N O T H I N G   B U T   A   S U M M E R   J A M   🌞

On y croit. Non pas en un été “apprenant”, comme veulent nous le faire croire nos institutions dépassées. Mais dans une saison estivale synonyme de fêtes, de rendez-vous, de rassemblements et de découvertes. Bien sur, rien n’est habituel et la culture, peut être plus qu’un autre, est un secteur aux abois. Difficile de se projeter, voire même de s’adonner à son activité préféré quand on sait pertinemment que l’épidémie n’est pas derrière nous. 

Mais on ne saurait empêcher les foules de vouloir danser, la preuve s’il en fallait à la dernière édition de la Fête de la Musique, il y a deux semaines. Loin d’être forcément irresponsables, comme on veut nous le faire entendre, c’est la fête, ses acteurs et ses représentant.e.s, professionnel.le.s comme publics, qui sont montrés du doigt. Un épouvantail parfait pour stigmatiser tout un pan de notre culture musicale, alors que les clubs n’ont toujours pas le droit de ré-ouvrir mais que oh, surprise, cinémas, restaurants, saunas et clubs libertins, pas franchement réputés pour leurs habitudes de distanciation sociale, reprennent du service sans trop de soucis. 

Il y aura des fêtes, des open-air, autorisés dans les règles sanitaires, des rassemblements privés et pas mal de fêtes sauvages, on s’en doute. Mais les clubs nous manquent quand même beaucoup. Alors, pour patienter jusqu’à la prochaine bamboche, on rêve à un été en forme d’immense summer jam intense, solaire, beau : on va remonter le fil de quelques tubes de l’été. “Summer Jam” et son riff d’accordéon mythique mais gênant, l’Italo bodybuildée de “Boys Boys” de Sabrina et d’autres, qui ont marqué nos autoradios. 

À défaut d’avoir l’été que l’on voudrait, on va le re-créer, en ligne. Petites et grandes histoires de ces tubes, playlists cultes assorties et images de clubs de vacances : bienvenue au summer jam de Phonographe Corp ! 

Pour ce premier épisode de notre (toute première) série de l’été SUMMER JAM, et bien, c’est évidement le « Summer Jam (Remix) », par The Underdog Project qui est à l’honneur. Sorti en 2003, tube planétaire qui s’est vendu par containers entiers sur toute l’Europe et un peu au-delà – 1 millions de copies, tout de même – c’est surtout une immense madeleine d’été pour toute une génération, qui a passé ses premières vacances loin de tous parents dans un mélange inflammable de liberté, de découverte (de soi et des autres) et de soleil brulant. 

Tube de l’été oui, mais pas non plus n’importe quel tube. En le réécoutant aujourd’hui, on mesure bien sûr le temps qui pèse sur cet hymne bodybuildé et enduit de crème solaire, mais, bien que pompier, il n’est pas totalement tombé dans l’oubli ou dans le ringard absolu. Celles et ceux qui étaient présent.e.s à notre dernière fiesta, en décembre dernier à La Rotonde à Paris, se souviennent (peut être) d’un « Summer Jam » joué à pleine balle qui a fait chavirer la salle. Tout comme celles et ceux présent.e.s lors du closing de Concrete où Bambounou y est aussi allé de son moment nostalgie. Cela ne suffit pas à réhabiliter le titre dans le panthéon du bon goût, mais le fait qu’il resurgisse en clubs inopinément est signe qu’il est encore en tête quand on pense à, au hasard, l’été, la fête et à une certaine liberté. 

Le « Summer Jam » tel qu’on le connait, estampillé « 2003 » n’est pas le titre original du groupe The Underdog Project. L’original, titre mélodique aux influences garage, 2-step et breaké, s’est tout de même hissé sur les charts à sa sortie. Derrière lui, The Underdog Projetc donc : un groupe allemand, formé par les DJs et producteurs Steve Browarzcyk, Toni Cottura et Sahin Moshirian (DJ Shahin). Côté chant, c’est Vic Krishna et Craig Smart qui sont crédités et qui représentent le groupe sur scène. Mais alors, comment l’original, ode à un été sans fin, un peu racoleur mais touchant de sincérité, est devenu cette torpille eurodance qui a fendu nos tympans ? 

On ne sait pas comment cette idée est apparue, mais on connait le responsable : DJ F.R.A.N.K., aka Frank Van Herwegen dans le civil. DJ, producteur et disquaire belge qui, demandé pour la nouvelle sortie du titre en 2003, réalisa le fameux remix. On parle de remix, mais il s’agit plutôt d’un mash-up entre le titre original donc et une scie dancefloor de Sunclub, « Fiesta », datant elle de 1997. Mis côte à côte, les deux titres fonctionnent totalement : d’un côté, les vocaux de Craig Smart, cette insouciance ensoleillée, sirupeuse et de l’autre, les assauts de claviers trance, eurodance et techno option Technotronic. Le clip vaut d’ailleurs le détour, recréant un club (le Sunclub) et son public fait de petits soldats et de bébés en plastique en stop-motion. Ah, les 90’s. 

Presque martial du fait de l’utilisation du sifflet tout au long du morceau et bien que la production ne soit pas dans les standards actuels, l’énergie qui s’en dégage est ce qu’il fallait pour insuffler une deuxième (et meilleure) vie à un « Summer Jam » en mal de grosses basses. C’est chose faite, et le nom de DJ F.R.A.N.K., bien que crédité sur les maxi de remixes, a été étrangement oublié pour laisser la simple mention « 2003 ». Sur son site, on comprend qu’il n’a pas été oublié ou lésé dans le deal, car il précise qu’il a eu « l’opportunité de jouer tout autour du monde ! ». Nous voilà rassuré, car ce « Summer Jam » n’aurait plus eu la même saveur. 

La semaine prochaine, on plonge dans la piscine italo-disco avec Sabrina pour son « Boys Boys Boys » !

images tirées du clip