Chaque année, on se sent un peu en retard par rapport aux autres médias et il n’est pas rare que l’on propose notre Best Of en début d’année suivante. Finalement, cela nous semble assez logique : tout peut arriver jusqu’au 31 décembre… On a fait les choses simplement : 3 volets qui représentent respectivement nos EPs préférés, puis nos albums et enfin les compilations & rééditions que l’on a le plus poncées ! Place aux EPs qui nous ont marqué en 2017.
2017 a été une année mouvementée durant laquelle les rapports de force ont déplacé les blocs. D’un point de vue macro, les écarts se sont creusés : les gros festivals sont devenus encore plus gros, affichant ainsi incessamment les mêmes DJs et prestations. Cela a poussé les promoteurs indépendants à se retrancher vers ce qu’ils font de mieux : défricher les artistes de demain, et a tué les initiatives intermédiaires, des clubs et festivals ont mis la clé sous la porte, permettant à d’autres de survivre modestement, dans un esprit moins intéressé, par amour de l’art. En 2017, on a également assisté à un retour en force de l’electro de Detroit et une surproduction de disques ambient, comme une envie massive de redécouvrir les prémices de la musique électronique. Les productions semblent avoir délaissé les rythmes en 4×4 au profit de breaks et de sonorités moins évidentes. Si l’on peut s’en réjouir, on peut également regretter que la révolution sonore que tout le monde attend ne soit toujours pas en marche.
Ce Top – orienté Club – reflète les goûts d’une équipe large, variée et curieuse qui a voulu partager avec vous ses coups de cœur et illustre bien cette année 2017 prolifique ! Pour les gens pressés, ces sons sont compilés sur Youtube.
Alonzo – I’m a … (W.T. Records)
Alonzo, issu des nouveaux producteurs de Brooklyn a sorti sa seconde production sur W.T. Records. Ce label new-yorkais a laissé le bit crusher s’accentuer à travers le morceau “Bernie knows…” Alors, un parfum de mystère s’installe entre les deux continents…
Avalon Emerson – Whities 013 (Whities)
Encore un superbe EP livré par l’artiste. Un peu groovy, un peu psychédélique, et avec une belle ligne de basse, cet EP rapelle certains remixes qu’Avalon a pu produire dans le passé.
Aybee – Nexus (RDV Music)
Aybee (Armon Bazile) – DJ venu d’Oakland – signe ici sur Récit De Voyage un très bel EP. Les diverses influences donnent ici un mélange aussi bien mélodique qu’enivrant.
Batu – Marius EP (Hessle Audio)
Pour sa première sortie sur Hessle Audio, le boss de Timedance nous livre quatre titres impeccables : trois retourneurs de dancefloor accompagnés d’une dernière piste ambient, tous généreux tant dans les mélodies que dans le design sonore, repoussant toujours plus loin le son de Bristol.
Bjarki – This 5321 (трип)
Pour son unique sortie sur трип (Trip) cette année, l’islandais propose quatre tracks résolument techno, excepté un petit écart breaké avec “Galopinn Munninn”. Mention spéciale pour la très trancy “Fimmtudagur 16-2” et sa ligne mélodique délicieusement hantée.
Cignol – Hidden Galaxies (Computer Controlled Records)
Dans cet univers, nous nous retrouvons dans l’électronique pure et dure. Selon la légende, le label Computer Controlled Records a envoyé un message intergalactique et Cignol a répondu à son appel à l’aide d’un synthétiseur. Pour cette fin d’année, nous vous offrons la conversation “Submerged Aegis PM” qui a été retranscrite sur l’EP Hidden Galaxies.
Corporation Mindfuck – The Mindfuck EP (Hard Beach Entertainment)
Il y a un malin mystère qui flotte autour de la musique d’Hard Beach Entertainment notamment avec sa dernière sortie The MindFuck EP. C’est un voyage entre break, hard house et ghetto tech, dont les références renvoient clairement à l’univers de Detroit dans la veine d’un Drexciya et DJ Deeon. Quatre tracks avec un morceau phare en collaboration avec S.O.N.S (dont le mystère est connu mais bien gardé) : “M104” se construit avec des motifs de synthés posés sur des boîtes à rythmes impitoyables et nous transporte dans un voyage parallèle. Peut-être avec les aliens ? Non, c’est plus subtile que ça quand on se fie aux voix sinistres scandant “Operation mindfuck” une référence au discordianisme sans doute.
D.K – Distant Images (Antinote)
Le parisien D.K. délaisse peu à peu le style qui l’a fait connaître, une sorte d’habile mélange entre ambient et modern-funk, pour faire peu à peu évoluer son son vers une musique plus contemplative, tournée vers le travail d’excavation de Music From Memory. Super disque.
DJ Central – Basil EP (Help Recordings)
Le Danois est littéralement partout. Et l’on aurait pu sélectionner une autre de ses nombreuses sorties sous cet alias ou un autre. On a finalement choisi ce morceau à la Ron Trent, sublimement produit et terriblement efficace.
Donnie Tempo – Trak Register EP (Perpetual Rhythms)
Un EP de house parfaitement maîtrisé sur le label de Chicago Perpetual Rhythms, essentiel ! Pour ceux qui aiment Glenn Underground…
Dreams – Not Phazed EP (Apron records)
Une sortie remarquée sur le label Apron, représentative de la nouvelle scène Lo-fi de LA, adepte de la sauce saturée sautillante.
Europa – Facegrinder (Transatlantic)
Side project du poulain de Lobster Theremin nthng, le premier EP d’Europa oscille entre electro, ghetto et rave, le tout en pompant allègrement Didgeridoo d’Aphex Twin. Le résultat : une déflagration sonore rapide et irrésistible.
Floating Points – Reflections – Mojave Desert (Pluto)
Sur ce nouvel opus, Sam Sheperd offre 5 titres composés avec ses camarades de voyage sur la tournée qui a suivi la sortie de son album Elaenia. On s’éloigne des arrangements électroniques pour se retrouver face à du rock progressif qui n’est pas sans rappeler Pink Floyd.
Hanna – The Never End (Apron)
Le producteur de Cleveland signe un 6 titres de haute volée sur le label de Funkineven. Oscillant entre ambient, break et house cet opus aux allures de BO de jeux vidéos est aussi confortable dans un canapé que sur un dancefloor.
Hieroglyphic Being, Sarathy Korwar, Shabaka Hutchings – A.R.E. Project (Technicolour )
La collaboration de ces trois excellents musiciens ne pouvait donner que du bon : Hieroglyphic Being, géant de la house chicagoane, Shabaka Hutchings, virtuose du saxophone jazz, et Sarathy Korwar, brillant percussioniste.
Joe – Tail Lift/MPH (Hessle Audio)
Après 4 ans de hiatus discographique, le producteur Joe revient sur Hessle Audio avec un 2 titres efficace aux relents de house et de breakbeat.
John Cravache – Paris Roswell (Versatile Records)
Aux antipodes de la house et détaché de toute étiquette, le dernier et 100ème disque de chez Versatile est tout aussi troublant que sublime. “Paris Roswell”, morceau phare de l’album a été édité en format EP, et ce, pour notre plus grand plaisir. Porté par des vers poétiques dénués de sens, le morceau tape dans le new-wave discoïde et sonne comme un vieux tube d’un poète en enfer.
Lanark Artefax – Whities 011 (Whities)
Teasé par l’edit breakbeat de Touch Absence publié l’année dernière, le premier EP de l’écossais sur Whities l’impose d’ores et déjà comme une des principales figures de la scène électronique expérimentale anglaise.
LNS & DJ Sotofett – Jugando Con Fuego (Wania)
La productrice vancouvéroise et le DJ norvégien s’associent pour 4 très bons EPs de house sur Wania, le label de Sotofett. Mention spéciale à “Jugando con Fuego”, et particulièrement à l’onirique “Sunrise Mix”.
LONE – Ambivert Tools, Vol. 2 (R&S Records)
Encore une année très prolifique pour le mancunien avec 3 disques sortis cette année dont un Dj-Kicks. C’est néanmoins son opus chez R&S Records qui a retenu notre attention avec le superbe “Minds Eye Melody”.
Mall Grab – Pool Party (Hot Haus Recs)
Jordon Alexander aka Mall Grab, est un jeune producteur australien. Du haut de ses 23 ans, il fait partie de la jeune garde actuelle mêlant house solaire, beats chaleureux et clubbing de la fin des années 80. Sortie sur Hot Haus Rec en ce début d’année 2017, Pool Party EP nous rappelle que le mois de janvier en Australie, c’est l’été !
Minor Science – Whities 012 (Whities)
Minor Science nous a habitué à du très bon – il rempile pour un troisième EP sur Whities, aussi convaincant que les précédents et enrichi d’une petite tendance bassline.
Money Morning – Corporate Karma (Acting Press)
La septième release d’Acting Press nous livre sept morceaux fortement teintés d’ambient et d’IDM aux relents bien 90’s, le tout en y apportant une touche contemporaine. Un sans faute pour le moment pour le label allemand.
Nu Era – Geometricks EP (Omniverse)
Marc Mac est de retour et c’est toujours avec la même classe qu’il signe 4 morceaux d’une techno/house très soulful comme à son habitude. Au programme, des accords à la 4hero et des drums à la Titonton Duvanté. Que du bonheur !
Obergman – Universal Hologram (Börft Records)
Une sortie électro racée sur le label suédois Börft que l’on ne présente plus.
Objekt – Objekt #4 (Objekt)
Objekt signe son retour en 2017, après 3 ans d’absence, avec un 2 titres orienté dancefloor, entre Techno et Breakbeat. Une étape de plus dans le parcours du producteur.
Playin’ 4 The City – Mighty EP (Mamie’s Records )
Le groupe live d’Olivier Portal signe son grand retour sur le label Mamie’s avec son dernier opus The Mighty EP, qui souligne les ingrédients de toujours de Playin’ 4 The City. Cette deep house élégante bercée par des synthés aiguisés, et un côté toujours aussi jazzy et soul illustré par la voix de la chanteuse plus les instruments à vent du live band, offrent un réel groove au projet de Portal. Avec un dernier concert donné au New-Morning cet hiver, le groupe semble bien de retour, et on promet encore de beaux jours à ce groupe 90’s de référence.
Randomer – Smokin (L.I.E.S)
Randomer revient avec ce deuxième EP sur le label L.I.E.S. En 2014, il avait posé les bases à travers l’EP Resident. En 2017, les bases sont toujours là avec l’EP Smokin. Ce LIES096 nous recrache une fumée industrielle, qui appuie la marque de fabrique du label new-yorkais. Ainsi, une dernière taffe psychédélique nous est proposée avant de rentrer en 2018.
Sauce81 – Dance Tonight (Eglo Records)
Probalement l’un des artistes nippons les plus sous-côtés du moment, Sauce81 refait parler de lui avec ce 2 titres disco de hauté volée. Il sera de passage à Paris le 7 février aux côtés de Soichi Terada pour la soirée Japan Connection de Make It Deep, on ne loupera pas ça !
Shinra – Meteor EP (Analogical Force)
Analogical Force s’est vraiment imposé comme l’un des meilleurs labels sur ce segment electro/IDM ces dernières années avec des sorties au packaging de qualité. Quant au contenu, on n’est jamais déçus comme avec cet EP de James Clarke aka Shinra, un producteur anglais bourré de talent. Superbe EP !
Shore – A Hundred Times (Mister Saturday Night)
On connaît déjà le bon goût house de Mister Saturday Night, label new-yorkais : Justin Carter et Eamon Harkin nous gâtent cette fois avec le trois titres d’un jeune producteur, Shore. A Hundred Times joue ainsi avec brio sur les percus ethniques et des accents jazz.
Simo Cell – Pour Le Club (Livity Sound)
Le patron Simo Cell sort un nouvel EP chez Livity Sound en 2017 : un mélange inclassable dont lui seul a le secret, et un titre, “Stop The Killing”, qui le voit s’essayer pour la première fois, avec brio, à une Techno plus droite et directe.
Skee Mask – ISS02 (Ilian Tape)
Une fois de plus, les paysages électroniques du mystérieux Skee Mask frappent juste, oscillant entre techno expérimentale et ambient.
Steve Murphy – Bionic Dancer (Metal Position records)
Pour sa deuxième sortie, le label Metal Position Records tape dans les classiques. Steve Murphy, directeur du label, balance une bassline house classique – du moins c’est notre avis – avec son EP Polaroid. En effet, Steve Murphy nous a habitué aux sonorités 90’s à travers les EPs Relax (Lobster Theremin ), Climax (Hot Haus Recs) ou Purification (Wilson Records). Néanmoins, dans “Memory Center”, l’intensité se glisse peu à peu à travers des sonorités expérimentales.
The Colours That Rise – 2020 (Breaker Breaker)
Après un featuring avec Henry Wu, Simeon Jones s’est associé à Nathanael Williams pour former le duo The Colours That Rise. Leur premier EP sorti sur le prometteur label Breaker Breaker fait subtilement le lien entre le jazz et le club.
Tour Maubourg – Déclaration préalable à l’embauche (Pont Neuf Records)
Jeune espoir de l’écurie Pont Neuf Records, Tour Maubourg réalise un 4 titres sans faute et démontre à merveille qu’il existe encore de beaux jours à la house française. Ses productions nous transportent dans un style tantôt deep, tantôt jazzy. Au rythme d’un savant mélange : la présence d’instruments à vent sur le très réussi “If I Can” qui rappelle les beaux jours de la French Touch, l’omniprésence d’un piano romantique et mélancolique, les nappes de violons et de synthés qui vous montent à la tête, pour ne laisser transparaître que la beauté. Le spleen, sûrement. C’est la grande classe.
Unknown Cultures – Track Research (Xenonyms)
Sous l’alias Unknown Cultures, le catalan Aciddict a publié une véritable bombe incendiaire. En quatre titres, il y présente une techno tantôt obscure, tantôt lumineuse, teintée de shamanisme à grand renfort de polyrythmie, de syncope et d’éléments sonores ethniques.
Various – Buffet Froid (Disques Flegon)
Les prémices de 2017 ont vu débarquer de nouveaux arrivants au sein de la scène parisienne. La preuve avec les Disques Flegon. En janvier, la bande de joyeux compères réunissant Cebrak 2000, DJ Stalingrad, Greta, Max Marro et Malohne nous tombe sous le nez, comme ça, sans prévenir. Ils nous dévoilent un Various house tantôt breaké, tantôt mélodique, avec un DJ Stalingrad qui nous offre une leçon de breakbeat sur “Cran d’arrêt” et un Greta qui nous transporte avec son morceau Kleber “24-36” au gré d’une mélodie à la flûte traversière. Un 4 titres qui promet déjà le début d’une longue aventure.
Wilhelm – 38 Paralell (Glass Talk )
La première sortie du label Glass Talk s’est faite longtemps attendre mais cet EP d’une techno breakée au sound design impeccable mérite le détour.
Willie Burns & DJ Overdose – Sonny & Ricardo Give Good Advice (Unknown to the unknown)
Willie Burns, boss du label W.T. Records, s’allie avec DJ Overdose pour nous donner un bon tuyau : ” Take drugs”. Cette ghetto house, qui est à prendre au second degré, est parfaite pour emballer le dancefloor. Un petit coup d’acid est bien présent, histoire de cleaner la piste de danse et permettre aux petites cymbalettes d’y ancrer nos baskets.