Juan Atkins & Moritz Von Oswald present Borderland - Transport

Tresor signe cette année le retour du duo transatlantique formé par le « Godfather of Techno », Juan Atkins, et le berlinois Moritz von Oswald ; le label étant d’ailleurs le lieu où les deux artistes ont pour la première fois travaillé ensemble (le LP 3MB feat. Juan Atkins en 1992 avec Thomas Fehlmann), créant ainsi le pont entre deux villes définitivement marquées par le son et la culture techno. Il faut ensuite attendre deux décennies pour voir le duo remettre le couvert avec l’album Borderland (2013), distillant une dub-techno aux mystérieux accents jazzy, puis Transport dont la sortie est annoncée le 29 avril.

Le projet Borderland tient son nom de l’Uckermark (ou « Marche de l’Ucker »), une vaste région située au nord-est de Berlin, paradoxalement la moins peuplée et la plus rurale d’Allemagne. Ce bagage contextuel en poche, il est plus aisé de comprendre le caractère photographique – si l’on peut parler ainsi – de ce nouvel opus. Moins long et progressif que son prédécesseur, Transport est un de ces disques laissant la part belle aux locked grooves et aux textures qui oscillent entre une froideur maîtrisée, nuancée (« Transport », « Lightyears » et « 2600 ») et une chaleur aux rondeurs réconfortantes, présente dans les très groovy « Merkur » et « Zeolites » mais surtout dans l’énorme « Riod », locomotive de l’album, dévoilé il y a peu de temps et accompagné d’une version alternative.

Rythmiquement, Transport reste majoritairement un disque de dub techno : les mesures sont droites, les kicks marquent les temps, ceci servant à amener l’auditeur à l’essentiel que constituent les mélodies et les textures, résolument modernes, en phase avec notre époque. Quelques écarts rythmiques sont décelables dans les très electro « Odyssey » et « Merkur », plus proches du travail de Juan Atkins. Bien entendu, les morceaux de ce LP sont pour la plupart destinés à faire onduler les corps en masse, mais il reste néanmoins appréciable de pouvoir profiter de l’écoute d’un tel album lors d’un trajet en train ou d’une quelconque escapade pédestre, tant les paysages sonores véhiculés par celui-ci sont agréables à l’oreille.

Ainsi, Juan Atkins & Moritz von Oswald, loin de pondre l’album de 2016, sortent ici un des albums de dub techno les plus intéressants des dernières années, nous offrant par la même occasion la parfaite transition entre le départ du froid et le retour du soleil. Dans les bacs dès le 29 avril 2016.