec le 303 c’était différent, quelque chose de spécial a émergé. Nous avions inventé l’acid. C’est ce que Phuture était appelé à faire.

Un grand nombre de personnes te considère comme le père de l’acid house. Etant fortement lié à cette image, était-ce facile pour toi de proposer quelque chose d’autre, de te renouveler ?

Le bon côté de Chicago à l’époque se trouvait dans le fait que tu étais obligé d’être toi-même… et d’être bon en étant toi-même. Il y avait tellement de talents que tu étais obligé d’exceller en exploitant tes talents innés. J’ai appris à expérimenter avec différents types de son en regardant faire Ron Hardy, le père ce tout cela. Lil Louis avait aussi un pied dedans. Quand je suis arrivé à New York avec l’étiquette de fondateur de l’acide house, j’ai continué à expérimenté avec la house, la tech house, etc. J’en suis venu à élaborer le style Wildpitch quand j’étais à NY. Ça a pris et inspiré le monde entier ; certains continuent d’en produire aujourd’hui et on me demande toujours encore d’en faire. C’est donc parfois difficile de répondre aux personnes qui ne veulent de moi que de l’acid, car je ne souhaite pas à être réduit à cela. Je me vois d’abord comme un artiste, en constante progression et évolution. C’est pourquoi j’ai percé avec le son afro acid et la philosophe qui va avec, en tant résultat d’un combo entre plusieurs genres, de l’afro (plus doux, house, mélodique, underground) à l’acid (plus dur, techno, électronique, commercial).

Comment expliques-tu le fait que l’acid house a eu un tel succès et a fait naitre un grand nombre de genres dérivés et réinterprétations ? Comment pourrais-tu définir de la manière la plus simple ce que c’est ?

Je pense que cela a eu une impact énorme parce que nous ne cherchions tout simplement pas à aller dans ce sens. C’était écrit. Nous étions les instruments qui ont permis à cette musique d’exister. Le public était prêt à l’accueillir, l’a adoptée et rejouée sous des formes variées : techno, electro, industrielle. Tu peux l’entendre partout maintenant. Je dirais donc que l’acide house était une sorte de catalyseur, une clé qui a ouvert la porte à quelque chose qui n’attendait que d’émerger. A l’écoute tu ressentais une explosion d’émotions, d’idées, etc.

Qu’est-ce que le TB-303 représente pour toi ? Est-ce que tu possèdes toujours l’original ?

Phuture sera toujours associé au 303 et vice versa. Quand la firme (Roland, ndlr) a découvert ce qu’il se passait, elle m’a envoyé pas mal de matériel. Elle font donc aussi partie de l’Histoire. Je n’ai plus l’original. Nous l’avions laissé à un magasin de réparations… car nous n’avions aucune idée de l’importance qu’il finit par avoir 20 ans plus tard. Un chanceux doit l’avoir chez lui aujourd’hui.

Quand vous avez commencé, une occasion valait 50 dollars, contre 1300 aujourd’hui. Était-ce plus facile ou plus difficile de faire de la musique avec des machines à l’époque de vos débuts ?

C’était incontestablement plus dur à l’époque. Pour des raisons objectives, la technologie a rendu les choses plus aisées. Aujourd’hui tu produis avec un software où tu appuies et tournes simplement les boutons grâce à ta souris. Pour moi cette façon de faire ne crée pas le même feeling, celui qui vient du plus profond de toi-même, quand tu crées avec du matériel analogique. C’est pourquoi il y a de la demande pour ces machines, et un prix élevé depuis lors. Les gens veulent retrouver la pureté de ce son. Sa chaleur naturelle.

Dans ton processus productif, tu ne travailles qu’avec du hardware ou aussi avec un software, malgré tout ?

J’utilise les deux, mais principalement du software. Les choses changent tellement vite aujourd’hui, je dois rester à la page. Et c’est plus facile pour moi. Mais j’y mets toujours la même énergie.

Travailles-tu encore de la même manière qu’à l’époque en studio ? Quelle pièces possèdes-tu toujours ?

En toute honnêteté je viens juste de me débarrasser de ma table de mixage, j’avais besoin d’espace. Ce que tu vas trouver dans mon studio est le bass bot Cyclone analogic TT 303, Maschine de Native Instruments, et les soft Reason, Ableton, Cubase, Logic et Pro Tools. J’utilise principalement Reason.

Tu as commencé ta carrière au sein de Phuture avec Earl Smith Jr aka Spanky et Herb J. Est-ce qu’ils sont toujours actifs dans la house aujourd’hui ? Au Rex sous quel alias vas-tu jouer ? Comment ? Avec eux ?

En fait j’ai commencé en tant que de Dj Pierre ou Scratching Pierre. J’étais d’abord Dj avant de produire. Spanky est venu me voir en me disant que nous devrions commencer à produire notre propre musique. C’était le début de Phuture. Il est parti en tournée sous le nom de Phuture 303 quand j’ai quitté le groupe. Roy Davis Jr m’a remplacé un moment. Il a aujourd’hui une carrière solo également. Herb J est le seul qui a arrêté la musique. Il est toujours à Chicago et nous nous voyons encore de temps en temps. Le nouveau Phuture est composé de Spanky, Rio, un musicien très talentueux qui joue toutes sortes d’instruments, et moi-même.

Avais-tu un quelconque background musical avant de tenter quelque chose avec Spanky en touchant aux machines ? Etait-ce une nouvelle expérience de tourner des potards pour faire de la musique ?

Oui, ma famille est très mélomane. Mon oncle Nat a joué avec Duke Ellington. Tous mes frères et soeurs ont joué différents instruments. J’ai joué des tambours (« drums ») dans une fanfare. Donc j’ai toujours eu un pied dans la musique, tu vois ? Quand j’ai commencé à être dj je sélectionnais la musique d’un manière particulière, différente de la norme. J’ai toujours eu une « troisième oreille » pour la musique. J’ai donc démarré ma carrière en faisant quelque chose de naturel pour moi. Tout comme le pattern de Acid Tracks, la manière dont nous avons combiné les cuivres dans « The Horn Song » avec Barbara Tucker fut naturelle pour moi.

Quel rôle a joué Ron Hardy dans ta carrière ?

Un rôle énorme. Avant que nous lui proposions de jouer Acid Tracks j’allais à la Music Box et je l’écoutais jouer. Quand nous avions fini Acid Tracks nous lui avons donné et il l’a jouée en boucle jusqu’à que le club entier fusionne avec. Il a fait percer ce morceau. Nous lui devons beaucoup.

Qu’est-ce que Marshall Jefferson représente pour toi ?

Marshall était dans la boucle d’Acid Tracks. Il nous a pris sous son aile en nous donnant des conseils, des suggestions, parmi lesquels ralentir le tempo de 128 à 120 bpm (battements par minute, ndlr) ; 128 bpm était très rapide à l’époque. Un autre, qui fut probablement le plus important, était de mettre un effet sur la voix de « Your Only Friend », voix qui est devenu une signature du son de Phuture. C’est un génie à sa manière.

Qui furent les autres personnes-clés dans ta carrière d’artiste ?

Lil Louis m’a donné mon premier gros coup de main en tant que Dj. Un Dj de banlieue sur une grosse scène de la ville de Chicago, c’était une affaire. J’avais l’habitude de faire ses premières partie au Bismarck, l’événement le plus important de la ville alors. Ce qui m’a permis de m’établir en tant que Dj à Chicago.

Tu as produit plusieurs des plus gros hits de house de Chicago ; as-tu pu obtenir un quelconque retour financier de cela ?

Je n’ai pas gagné ce que j’aurais dû d’Acird Tracks / Trax Records sachant que ce morceau à lui seul a généré plus d’un million de dollars. Le label n’était pas très honnête quand il s’agissait d’argent. Mais je ne m’en soucie plus dans la mesure où j’ai gagné des revenus conséquents à travers les années grâce à ma carrière et mes sorties sur Strictly Rhythm. Je regarde, avec le recul, ce que j’ai et je suis toujours capable de réjouir ma famille et mon entourage en faisant ce que j’aime dans la vie. Donc au final… nous avons gagné.

Aujourd’hui tu es l’un de ceux qui ont vendu le plus de disques dans l’histoire de la house musique. Comment vois-tu la restructuration actuelle du marché ?

La vérité, sans être arrogant… c’est que j’ai toujours eu un coup d’avance. Si tu écoutes mes premiers travaux, je faisais ce que les autres ont commencé à faire 5-10 ans plus tard. J’évolue à mon propre rythme et fais ce qui me paraît naturel de faire à l’instant T. Aujourd’hui je sors de la musique sur Dim Mal, le label de Steve Aoki, ou sur celui de Boys Noize. Je viens juste d’envoyer une track à Laidback Luke pour son label, sur laquelle nous allons travailler ensemble. Je me laisse porter par les évènements et atterris là où je suis guidé. Qui pourrait pourrait penser qu’un artiste taggué « house » fait aussi bien de l’électro, une sorte de musique progressive ? C’est en partie ce qui me définit en tant qu’artiste. Je ne suis pas un suiveur. Mon inspiration vient d’abord de l’intérieur, ensuite j’observe ailleurs et considère ce qui me plaît. Puis je combine les deux.

Est-il facile de proposer quelque chose de nouveau à un public qui t’associe à tant de classiques ?

C’est toujours excitant de faire face à un public qui n’a aucune idée de qui je suis. Je remercie toujours mes fans pour leur loyauté en jouant ce qu’ils sont venus écouter, mais je joue aussi toujours de nouvelles choses. Si je ne le fais pas je ne partage pas 100% de moi-même avec eux. Cela fonctionne plutôt bien, en réalité. Certains promoteurs sont agréablement surpris qu’une soirée « old school » finisse en un truc new school, où les kids sont à fond ! Je finis en jouant des sons que j’aime jouer qui sont plus frais, récents. J’aime aussi insérer un classique au milieu de tout ça, et ils réagissent bien. Mettre un classique comme Free Man ou Funkanova dans un set electro/acid/techno est une chose dont je suis friand.

Tu as un grand nombre d’alias, pourrais-tu nous parler des plus importants pour toi ? Pourquoi les avoir créés ?

Quand j’étais signé sur Strictly Rhythm j’étais durant une période leur producteur principal. Je sortais tellement de disques que je ne pouvais inonder le marché avec autant d’enregistrements signés Dj Pierre, donc j’ai commencé à en sortir aussi sous d’autres noms. The DON est celui que je préfère. Je pense maintenant que lorsque les gens écoutent Dj Pierre ils veulent entendre des « Dj Pierre classics » des années 1990 et 2000 avec quelques nouveautés ici ou là. Parce que je joue du Afrojack, Harvard Bass, Bart B More, Green Velvet, Felix et d’autres trucs plus electro, une musique plus pointue nécessite d’être jouée sous un autre nom. AC!D FACE (avec le point d’exclamation) est mon nouvel alias de Dj et producteur. Je vais faire mes début sous ce nom à Coachella en avril prochain. AC!D FACE est signé sur Dim Mak.

Quand as-tu décidé de quitter Chicago ?

J’ai bougé parce que je savais que j’avais atteint mon sommet là-bas. Je suis en permanence en train de travailler à être meilleur à ce que je fais. Après les succès d’Acid Tracks, Phantasy Girl, Mystery Girl, etc. je n’avais plus rien à faire à Chicago. Si on ajoute le fait que tous les labels nous escroquaient, j’avais besoin de m’éloigner d’eux. Au moment où j’ai été signé sur Jive Records comme producteur et compositeur je ne cessais de faire des aller-retours avec New York pour travailler sur des remixes et je sentais que c’était « The place to be » donc j’ai fait mes affaires et m’y suis installé. C’est alors que j’ai été sur Strictly, où l’Histoire s’est écrite.

Pourrais-tu nous expliquer pourquoi à ce moment la scène tournait au ralenti ?

Je ne dirais pas qu’elle ralentissait parce qu’à Chicago il y avait toujours beaucoup de créativité. Des éléments hors de notre contrôle furent des causes plus profondes. Le maire a fait passé une loi qui restreignait les horaires d’ouverture des salles et les radio ont commencé à ne plus programmer de house. Les deux plus gros labels de la ville (Trax Records & Dj International) ne payaient aucun droit d’auteur. Les gens qui n’ont pensé qu’à leur propre profit ont littéralement tiré une balle dans le pied de la scène à laquelle il appartenaient. New York offrait des opportunités absentes à Chicago. C’était la grosse ville (« big city »). Il y avait des artistes là-bas, qui travaillaient ensemble en unité. J’ai aimé cela.

Est-ce que tu penses qu’aujourd’hui la situation a évolué ?

L’EDM frappe à la porte aujourd’hui. Chicago est toujours dans un contre-temps, d’une certaine manière. Quand j’y retourne c’est toujours un plaisir d’être vu comme le Dj Pierre de l’époque. Phantasy Girl est toujours jouée à la radio et je suis très reconnaissant pour cela. Mais parfois je voudrais que la scène underground grandisse davantage pour être à nouveau aux premières loges. Ils sont en train de perdre leur identité en s’engouffrant dans l’EDM game. Nous étions au devant. Mis à part Cajual Records il n’y toujours pas de label fiable là-bas. Il y a toujours un manque de confiance entre artistes et labels. Et les infrastructures pour promouvoir les nouveaux et talentueux artistes de Chicago sont inexistantes.

Quand tu as travaillé pour Strictly Rhythm, étais-ce facile de passer du statut de Dj/producteur superstar à A&R (intermédiaire entre une division d’un label et les artistes invités à y signer) d’un label house mythique ? Comment cela s’est-il fini ?

C’était facile car je ne me voyais pas moi-même comme un super Dj, mais comme un artiste d’abord. Alors quand leurs portes se sont ouvertes j’ai apprécié le fait d’être à l’autre bout de la chaine. J’ai beaucoup appris d’un point de vue business. A nouveau je crois que cela faisait partie de mon destin. Et comme toute chose est appelée à grandir, j’ai démarré mon propre label… mon premier label DJP Records.

Maintenant que tout le monde possède son propre label, toi y compris – Afro Acid. Penses-tu que le rôle d’un label manager a changé avec le temps ? Tu avais déjà DJP Records, pourquoi en avoir créé un nouveau ?

Oui Afro Acid est le dernier en date mais notre nouvelle création est son label-soeur Afro Acid Trax, dédié au son plus underground. Grand Pubah, de Détroit, y est notre première signature et sort aujourd’hui, en fait. Je pense qu’il y a une evolution naturelle pour un Dj d’avoir sa propre plateforme. En ce qui me concerne, cela a commencé comme moyen d’expression. J’avais besoin d’une place où je pouvais sortir ce que je voulais sans rien espérer de particulier. DJP était lié à Strictly Rhtyhm et Essence Records. Ils étaient les distributeurs. Je souhaitais avoir quelque chose qui m’appartenait à 100%, dont j’étais le seul maitre à bord. D’où l’idée d’Afro Acid.

Comment considères-tu le rôle d’un Dj aujourd’hui ? Est-ce que cela a également changé depuis que tu as débuté ?

Le rôle d’un Dj est de raconter une histoire, « éduquer » et faire voyager le public. Etant un peu plus sage aujourd’hui, je considère que mon rôle est de simplement faire cela et d’élever la spiritualité des personnes. C’est le mien aujourd’hui. Quand tu quittes un set de Dj Pierre je veux que tu sentes touché, transformé spirituellement. Cela a évolué d’un point de vue esthétique et technique, bien sûr, mais la technologie et une mise en scène trop élaborée peuvent bloquer, entraver les qualités talents et qualités d’un bon Dj. Donc nous avons progressé d’un côté, mais régressé d’un autre, en quelques sortes.

De quel œil as-tu vu la starification des Dj ?

Je dis toujours que si quelqu’un a gagné sa place, grand bien lui fasse. Ce n’est pas mon travail de juger. Mais je trace une ligne rouge quand de grosses firmes qui ne connaissent rien à la musique tentent de décréter qui est une star et qui ne l’est pas. Je n’aime pas du tout les images marketées de Djs. Je ne blâme pas les Dj grand public pour ce qu’ils sont, au contraire. Mais je n’aime pas l’idée que, du jour au lendemain, une image soit créée de toutes pièces pour quelqu’un, et qu’on lui dise de l’adopter. Il n’a pas travaillé pour aiguiser ses talents. Il n’y a pas eu de lutte. Ce n’est pas cela le mainstream. Nous sommes tous des Djs en fin de compte. Il y a un mérite à travailler, étudier l’Histoire de ceux qui étaient là avant, et gagner sa place avant de se proclamer Dj superstar.

En tant qu’artiste présent depuis l’origine de la musique house, où ce genre représentait a priori une philosophie alternative, elle est aujourd’hui un des plus grosses tendances musicales dans le monde. Ne trouves-tu pas qu’elle est devenue un peu trop consensuelle ?

Je suis vraiment content d’avoir été là dès le début car cela me permet d’avoir une vision à 360°. C’est pourquoi je suis toujours capable de penser « hors les lignes » (out of the box). Malheureusement, beaucoup de nouveaux venus ne l’ont pas été et sont restés les proies de la tendance du moment. C’est pour cela que les gens m’aiment. Nous devons raconter l’Histoire encore et encore. Richie Hawtin m’a adressé un tweet pour me remercier de l’avoir introduit à la house music lorsqu’il avait 18 ans. Michael Mayer a dit que je lui avais sauvé deux fois la vie. Carl Cox affirme qu’Acid Tracks a changé la sienne.

Tout cela est formidable et j’en suis reconnaissant. Mais je pense que nous avons besoin de faire un effort plus consistant auprès des Djs ayant une audience plus large et compter sur eux pour raconter l’histoire non seulement de mon influence mais aussi celle de tous les membres fondateurs de cette musique. Nous devons éduquer les foules car il y a des nouveaux ravers chaque année.

Tu as des projets avec Dim Mad le label de Steve Aoki et Sean Paul qui sont tous les deux des gros artistes mais très commerciaux. Qu’est-ce qui t’as poussé à travailler avec eux ?

Encore une fois, cela fait partie de mon processus d’évolution artistique. C’est le côté AC!D FACE de Dj Pierre. J’ai sorti deux tracks sur Dim Mak. La dernière est Selekta avec Rory une superstar du sound system Stone Love. Le projet avec Sean ne s’est pas encore matérialisé aujourd’hui. Aoki connait ses classiques et m’a présenté comme une légende dans une interview récente qu’il a faite avec moi pour son blog lorsque nous étions à Miami. Il est très excité par ce que nous avons fait à Chicago. Cela est toujours inspirant pour moi, de voir qu’un des plus grands artistes EDM s’extasie quand je suis dans la même pièce que lui. Je suis agréablement surpris qu’il me laisse rester qui je suis. Il voulait DJ Pierre et n’a pas essayé de me cantonner à être l’un de ses autres artistes. C’est une relation de travail agréable.

Avais-tu imaginé aux débuts de la house que cela pouvait prendre une ampleur mondiale ?

Je n’en avais aucune idée. C’est comme si j’avais eu une enfant qui a grandi.

Comment vois-tu la suite ?

Si nous trouvons un moyen de faire fusionner les anciens et les modernes, je pense que ce sera ok. Sinon je pense que nous perdrons l’âme de la house, et celle-ci telle que nous la connaissons restera un vestige du passé.

Un grand merci à Molly et Dj Pierre de nous avoir accordé un temps pour réaliser cette interview.