L’annonce est tombée il y a une semaine, le Malibv fermera ses portes à la fin du mois. Une triste nouvelle pour Phonographe Corp, car aussi petit soit-il, le Malibv fut le premier club à accueillir le collectif à Paris. La légende veut que cet ancien club africain ait accueilli Mike Jagger et les Stones il y a 30 ans. Depuis 2013, à l’initiative de Céline et Giorgio et grâce à l’accueil chaleureux de son équipe, nous avions eu la chance de vivre des soirées mémorables. De fait, nous sommes tristes que ce lieu à taille humaine et à la chaleur proche de celle d’un hammam ferme ses portes. Il nous avait permis de faire venir des artistes tels que le jeune Dee Brown ou encore Simon Weiss.

Pendant 5 ans, le Malibv a ouvert son micro booth à des artistes confirmés ainsi qu’à de jeunes talents pendant que les murs perlaient d’humidité et que le bar était pris d’assaut. D’un autre point de vue, le Malibv offrait pour beaucoup d’entités un intermédiaire entre le bar et le club de par sa taille unique. Le club représentait une première étape pour les jeunes collectifs avant de s’atteler à des organisations plus lourdes tandis qu’elle permettait de faire une véritable soirée entre amis pour des promoteurs plus expérimentés. Finalement, la configuration quelque peu précaire du lieu en a fait sa singularité et son attrait.

Comme beaucoup de médias se sont attelés à le dire ces 3 dernières années, le Paris des musiques électroniques renaît de ses cendres, cependant il semble qu’il se heurte également au Paris de la gentrification. Paris semble petit à petit se transformer en ville-musée dans laquelle les lieux festifs affiliés semblent être bien plus difficiles à installer que des bars à burgers bio ou que des potagers communs. Peut-être que la culture club sonne mieux dans les lignes de Libération et Le Monde qu’elle ne résonne dans la réalité de quartiers parisiens qui, du fait du coût de la vie dans la capitale, s’adressent maintenant à des gens qui ne sortent plus et qui ont rapidement oubliés leurs jeunes années.

En effet, comme le montrent les difficultés que rencontre le Batofar cette année ou les problèmes de voisinage qu’a subit le défunt Eko, le silence est une vertu. Certes, la nuit ne se meurt plus à Paris et il est maintenant possible de faire la fête plusieurs jours sans interruption, cependant, dû à la fermeture de nombreux clubs de tailles intermédiaires et face à la difficulté de faire bouger les gens en dehors de Paris, les cartes semblent de nouveau rebattues. Le dynamisme de la capitale ne semble pas compromis mais peut-être que ces signaux faibles montrent que la bulle qui prenait forme depuis plusieurs années tend à se fissurer. Peut-être arriverons-nous à un nouveau constat dans lequel les collectifs n’ayant pas les moyens d’avancer quelques milliers d’euros pour accéder à un club se contenteront des bars tandis que les plus gros promoteurs se disputeront les différents lieux restants à disposition.

Nous souhaitons à toute l’équipe du Malibv réussite et bonheur pour leurs futurs projets et nous espérons également que, de cette fermetures, de nouvelles initiatives naîtront afin de proposer d’autres solutions pour les nombreux collectifs ayant peuplé ce sous-sol moite de la rue Tiquetonne.

Crédit Photo – Renaud Chassaigne  – Photo prise lors d’une soirée Dure Vie