PLAYLIST068 – HARTZINE

Quand tu commences à te lancer dans un projet, que ça se développe et qu’un jour on te pose la question, “Qu’est-ce que qui t’a motivé à faire ça ?”, il y a toujours plusieurs réponses possibles, plusieurs catégories, on va dire. Et dans la catégorie “modèle”, “personne” ou “blog” qui m’ont donné envie de m’investir dans l’aventure Phonographe Corp, il y a dans mon top trois l’excellent Hartzine, une de mes plus grandes “sources d’informations musicales” depuis maintenant plus de trois ans. 

Hartzine évolue dans la blogosphère depuis 2008 et n’a, depuis maintenant plus de cinq ans, cessé de mettre en avant les tendances de demain, de décrypter les nouveaux phénomènes musicaux et d’accorder une place à des artistes de qualité et méconnus du grand public, parfois trop vite mis à l’écart par les médias. Hartzine c’es un vrai esprit DIY pour arriver à une sélection de ce que leurs rédacteurs considèrent comme être le meilleur.

Comme ils le disent eux-mêmes, “Hartzine c’est avant tout un parti-pris pour une certaine idée de la chose musicale“. Un parti-pris qu’ils défendent et qu’on retrouve avec cette playlist d’une dizaine de morceaux qu’ils ont accepté de réaliser pour nous. Une sélection fine et pointue qui saura séduire tout amateur de musique électronique et indie. Bonne écoute, longue vie et merci à Hartzine, qui fête cette année ses cinq ans d’existence !

 

 

IN AETERNAM VALE – HIGHWAY DARK VEINS (Minimal Wave)

Laurent Prot, démiurge d’In Aeternam Vale, que l’on a fait venir à l’occasion d’une de nos soirées en mars dernier en première partie de Frank Alpine, est à la fois une rencontre et un symbole : un type franc du collier, drôle et passionné, balançant un set d’une heure et demie – qui aurait pu durer le triple vu l’ambiance (dé)générée -, et un précurseur de cette techno noire et industrielle, remise au goût du jour notamment par le travail de réédition de Veronica Vasicka et son label Minimal Wave.

POLAR INERTIA – ANTIMATTER (Dement3d)

À mi-chemin entre le son des labels Blackest Ever Black et Sandwell District, une petite tripotée de nouvelles têtes n’ont de cesse d’émerger et d’amplifier les résonances de ces hybridations techno-drone. Parmi celles-ci, le label In Paradisum, chapeauté par Mondkopf et Guillaume Heuguet, mais aussi et surtout la jeune structure parisienne Dement3d qui, en une demi-douzaine de maxis, a jeté les bases d’un son à la fois référencé et radical avec Dscrd, François X, Heartbeat, Voiski et Polar Inertia. Le morceau de ces derniers est extrait d’une compilation dénommée The Black Ideal d’Unknown Precept avec justement au programme une collaboration des Toulousains de Saåad avec Mondkopf, en plus de morceaux d’Ancient Methods, Violetshaped… Hartzine organise au Petit Bain le 27 septembre prochain la première label night Dement3d – on a hâte.

THE KVB – DAYZED REGIS VERSION (Cititrax) 

Si Klaus Von Barrel est presque résident de nos pages – de ses premiers maxis autoproduits à ceux sortis via Clan Destine Records en passant par son ultime et chiadé Immaterial Visions paru sur Cititrax, division de Minimal Wave, et ce en plus de deux concerts au Garage MU et à l’Espace B – inutile de dire qu’on a pris une bonne claque à l’heure de livrer en avant-première le mois dernier le résultat des remixes d’Immaterial Visions. La relecture par Regis de Dayzed sublime l’original.

SILENT SERVANT – UTOPIAN DISASTER EXTENDED MIX (Hospital Production)

Émanation de Sandwell District avec entre autres Regis, Juan Mendez aka Silent Servant a réédité l’année passée via Hospital Production son LP Negative Fascination, l’un des LP les plus aboutis de d’ambient-techno, à la fois sombre et jubilatoire. L’extended mix d’Utopian Disaster en constitue un Everest inégalé. Le garçon fait d’ailleurs bien de ne pas trop s’étendre sur le projet de Camella Lobo, Tropic of Cancer, qu’il contribua à initier. Elle se débrouille très bien toute seule.

IKE YARD – CHERISH 8 ARNAUD REBOTINI REMIX (Desire)

Ike Yard est l’un de ces groupes new-yorkais indémodables, malgré la relative confidentialité de ses éparses productions depuis le début des années quatre-vingt. C’est donc avec un bonheur certain que l’on a accueilli les rééditions de ces deux albums – aussi mythiques qu’essentiels – instigués amoureusement par Jérôme Mestre et son label Desire Records. En prime un maxi de remixes dont cette monstrueuse claque assénée par Arnaud Rebotini. Pour la petite histoire, ce dernier travaillait avec Jérôme Mestre et Ivan Smagghe au shop parisien de Rough Trade. La belle époque.

GEORGE ISSAKIDIS – KAREZZA (Kill The DJ)

Lors d’une récente interview de George Issakidis parue sur Hartzine, Thomas, son instigateur, posait la question : Issakidis : Jodorowsky de la house ? (lire). Et c’est exactement ça, puisque depuis je n’ai de cesse d’associer la musique du Gréco-Canadien installé en France et moitié de The Micronauts avec Christophe Monier au début de ce siècle – dont la vidéo de The Jag fut dirigée par Gregg Araki (The Doom Generation, Mysterious Skin) -, aux fastes psychédéliques de The Holy Mountain. À la fois visuelle et sensible, Karezza – et sa mise en images signée Issakidis himself – en témoigne sur toute sa longueur.

IDIOT IDOLS – BUTTERFLY (Parquet Recording)

Duo deep house emmené par Igino Ottocento et Saverio Vetica, Idiot Idols reste encore relativement confidentiel malgré une constante pour les productions oniriques et racées depuis 2009. Ceux que l’on accueillera dans peu de temps à Paris – et qui nous feront grâce imminemment d’une mixtape – impulsent avec Butterfly une douce caresse vespérale souvent repiquée par James Holden dans ses mixes.

FAIRMONT – POBLE SEC (Beachcoma)

Jake Fairley, qui s’est récemment produit à l’occasion de notre cinquième bougie soufflée au Point Éphémère, est sans doute l’artiste électro le plus pop et vice-versa. Partagé entre son projet Bishop Morocco – empruntant tout autant à Roy Orbison, Angelo Badalamenti et The Smiths – et sa carrière de producteur électro avec Fairmont, naviguant entre la Border Community et My Favorite Robot Records, et dont le récent Automaton procède de la synthèse des deux, le Canadien livre avec Poble Sec sur la structure berlinoise Beachcoma une lumineuse et mélodique virée nu disco. À l’ancienne.

MAX FARLANE – TRIGGER PULSE (Cinematique)

Très jeune mais très talentueux, le Berlinois Max Farlane, ami de Marc Poppcke, et que l’on ne tardera pas à voir aussi à Paris sous notre férule, cultive un savoir-faire hors du commun pour aimanter l’attention entre house onirique et techno dilettante. Remarqué par le morceau Red Jeans, et vraiment doué à l’heure d’infuser ses mixes – dont le récent A Normal Day, l’Allemand au blase de producteur star vient de sortir via le label teuton Cinematique son premier EP. Trigger Pulse est une remarquable balade ascensionnelle.

JAMES HOLDEN – RENATA STEVE MOORE REMIX (Border Community) 

Si l’ultime et attendu The Inheritors de James Holden, tout juste révélé par l’entremise de la Border Community, est encore loin d’être digéré – entre philtre techno euphorisant et aspirations psyché-kraut, entre expérimentation bruitiste, électronica et musique répétitive – ce remix de Renata, second single dudit album après Gone Feral, par Steve More est une délicieuse invitation à l’introspection. Sa langueur contemplative, à la croisée de l’ambiant et de la Kosmische Musik, en fait une BO idoine pour quelques insomnies estivales.

MOGWAI – LA MORT BLANCHE ROBERT HAMPSON REMIX (Rock Action)

Immense formation rock devant l’éternel, Mogwai a toujours aimé se confronter à la relecture de ses morceaux par ses pairs. Après Kicking a Dead Pig en 1998, le second album de remixes du groupe, A Wrenched Virile Lore ne dénote pas dans la discographie parfaite des Écossais. Mieux, La Mort Blanche de Robert Hampson, version agrégée, aérée et fantasmée de deux de leurs morceaux – White Noise et Death Rays -, tient du véritable chef-d’œuvre, dans les limbes de l’apesanteur.

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Le 8 Août prochain, Hartzine organise un concert gratuit sur la plage de Galzart pour fêter ses cinq ans. On y retrouvera des lives de Dead, Saines et  Blackmore. Pour plus d’informations: Event Facebook.

Teaser Hartzine Birthday Party pt.III from Hartzine on Vimeo.