Ce n’est un secret pour personne : la crise sanitaire, le confinement d’abord puis tous les changements dans nos habitudes ont pesé et pèsent toujours sur nos corps et nos esprits. Loin de nous apaiser, la quasi-interdiction de relations sociales, l’absence de distractions autres que celles autorisées – c’est-à-dire, très peu – minent nos morals. Pas de la même façon bien sur ni avec la même intensité sur chacun et chacune. Force est de constater que l’incertitude globale de nos quotidiens, couplé à nos obligations matérielles, nos finances possiblement impactées par la crise et un état de santé changeant terminent un tableau quelque peu sombre.

C’est alors que depuis quelque temps, dans le monde des musiques électroniques de danses mit à l’arrêt, artistes et mélomanes se sont tournés vers des formes d’écoutes plus relaxantes. L’ambient est ressorti du coin où il était trop injustement enfermé depuis des années : la musique adoucît réellement les moeurs, les corps et les esprits. 

C’est pourquoi, tout au long du mois de novembre – réputé pour être le mois le plus déprimant de l’année, nous allons nous pencher sur les bienfaits de la musique électronique et thérapeutique à travers plusieurs enquêtes et portraits d’artistes d’ici ou d’ailleurs, de notre temps ou d’il y a quelques décennies. À travers des playlists aussi. Qu’ils soient réels ou plus intuitifs, fantasmés ou réellement vécus, les effets thérapeutiques des musiques dites contemplatives sont de plus en plus discutés. En espérant qu’ils vous apportent à vous aussi un peu de douceur. 

Allongez-vous, et respirez lentement. 

On s’est tous déjà demandé quel était le pouvoir des ondes vibratoires d’une musique à l’écoute d’un morceau ou d’un live qui nous transcende. Sensation intense et unique, soulevant parfois une excitation, un état de transe ou au contraire un état méditatif.

L’impact des vibrations et des ondes générées sur notre corps, de par leur fréquence, l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons, est évident et nous amène à créer un lien presque spirituel avec le son. L’écoute de la musique prend alors une forme thérapeutique : elle nous apaise, nous excite, nous soigne.

Depuis quelques années, la sonothérapie, technique et médecine alternative du soin par le son émerge dans la culture occidentale. Sa pratique s’illustre par l’utilisation d’instruments vibratoires (bols tibétains, diapasons, chants, paroles…) et amène à guérir et réveiller des parties de notre corps. Encore peu connu du grand public, des artistes et professionnels s’intéressent à cette technique alternative, soit par le soin ou l’exploration sonore.

Découvrez cinq artistes français et européens qui, à travers leurs témoignages, font le lien entre méditation et production, mouvement et sensation, poésie sonore, fréquence astrale… Inhale, Exhale.

Akou Bayo

Co-fondatrice du collectif nantais Abstrack, Akou Bayo travaille avec son partenaire Vidock sur un nouveau projet d’ambient méditatif.

Il existe des pratiques millénaires de soin par le son dans de nombreuses cultures à travers le monde. En France, elle a pris le nom de sonothérapie et s’inspire de toutes ces traditions. Elle repose sur l’utilisation des sons et vibrations pour agir sur le corps. Sur les plans physiques, psychiques, émotionnels, les sons agissent en harmonisant nos corps d’un point de vue énergétique.

Non sans renier l’importance des avancés techniques de la médecine occidentale, il me semble que celle-ci semble oublier tout un pan de l’être que des pratiques telles que la sonothérapie prend soin d’écouter, de soigner et de ré-harmoniser. C’est en alliant ces savoirs millénaires avec les avancées de la médecine occidentale que le soin peut prendre une dimension holistique que je crois indispensable.

À travers mon activité en tant que DJ, j’ai pu comprendre, ressentir et explorer le pouvoir de la musique sur les émotions ainsi que sur les différents corps qui nous composent (physique, énergétique, psychique). En parallèle de cette activité, j’ai commencé le yoga et la méditation. Tout s’est naturellement lié dans mon esprit. Le son, en tant que vibration sonore, est un support de méditation extraordinaire et peut intervenir dans le processus de relaxation du corps en profondeur. Je me suis donc naturellement mise à étudier les liens entre les fréquences sonores, les instruments vibratoires et leur musicalité. J’ai commencé à acquérir des instruments vibratoires pour proposer des voyages sonores ou des soins. 

Mon projet de musique ambient se nomme Icaros. Il s’agit d’un duo que je réalise avec Vidock, mon partenaire. Il est né d’une immersion progressive dans l’univers des vibrations sonores à travers la découverte des instruments harmoniques vibratoires que sont les bols tibétains, bols de cristal, Shruti box, tambours, chants… L’idée est de rendre compte de la transcendance de la dualité qui au sein du projet, est omniprésente : un homme et une femme, des instruments de musique vibratoire et électronique, le noir et le blanc, le chaud et le froid, la lumière et l’obscurité. Cette transcendance est permise par la coexistence des cinq éléments fondamentaux de la vie : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther. 

C’est sur ce support de méditation que repose le projet Icaros, qui prend la forme d’un voyage sonore d’environ une heure en live. Nous travaillons également à l’élaboration d’un EP qui prendra la forme de plusieurs morceaux explorant toutes ces perspectives.

Lors des lives, j’utilise des instruments de musiques harmoniques et vibratoires tels que les gongs, bols tibétains, shrutibox, tambours, tubalophone, chant. Pour la partie électronique, Vidock utilise des synthés, des samplers, des effets… Nous présentons alors une performance où la scénographie, le son, et nos résonances entrent en relation pour proposer au public une expérience immersive où le voyage sonore invite à l’imaginaire, à l’expérience des sensations plus subtiles qui peuvent se rapprocher du rêve.

Gigi FM 

DJ résidente sur NTS et curator d’évènements à Londres, Gigi FM explore le lien entre mouvement et musique à travers un nouveau projet alliant danse et mix.

Je pense que la thérapie par le son a toujours été autour de nous. Les sociétés indigènes anciennes dans le monde ont toujours utilisé traditionnellement le son dans leurs cérémonies aux fins de guérisons du corps et de l’âme… Dans les années 1890, des physiciens américains ont découvert que certains types de sons améliorent le processus de pensées et encouragent le débit sanguin et plus encore.

Lorsque je mixe dans mes prestations live en club, j’essaie de capter l’énergie collective qui se dégage pour adapter ma musique et insuffler au public les sons nécessaires à son bien être de telle sorte que les danseurs fassent un voyage à la fois stimulant et apaisant quand bien même la musique soit puissante. 

GEM (pour Gestural Electronic Music) est un projet que je suis en train de développer. C’est une performance immersive multimodale de musique et de danse où les mouvements contrôlent directement le son et les visuels. Le corps est l’instrument. 

Mon parcours dans le mouvement et la musique a commencé quand j’étais enfant, initialement à l’école de danse de l’Opéra de Paris puis plus tard à New York à l’American Ballet Théâtre et The Alvin Ailey School. J’ai perfectionné mes compétences en danse à travers différentes techniques : classiques, contemporaines et improvisations et avec une passion pour la science-fiction, la magie et le cosmos. Je ne rêvais pas seulement de pouvoir interpréter la musique à travers la danse, mais que mes mouvements produisent eux-mêmes la musique.

Depuis que je suis petite et d’ailleurs je tiens cela de mes parents, la musique et la danse ont toujours été présentes et importantes dans la manière de vivre et de traverser la vie.

L’univers est né de sons et d’atomes vibrants intensément. Il est donc à mes yeux naturel d’être sensible à la musique qui inconsciemment agit sur nos connectivités cérébrales et la mémoire. Depuis la nuit des temps, l’humanité a toujours considéré les rituels communautaires dans la musique et la danse comme la meilleure tentative de s’accorder à l’essence sous-jacente de l’univers. 

À mes yeux (le lien entre son et thérapie, ndr), c’est essentiel pour notre bien-être et notre équilibre. La musique nous touche jusqu’au plus profond de nous-mêmes, que nous le réalisions ou pas. Celle-ci stimule des parties différentes de notre cerveau, par exemple certaines tonalités réveillent des sections qui sont normalement touchées par la nourriture, le sexe ou certaines drogues. La musique nous apaise, nous stimule, nous enchante, nous fait voyager en dehors et à l’intérieur de nous-mêmes.

Ground Tactics 

Tantôt producteur de musique électronique, tantôt alchimiste du son et praticien de diapasons, Ground Tactics (alias Colin Tobelem) développe depuis Berlin sa propre activité de sonothérapeute.

Le projet Ground Tactics raconte une histoire. Il se matérialise quand la performance interprète son rôle de faire rêver, stimulant la création de l’hyper-réalité, dans l’exploration de nouvelles manières de vivre et de partager la musique. Light Body Activation est une expérience multi-sensorielle de reconnaissance de soi, un alignement multi-dimensionnel du corps physique, mental/émotionnel et spirituel. Je suis invité pour jouer chez les gens un concert qui se joue dans leurs corps, l’audience devient la scène et l’instrument joué et accordé est vivant. Les invités se dévoilent en l’honneur d’une conscience unie qui repose en nous tous. Des vibrations sont projetées dans le corps à l’aide de diapasons qui émettent des fréquences précises, qui s’inspirent de connaissances ancestrales et de géométries universelles qui font vibrer et informent nos cellules, et concentrent la conscience sur un point, colorent les corps énergétiques. 

Une personne ou un couple allongé reçoit un thrill ou un treat, une expérience méditative partagée, un voyage astral guidé par des sons intra-corporels qui interprètent et guident l’augmentation de la conscience. Le performer, le « Thriller », dirige un concert extra sensoriel, stimulant le pouvoir naturel de régénération de la personne, « l’activation du corps lumineux » guide son attention dans tous les recoins de son corps et âme. Le savoir et les idées me sont venus d’expériences dans des rêves, souvenirs de vie passées et de l’intention de participer à la création d’un mouvement qui implique l’exploration de la conscience et la réalisation de soi. 

Les soins sonores sont réalisés avec des diapasons, des cristaux et des huiles essentielles. Les productions électroniques de mon projet Ground Tactics sont jouées principalement avec des synthétiseurs modulaires. J’utilise aussi le Prophet 8 et Ableton. 

La séance commence par une rencontre, la discussion guide et révèle les intentions qui vont motiver la transmutation d’anciennes vibrations avec de nouvelles perspectives. L’audience, composée d’une personne (ou d’un couple) allongée, les yeux fermés, écoute elle-même la résonance des ondes propulsées à l’intérieur de son corps et débloque différentes expériences accumulées durant sa vie. Ces émotions sont stockées sous forme d’énergie qui peut être transmutée avec le son et qui déclenche une réaction en chaîne. Ces fréquences pourraient être perçues par notre système nerveux comme un langage métabolique développant notre sensibilité et la reconnaissance de nous-mêmes. J’utilise certaines fréquences planétaires, le soleil, la résonance Schumann 125,28 Hz, et j’utilise aussi souvent 128 Hz et 136,10 Hz (Aum). L’aura est re-colorée avec des fréquences hautes comme 396 Hz et 528 Hz du solfège sacré. J’utilise ces différentes fréquences et ces différents instruments pour créer un environnement idéal pour l’exploration de soi et l’absorption de vibrations hautes.

Les vibrations qui proviennent d’un soundsystem ne vont pas affecter les mêmes dimensions de l’être. La musique jouée avec des enceintes va nous détendre émotionnellement, mais notre corps physique et spirituel ne profite pas autant des bienfaits du son qu’avec une résonance acoustique d’un instrument joué en temps réel. En revanche, si on chante la même fréquence qui est jouée à travers l’enceinte, on profite de ses bienfaits car notre voix est l’instrument le plus sacré et régénérateur. 

J’encourage mes amis artistes, musiciens à apprendre, explorer et partager la musique avec l’intention d’offrir des instants de compassion afin de nous reconnecter à notre nature profonde, à notre humanisme, au-delà du divertissement et de la distraction, car qui sommes-nous ? J’enseigne à différents artistes ma pratique et mon approche, jouer de la musique avec différentes approches et intentions intéresse de plus en plus de monde. Tout le monde est déjà au courant quelque part. 

Elen Huynh

Productrice et résidente sur LYL radio avec son émission « Choses Contraires », Elen Huynh explore la musique électronique, de manière contemplative et expérimentale par l’utilisation du spoken-word.

Mon projet est lié au spoken-word. J’aime entendre une voix humaine et parlée sur un morceau, ça me détend. C’est comme entendre la voix d’un proche. Idem quand j’enregistre ma voix sur mes morceaux ou ceux des potes, il y a ce court interstice de silence entre la préparation et l’ouverture du micro qui est assez sacré. Je prends une profonde inspiration et je commence.

Pour être honnête, mon projet n’est pas vraiment présenté comme étant méditatif. Même s’il y a eu « Respiration Alternée » avec River Yarra, les paroles ne sont pas à prendre au sérieux et l’idée venait de lui. 

Avant de faire de la musique, je faisais de la poésie sonore à la radio. J’étais pas mal stressée et ça pouvait s’entendre en direct puisque la voix est quelque chose de très perceptible. Il fallait à tout prix que je me détende pour dénouer ma voix. En fait, c’est de l’instant présent pur car j’arrête de me poser mille questions et je fonce. C’est pour ça que j’aime bien l’impro, en live ou en studio avec des ami.e.s et même seule. Cela crée plein de belles choses inattendues. Six morceaux de la compile (V/A Les maux libresont été par exemple composés en grande partie lors de jam-sessions.

Même si le lien entre son et thérapie est évident, je pense que la thérapie sonore est percutante selon notre degré de sensibilité face au son et pas forcément selon nos capacités à composer. Celle-ci peut aussi bien se faire via l’écoute. La psychophonie a l’air aussi très passionnante en tant que thérapie sonore, elle se fait par la voix puisqu’elle crée aussi des sons liés à notre esprit et surtout, à notre corps. Annie Paris Durieux a écrit un livre là-dessus que je viens de commencer.

Pour moi, toute activité considérée comme « hobby » est pratiquée dans un but relaxant et méditatif d’une certaine manière. Ce qui distingue l’Art du reste, c’est peut-être sa dimension spirituelle. Musique et spiritualité de Monique Deschaussées et Erik Pigani est un livre très intéressant à lire sur le sujet. 

La méditation devient de plus en plus commune. Au Canada et en Finlande, la « pleine conscience » se pratique dans beaucoup d’écoles déjà mais en France, c’est encore à l’état expérimental. Je pense qu’il faudrait plus de temps scolaire dédié aux activités manuelles et artistiques car tous les parents n’ont pas forcément le temps, ni l’argent pour y inscrire leurs enfants.

Machka

Artiste et compositrice basée à Paris, Machka compose et crée des ambiances oniriques et aériennes qui entrent en résonance avec tous nos sens.

Mon principal projet musical porte le nom de Machka et est composé en bonne partie d’ambient, au sens de nappes oniriques et contemplatives, très texturées voire éthérée. Parallèlement à cela, j’avais mené une recherche à l’EHESS sur le rapport au corps et au processus de décharge énergétique (tensions/détentes) dans la musique électronique, en regard avec les nouveaux instruments numériques utilisés. Cette expérience a nourri mon intérêt pour la corrélation entre pratique musicale et écoute (active), les impacts psycho-somatiques sur les individus. Plus récemment, j’ai entamé un master en Musicothérapie à l’Université Paris Descartes afin de pousser plus loin ces considérations et de faire l’expérience sur le terrain des pratiques de soin utilisant le « sonore » comme outil thérapeutique. Je réfléchis actuellement à mobiliser des instruments électroniques dans ce cadre, mais ce projet dépendra pour beaucoup des structures d’accueil et des types patients présents, tout outil n’est pas bon pour tout le monde et dans tous les contextes – comme la musique, d’ailleurs.

Le qualificatif « méditatif », à mon sens, ne dépend pas uniquement des caractéristiques de la musique que l’on écoute, mais c’est aussi et surtout un état de corps de l’écoutant, un état d’attention de l’auditeur. Par là, le contexte d’écoute joue beaucoup ! La posture corporelle, le bruit ambiant, les lumières, l’espace ; beaucoup de choses entrent en jeu. Je dirais que le lien entre Machka et la méditation est plutôt venu lors du processus créatif qui implique une certaine présence à soi-même, à sa sensibilité, à son environnement, jusqu’à arriver à tirer un fil, une idée, jusqu’au bout. Ensuite, le « but méditatif et de relaxation », ce n’est pas une intention posée comme telle : si je joue en après-midi en festival, ce sera sans doute le cas car j’essaie au maximum de laisser la place à la rêverie dans mes compositions – des marges pour l’imagination si on veut. 

En Musicothérapie, certains auteurs (E. Lecourt, D. Anzieu) parlent « d’enveloppe sonore du soi » : elle est un tissage d’expériences auditives qui débutent in-utero, avant la naissance, et qui a pour fonction de contenir le moi, de le rassurer, comme une sorte de seconde peau. Par là, la musique ne doit pas être trop intrusive, même si elle est déjà toujours effractive. On peut aussi jouer sur des fréquences et vibrations qui font échos à un vécu de la vie foetale et cette mémoire du corps est bien plus puissante que ce que l’on tend à imaginer.

Le soin et l’apaisement ne dépendent pas que de l’état méditatif. La musique pulsée a un sacré enjeu cathartique aussi ! En musicothérapie on distingue deux pratiques : réceptives (écoute et retour parfois verbalisation sur l’écoute) et active (jouer sur le sonore, individuellement ou de manière groupale). Le soin n’est pas nécessairement apaisement et inversement. Ceci dit, même si on évite de faire des corrélations nettes entre « une musique = une émotion », il existe des caractéristiques culturelles, physiques et musicologiques du son que l’on ne peut pas renier. 

L’ambient, par exemple, par sa relative absence de pulsation marquée, présente une souplesse dans les attaques et une diffusion dans l’espace par les reverbes qui permet de prendre le temps de rentrer dans la note, dans la nappe, dans le son. Prendre le temps de la lenteur, c’est faire confiance à un geste musical que l’on suit jusqu’au bout. Le contexte joue beaucoup encore une fois : si j’écoute cette musique allongée confortablement ou debout entourée de gens qui jouent des coudes, ça n’aura sûrement pas la même qualité d’apaisement ou de soin. Il me semble que c’est souvent lié à la question de la situation : de soi dans sa vie, d’état mental et corporel à un moment T, de culture (ce qui fait écho en moi)… L’étude des fréquences quant à elle relève de médecines ancestrales dont je ne suis pas experte, je ne vais pas me risquer sur ce terrain-là mais c’est un sujet passionnant aussi !

En live, j’utilise un set hybride : un ordinateur, un ou deux claviers midi, un Ableton Push, un contrôleur pour gérer les effets et un micro. Le chant sur scène est venu plus tard dans mon set, mais de manière nécessaire : chanter me rend plus présente à mon corps, au public, j’éprouve plus intensément la sensation de donner de moi-même car je la ressens de l’intérieur ! La voix a une fonction d’apaisement assez archaïque également – voyez les berceuses ! Avec le vidéaste Symbiose 2.1, nous développons actuellement un live audiovisuel autour de textures naturelles organiques et de leurs manipulations numériques afin de réfléchir à la question de l’environnement dans lequel nous évoluons. 

La relaxation par le son (ou bains sonores) est de plus en plus présence en France et notamment de l’importance accordée au « prendre soin de soi » et la diffusion des pratiques du bien-être ou mieux-être. Il y a sans doutes d’autres raison, peut-être culturelles aussi ? Concernant la musicothérapie, celle-ci a plus ou moins toujours existé (utiliser la musique à des finalités des soins, voyez les musiques de transe par exemple). Ce qui se joue en ce moment, c’est plutôt sa reconnaissance institutionnelle, par les structures de soin agréées et par le milieu de la recherche scientifique. Il y a encore du travail à faire, mais des musicothérapeutes sont effectivement présents en hôpitaux, en CMPP, en EPHAD, etc. Il s’agit donc de développer une assise de la discipline dans le milieu universitaire, de travailler à développer sa portée et surtout d’en prouver les enjeux et résultats. 

crédits photos : Eugene Tumusiime, Federico Boccardi et Jacopo Severitano