Quatre titres effrayants de maîtrise : sur Half Horn, SNKLS nous hypnotise et crée une matière sonore inconnue, quelque part entre IDM et footwork. 

Il y a de quoi bousculer notre centre de gravité. La dernière livraison de Polaar, label-maître étalon en France (et au-delà) dans l’univers aux mille ramifications qu’est la Bass Music s’emploie une nouvelle fois à nous désarçonner. Après le sémillant Pantome d’Esther, magma industriel et techno, le label de Flore se tourne vers le footwork et l’IDM avec SNKLS. Producteur prolifique et proche de Club Late Music, il nous livre un court mais intense EP autour d’une idée : et si le footwork et l’IDM se rencontrait dans une centrifugeuse à très haute vitesse ? 

Le résultat pourrait être synthétisé par la pochette du disque, réalisée par Frktl (une histoire de consonnes, décidément) : une matière inconnue ou difficilement identifiable, qui semble bouger, flotter. Bref, se mouvoir sans grande difficulté car souple, liquide. On ne va pas poursuivre plus loin cette déjà trop longue métaphore des matières, mais le fait est que la musique de SNKLS sonne ici comme une matière inconnue. Intrigante, forcément mais aussi inquiétante. Ambiance caverneuse, vitesse maximale, ASMR métallique, bass rampantes sur-vitaminée, c’est tout un monde qui nous atterrit sur le coin des oreilles et qui nous bouscule. 

Presque épileptique, le morceau-titre, « Half Horn », donne la tonalité au projet ; sombre, surnaturelle, mouvante. Saccadés, les autres titres nous font naviguer dans les environs directs de cet objet pas totalement identifié mais qui attire. Écoute après écoute, le mystère persiste mais l’énergie reste. 

SNKLS, Half Horn
Polaar