Nous accueillons cette semaine dans notre série de podcasts le producteur japonais Naco. Il est à la tête du label 85acid, petit label de Kyoto à l’identité marquée et aux productions audacieuses. A la frange de la musique expérimentale, même si on trouvera de quoi renverser un dancefloor, le style de Naco, et avec lui de 85acid, est caractérisé par d’une part des sons souvent très brefs et bruts, nets, voire soudains, à la frange entre la note et la percussion ; du son analogique (surtout pour les drums, Amazon, Unreel) aux sonorités acid (Befh) et à l’utilisation de voix (All he mistakes), c’est toujours l’attaque qui est mise en avant – et on notera inversement l’absence fréquente de nappes. D’autre part, on trouvera souvent une construction rythmique ambitieuse et déstabilisante, qui passe en particulier par des motifs de caisse claire magistraux (Dolo, et par dessus tout l’excellent Querika, qu’on ne saurait trop recommander). Ces structures rythmiques sont précisément permises par les choix sonores, qui permettent de souligner le jeu complexe d’éléments simples en petit nombre.

Le temps d’un podcast, Naco nous emmène donc dans un univers de sons bruts. L’entame du mix, percussive et analogique, annonce la couleur : entre mélodies sèches et rythmes varies, il nous livre une déclinaison de timbres brefs et piqués, même quand il s’agit d’acid (14e minute). Tout y est déconstruit, les mélodies sont un peu folles ; tout, sauf les kicks, qui s’installent discrètement pour devenir de plus présents au fil du podcast. Au fur et à mesure, le spectre musical s’emplit, pour mettre en place une techno régulière, minimaliste, qui finit par frapper fort (à partir de la 25e minute), dans un style épuré et efficace. On reconnaîtra Querika à la 36e minute, qui débouche sur un solo de batterie endiablé ; quelle respiration alors à l’arrivée de la nappe de synthés (42e), qui introduit à son tour une fin totalement folle.