Amsterdam est surement la ville la plus dynamique du moment, musicalement parlant. Connu pour l’ADE qui est devenu la référence des congrès traitant de musiques électroniques, la Venise du Nord peux se targuer d’avoir une scène de qualité et un panel de genres extra-large. San Proper est surement l’un de ses représentant les plus atypiques. Dj excentrique à la personnalité hors norme, il se démarque par un style et un éclectisme unique. Fréquemment de passage sur Paris depuis mai 2011, le Phonographe a semblé pertinent d’en savoir un peu plus sur le personnage.

– Bonjour San Proper peux tu te présenter ?

San Proper : Yeah man ! Je suis Dr San Proper ! Représente Amsterdam, Rush Hour, Perlon, Deckmentel Ratio Record et moi même, San Proper !

Peux tu nous parler de ta carrière de musicien qui a commencé très tôt ?

San Proper : J’ai commencé tôt, déjà lorsque je jouais avec mes GI Joe et mes figurines Star Wars j’avais l’habitude de mettre de la musique en fond sonore. Je dois une partie de mon éducation musicale à mon père qui travaillait à la radio et  qui écrivait des scénarios car il m’a présenté Sam Cook et Professor Long Hair et beaucoup de Black Music.

A côté il y a mon grand frère qui a 7 ans de plus que moi et qui m’a inspiré avec des trucs comme Peter Tosh, Frank Zappa, David Bowie et plein d’autres musiques un peu plus « pop blanche ».

Enfant j’ai passé beaucoup de temps dans la Meuse à la frontière des Ardennes et de la Belgique entre Liège et Namur. Là-bas, mon père avait un petit cottage ou il nous emmenait souvent pour les vacances. Cela m’a permis de découvrir Serge Gainsbourg ou encore les Rita Mitsouko. J’ai eu beaucoup de sources d’inspiration différentes.

A 10 ans j’ai commencé à jouer de la guitare classique, et je me suis arrêté à 15 ans car je ne me retrouvais plus dans les classiques et je me suis mis à jouer du Lou Reed et des trucs que j’écoutais de mon père.

Par la suite, j’ai appris à utiliser l’Atari de mon grand frère pour simuler les percussions de mes tracks. Je jouais du funk du ska et du disco avec un synthé pour simuler les basses. C’est là que j’ai commencé à faire des trucs électroniques mélangés avec des sons organiques et acoustiques.

San proper – Lady cop

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Quelles sont tes influences en musique électronique ?

San Proper : J’en ai eu énormément. Mais il a y en a beaucoup qui ne sont pas du tout électroniques. Le P-Funk a été déterminant pour moi, avec Georges Clinton, Parliament et Funkadelic. Mais il y a également les Mitsouko car ils touchent à tout, la chanson, le rock, le punk et  ce que j’aime c’est l’éclectisme.

Quand j’ai commencé à faire le dj, je jouais du reggae et de la dub music et la manière d’utiliser les effets dans ce genre de musiques m’a énormément influencée.

Puis forcément j’ai également écouté et joué énormément de disco car c’est la mère de la house music.

Quand j’ai commencé à jouer de la musique électronique en 93 je jouais des trucs comme Basic Channel mais aussi du Ninja Tune ou du Motorbass je restais toujours éclectique, c’était juste électronique pas uniquement house ou techno. Puis j’ai découvert Chicago et Detroit et là j’ai été vraiment converti à la house.

Depuis quelques mois on te voit vraiment souvent à Paris, qu’est-ce qui te plait ici ?

Durant toute ma jeunesse, je suis venu très souvent à Paris. Mes parents ont divorcé quand j’étais très jeune et c’était ma mère qui avait ma garde mais dès que mon père nous avait, il nous faisait voyager à Rome à Paris et c’était génial donc j’ai découvert cette ville très tôt. Mon père est tombé amoureux de cette ville donc je suis revenu pas mal de fois.

Et à mes 17 ans lorsque j’ai fini mes études, j’ai déménagé à Paris dans l’appartement de mon père pas loin de République. J’y ai  vécu deux mois de janvier à février. J’étais attiré par cette ville, je voulais voir si je pouvais vivre ici.

Niveau ambiance les parisiens étaient plutôt déprimés et j’ai eu tellement de problèmes et de bagarres de rue puis je ne m’entendais qu’avec les étrangers : je me suis dit « Paris c’est trop chaud pour moi » donc je suis rentré à Amsterdam.

J’ai toujours eu un truc avec Paris, mais niveau carrière je n’avais jamais fais quoique ce soit à Paris jusqu’à mai dernier, lorsque Brice m’a appelé pour la Twsted. Sur la barge, j’ai fait mon set avec mon « San Proper style » et les gens ont été super réceptifs.

Depuis ce jour là, quand je reviens je suis super bien accueilli. D’ailleurs j’ai rejoué à la fin de l’été pour la dernière Twsted et ça m’a permis de réaliser à quel point les gens me comprenaient à Paris.

En ce moment je reviens souvent à Paris car je travaille sur un album pour Rush Hour et les bases de cet album sont enregistrées à Paris. J’essaye de revenir une fois par mois ou au moins tous les deux mois car je pense que les gens ici méritent la house music.

Tom Trago – Corrupt (feat. San Proper)

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– Peux-tu nous parler de cet album ?

San Proper : Pour l’instant je prend la basse sur un logiciel j’utilise mes vocaux avec deux feuilles de papier ou même deux mots dans mon micro mais ça va être l’armature de la chanson. Puis dans mon studio je vais travailler rapidement pour finir les morceaux et l’album.

– Comment décrirais–tu le style San Proper ?

San Proper : Je ne sais pas, selon moi, je fais du disco mais tous les gens ne l’entendent pas de la même oreille. Mais si tu devais décrire mon son dans sa globalité, il faudrait que tu googles Perlon, Rush Hour, Dirt Machine (mon projet avec un de mes meilleurs potes Tom Trago) et Rednose District et Disco 3000 et là ça te semblera peut-être plus claire mais je ne te garantis rien. Dans mon travail, il y a énormément d’influences de Detroit, de Chicago et de sons organiques, car j’utilise énormément de vrais instruments. J’aime ce mélange.

– Qu’est-ce que tu écoutes chez toi ?

San Proper : Enormément de choses car je ne me réduis pas à une musique. Je travaille pour la Red Light District Radio qui est une petite radio dans le quartier rouge dont on peut apercevoir le dj booth à travers une vitrine entre deux sex-shops.  Quand je fais un set là-bas, je commence toujours par des tracks éclectiques la première heure puis je finis avec de la deep house et de la techno bien sexy.

Mais chez moi j’écoute  autant de la musique psychédélique des 50’s ou des 60’s que des sons de hippie ou de l’afro beat et de la bossa. Parfois je me réveille et je passe de la grosse house aussi ou de la musique mortuaire et de la new wave. J’aime la musique en générale et j’essaye de me procurer la crème de la crème. Mais j’écoute surtout ma musique vu que je travaille chez moi.

San Proper – Caught On You

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– Comment te positionnes-tu sur le paysage électronique hollandais ?

San Proper : J’ai la chance de produire pour Rush Hour qui est un des plus beaux labels hollandais qui existe avec une multitude de sons très variés tant sur le label que sur les sous labels. Je pense que je suis plutôt représentatif d’Amsterdam car quand tu écoutes mon son tu comprends que j’essaye d’être transversal. Mais aussi je pense que je suis sur cette carte car je suis intègre dans ce que je fais, je reste authentique avec de l’âme.

A la première Twsted tu avais de la poussière sur un de tes vinyles tu as dis «  je suis désolé ça arrive parfois mais je choisis mon son et je le paye », peux-tu nous expliquer ?

Aujourd’hui il y a beaucoup de djs qui jouent avec Serato ou final Scratch et c’est cool, chaque homme joue avec ses armes. Mais c’est important garder le vinyle en vie car tout le monde télécharge et écoute, tant mieux! Mais comment on vit nous après ? C’est comme si le fan de musique avait un droit de licenciement sur l’artiste et l’empêchait de faire de la musique.

Je suis honnête, et quand j’ai un long track poussiéreux et que je veux le jouer en entier, j’enlève le bras, je souffle sur la poussière et je le remets de là ou je l’ai coupé. C’est une plaisanterie, mais c’est aussi une preuve d’authenticité et d’honnêteté.. J’ai également des vinyles un peu abimés ou poussiéreux mais j’ai quand même envie de les jouer pour le public.

-Quel est ton vinyle préféré ?

San Proper : Je peux pas répondre, j’en ai au moins 600 et chaque semaine il y en a plus. J’ai pas de track favoris ça change tout le temps. Je suis une petite personne je peux pas porter énormément de disques donc je sélectionne soigneusement mon bac à disques. Dans la première moitié, je met, ce que j’ai trouvé dans les dernier mois puis, dans l’autre moitié, il y a les bijoux de ma collection que je redécouvre et pour lesquels j’ai toujours de l’enthousiasme à jouer. Cette combinaison est parfaite pour moi car je prends mon pied à chaque galette et c’est comme ça que je veux que les gens voient ma musique.

Mais mes préférés ce sont les Moodyman, les Theo Parrish, les Derrick Carter, les Rick Wade ou Patrick Adams etc etc.

Il y a beaucoup de mes amis qui me disent « San s’il te plait arrête, encore un de tes favoris… ». Mais c’est trop dur pour moi de choisir ! Si tu avais 600 gamins tu peux pas en choisir un seul, ça ne se fait pas (rire), tu l’aimes plus c’est tout.

– Si tu n’étais pas dj penses-tu que tu serais sur scène ?

San Proper : Si je n’étais pas dj ?!! C’est fou, mais je suis un dj. Si quelqu’un me disait San il est illégal pour toi d’être dj alors je pense que je serais artiste/performer. Et si c’était illégal pour moi de faire de la musique alors je pense que je serai un gros maquereau (rire). Ou peut-être que je serais à ta place en train de faire des interviews (rire).

-Quels sont tes projets pour les semaines à venir ?

San Proper : Il y a un remix pour the Clover sur Bosconi en Italie, un pour Le loup et Seuil aka hold Youth puis il y en a deux autre pour Mossa et Dave Aju. A côté il y a un track pour la compilation Amsterdam All Stars sur Rush Hour,  et puis il y a mon album solo ainsi que des tracks sur Deckmental et quelques  secrets.

Mais il va falloir faire attention à the Dirtmachine mon projet avec tom trago. C’est tout frais, c’est un projet qui touche à tout avec de la disco des basses du rock c’est très alternatif. On s’est motivé pour faire un album ensemble. Dans ce projet je suis multi-instrumentiste et je pose des voix sur le projet c’est très intimiste.

-Un petit message à faire passer?

San Proper : Non le dernier mot c’est j’espère que vous apprécierez ma musique, le mieux pour vous faire une impression c’est de venir m’écouter (voix robotique) .

Photo : www.anneclairedebreij.com