Marcelus x Phonographe Corp

Il y a quelques semaines nous avions la chance d’inviter Marcelus à prendre part à notre série de Phonocasts au cours d’un bref article où nous dressions un portrait  élogieux de l’artiste Français qui depuis 6 ans n’a cessé d’enchaîner les projets de manière remarquable. Que ce soit chez Deeply Rooted, label sur lequel il a débuté, dans la mise en avant de jeunes artistes sur son propre label Singular Records, ou dans la relation étroite qu’il entretien avec l’institution Berlinoise qu’est le Tresor,  le modus operandi et la posture de l’artiste forcent le respect. Discret et humble, Marcelus n’a pourtant pas à rougir de son parcours. Tombé dans la marmite dès son plus jeune âge, il vient de finir son album pour Tresor, Vibration, un triple LP qui sonne pour nous comme l’occasion de revenir sur courte carrière pourtant déjà très remplie. Nous avons eu la chance de skyper avec l’une des figures de proue de la nouvelle scène Française sur son parcours, ses aspirations 

En 2010 ton premier Ep sort sur Deeply Rooted – qui s’appelle encore Deeply Rooted House à l’époque – mais avant ce premier disque,  tu avais déjà passé pas mal d’années à écouter cette musique. Comment t’es-tu découvert ce goût pour la techno ?

Marcelus : Ça s’est fait très naturellement, j’ai commencé à écouter du son en 95 puis j’ai commencé à produire  en 98 ou 99, c’était une passion. En 2004, l’idée de sortir un disque me travaillait un peu, mais ce n’était pas le moment. J’avais toujours des morceaux, mais je n’avais jamais eu l’occasion de sortir un disque, puis il y a eu ce retour à la techno. Aller au Rex et écouter Dj Deep, Ben Klock et Marcel Dettmann avec de la place pour danser c’était génial, parce que je ne sortais déjà plus beaucoup à cette période, mais je regardais ce qui se passait et ça m’avait vraiment motivé. Je me suis donc tourné vers Dj Deep. Lorsque je suis allé le voir, je n’étais pas nécessairement prêt, mais j’avais progressé depuis 2004. J’avais franchi une étape alors je me suis jeté à l’eau.

– À 10 ans, qu’est-ce qui peut bien te pousser à écouter de la techno ?

Marcelus : C’était dingue, personne n’écoutait ça autour de moi. Mes copains écoutaient ce qu’ils avaient à la télé, il y avait un caractère transgressif et différent. J’ai fait écouter ça à mes amis de l’époque, ils ne comprenaient pas. Même moi, du haut de mes dix ans je ne comprenais pas trop. Au début, je pensais que les mixes étaient juste des morceaux qui duraient 90 minutes. J’étais un gosse muni de sa petite radio chez lui et j’étais sur le cul. Pour moi, ce n’était pas vraiment quelque chose de nouveau, ça devait exister depuis au moins 30 ou 40 ans, mais je ne découvrais que maintenant. Je me suis fait avaler par cette musique.

– Était-ce facile de se procurer de la musique à ton âge ?

Marcelus : Je suis né, j’ai grandi et je vis toujours en banlieue donc non pas vraiment. Le premier disque que j’ai pris c’était Kenny Dope –  The Bomb que j’ai acheté à Carrefour. Ça passait à la télé, c’était aussi le début des Daft Punk, c’était très différent de la techno qui plus dure à l’époque. Je ne pouvais pas tout comprendre d’un coup, même le travail de Laurent Garnier, j’ai mis un certain temps à le comprendre tant sa musique que son style.

Par la suite, j’ai pu acheter quelques disques, mais j’ai attendu 2003 pour vraiment avoir des disques. À mes 18 ans, j’ai eu mon premier boulot et de l’argent pour m’acheter des disques et des platines, il fallait rattraper le temps perdu et le matériel coûtait déjà une fortune. Il y a des gens qui ont de la chance de se faire aider par leur famille, et tant mieux pour eux mais de mon côté j’ai dû être plus patient et plutôt autonome. J’ai téléchargé beaucoup de musique, mais à l’époque, les fichiers étaient plus compressés et de moins bonne qualité qu’aujourd’hui. Les gens oublient souvent, mais  télécharger c’était lent et ça prenait du temps. Le problème, c’est que déjà à ce moment-là, il y avait beaucoup de disques qu’on ne trouvait déjà plus.

– Quand as-tu commencé à sortir ?

Marcelus : Lorsque j’ai eu 16 ans, dans les années 2000 j’ai fait beaucoup de lieux différents. Je suis allé au Metropolis, au Rex Club, au Redlight ou au 287. J’en parlais encore récemment avec Blaise (Syncrophone qui y avait une résidence ). Tu arrivais à Aubervilliers, tu entendais le son du bout de la rue et il y avait ce club entouré de taule qui vibrait de toute part. Forcément ça n’a pas duré très longtemps. J’ai également fait quelques soirées au Batofar, au Folies Pigalle et à la Loco également. J’ai commencé tôt.

– Qu’est-ce qui t’a poussé à produire de la musique ?

Marcelus : J’ai appris qu’il y avait des machines pour faire de la musique, mais en 1998, je n’avais que 13 ans donc je ne pouvais pas m’en acheter. Je suis tombé sur un jeu sur lequel tu pouvais faire du son, mais rien de très élaboré puis trois mois plus tard, je suis passé à Cubase. J’ai utilisé plein de logiciels différents, Fruity Loops, Reason et Storm qui était également un logiciel en rack vraiment infernal pour enregistrer. C’était vraiment un hobby, les logiciels étaient piratés donc ils ne fonctionnaient qu’à moitié. À l’époque je n’avais pas accroché à Ableton, je ne comprenais pas la logique du logiciel, et finalement aujourd’hui c’est ce que j’utilise.

Pendant cinq ans, j’ai bidouillé mes logiciels sur mon temps libre, ça remplaçait les jeux vidéo. Lorsque j’ai commencé à jouer, ça a vraiment changé ma façon de percevoir de la musique et ça m’a permis de progresser. Jouer des disques, ça permet de sentir pas mal de choses et de comprendre la dimension fonctionnelle d’une musique. Parfois, tu sens bien à l’écoute que le producteur n’est pas DJ, car il y a des éléments qui ne devraient pas être là, ou qu’un DJ ne mettrait pas ici. Pouvoir jouer des disques m’a permis de découvrir plein de sources d’inspiration.

– As-tu commencé par jouer devant un public ou dans ta chambre ?

Marcelus : Ça devait être en 2008, un ami m’avait invité à jouer de la techno dans un bar à l’occasion de la fête de la musique. J’avais joué des Rolando, du Delsin, les gens n’avaient pas trop compris, l’événement ne s’est pas bien passé, j’ai fait mon truc. Je n’étais pas de Paris, donc c’était compliqué de faire mon trou avant de sortir des disques, j’étais littéralement à l’écart.

– Pourtant même si tu as une notoriété, que tu joues régulièrement et que tu es respecté pour ton travail, tu sembles,  aujourd’hui encore, vouloir rester à l’écart ?

Marcelus : C’est l’impression que je donne à beaucoup de personnes. Je fais ça parce que j’aime la musique, c’est assez simple, je ne suis pas là pour faire semblant. J’ai créer une association pour mon label, une micro société pour mes activités de DJ, je fais plein de démarches et des compromis, car ça me plait, mais il y a des choses qui ne m’excite pas trop dans la communication. Je suis quelqu’un de réservé, je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant. J’aime l’idée que ma musique “parle” à ma place donc c’est probablement pour ça que je suis discret.

En revanche, j’ai fais des efforts parce que lorsque je suis arrivé, j’avais un balai dans le cul, c’était un nouveau pour moi. Je ne ressens pas nécessairement le besoin d’être sur Facebook par exemple, j’y vais quand j’ai une actualité à partager avec mon public.

J’ai fait quelques interviews, mais manque de chance certaines n’ont pas pu paraître. Je me suis fait pas mal solliciter par différents médias et sites pour des mixes et différentes choses, mais je suis très occupé par des sujets plus concret, faire de la musique, gérer mon label, digger. Je fais au mieux.

De temps en temps, j’ai l’impression que certaines sollicitations servent plus de faire valoir pour la personne qui les fait que pour celle qui est invitée et c’est dérangeant. Je ne cours pas après les médias, je n’en ressent pas le besoin. J’écoute cette musique depuis tellement longtemps, elle fait partie de moi. C’est toujours appréciable de savoir que ton travail compte, mais ce n’est pas une histoire de notoriété cela me paraît parfois éphémère.

– Travailler n’était-ce pas une forme d’émancipation dans ta manière de vivre la techno ?

Marcelus : Pas vraiment, je bossais sur des chantiers donc je passais des journées extrêmement fatigantes et je n’avais pas le temps de profiter de mes platines. J’avais pu commencer un peu avant mon premier emploi, car ma mère m’avait avancé l’argent avant ma première paie. Sinon, je ne sais pas si j’aurais pu avoir ne serait-ce que le temps de les acheter. Les chantiers, ça m’a permis de grandir, ça me correspondait bien, je bougeais pas mal en Ile-de-France. À l’école, j’étais loin d’être un élève modèle, je ne m’y suis pas épanoui comme je l’aurais voulu, j’étais doué sur les sujets qui m’intéressaient. Mon premier boulot m’a rapidement permis de me rendre compte que je ne savais rien faire.

Aujourd’hui, je travaille un peu en restauration à côté de mes activités musicales. C’était un coup du destin, car j’ai dû changer de travail pour des raisons personnelles et finalement, ça m’a permis de me remettre à la musique. Sans ça, je n’aurais jamais pu.

En 2005, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose là-dedans, mais à un moment je me suis laissé vivre, je ne me retrouvais pas dans l’ambiance minimale de l’époque. Je faisais des trucs sans trop savoir où ça me menait. Je n’avais envie que d’une chose, c’était de techno et je pense que tout le monde avait envie de Techno à ce moment-là. Lorsqu’on voit aujourd’hui tout les producteurs français et les quelques labels qu’on a, il y a eu un réel développement qui a suivi ce retour à la techno.

– Comment est arrivé ce premier EP chez Deeply Rooted ?

Marcelus : Je rencontre DJ Deep en mars/avril 2010 et la sortie du disque a pris un temps incroyable car il y avait des soucis de distribution. Le disque sort en fin d’année et ça m’a ouvert énormément de portes. C’était un vrai challenge d’envoyer de la musique à un DJ de ce calibre, mais c’était cohérent avec les morceaux que j’avais à ce moment-là. Ça m’a permis d’être joué par de nombreux artistes internationaux et ça a suscité beaucoup d’intérêt. On m’en parle encore aujourd’hui, je pense que ce disque était vraiment particulier. J’ai fait d’autres trucs intéressants depuis, mais celui-là sort du lot.

– Un peu plus tôt tu parlais de faire les choses sans trop y croire, et là tu parles de faire des morceaux pour te faire plaisir. À quel moment produire prend sens pour toi ?

Marcelus : Je pense que lorsque tu laisses les choses se dérouler naturellement elles ont plus de chance d’aboutir que lorsque tu veux forcer ton destin. C’est à partir du moment où j’ai commencé à composer de la musique pour moi, sans imaginer la sortir, que ça a commencé à prendre du sens. On parlait de discrétion, c’est mon caractère, à partir du moment où je me suis détendu et décomplexé, c’est devenu beaucoup plus simple. Lorsque le Tresor m’a contacté je n’en revenais pas. Moi, le petit banlieusard, signer chez Tresor alors que tu a des milliers de djs à Berlin.

J’ai laissé les choses venir à moi, parfois je vais vers les autres, mais tout se fait très simplement, et ça m’a permis de progresser dans ma musique Je fais très attention à mon égo, la fierté ou la honte. Avant par exemple, j’utilisais des effets juste pour tenter d’étaler ma technique, j’étais dans la démonstration, ce qui est inutile au final. En y repensant, mon premier disque est vachement simple.

– Lorsque tu parles de laisser les choses venir à toi, peux-tu nous raconter comment les événements se sont enchaînés après tes deux EPs chez Deeply Rooted ?

Marcelus : Avant le premier Ep pour Tresor, il y a eu le Repitch, c’était un Various Artists avec Ascion  Shapednoise et D. Carbone. Ils ont un label avec des sonorités un peu trop dures pour moi, donc je n’ai pas vraiment continué dans ce registre. J’avais remixé un morceau de Markus Sukut, mais lorsque j’ai livré le remix, il avait changé d’avis et a fourni un autre morceau. J’avais ce track un peu glauque sur les bras, mais bizarrement ça a beaucoup plu. Le morceau que j’avais sur Ann Aimé,  “24/7”,  avait vraiment très bien marché aussi.

Ensuite, j’ai fait mon premier Tresor et j’ai créé mon label. J’ai aussi fait des remixes notamment pour Sharivari (le label de Mush). J’ai participé à une compilation sur MDR, mais ce n’est pas facile de travailler avec Marcel Dettmann parce qu’il est très occupé entre ses dates et sa vie de famille. Le track a mis deux ans à sortir, je crois que François X qui figure sur la compilation a dû avoir la même histoire.

– Brendon Moeller est une légende de la techno New Yorkaise, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce personnage et votre collaboration ?

Marcelus : C’est le Gargantua de la techno, il ne s’arrête jamais. Il a sa famille, ses activités, mais il a bossé avec les meilleurs, Echochord, Mule, Soulpeople Music, puis il a plein d’alias et de collaborations différentes. Lorsque je l’ai contacté, il m’a envoyé 60 morceaux, c’était impossible à digérer, j’ai donc écarté pas mal de choses . Sur certains morceaux, il y avait beaucoup trop de technique. Je lui ai dit d’en enlever un peu et d’épurer. À partir de là, j’en ai choisi quelques un et je lui ai demandé une collaboration, donc j’ai remixé ses tracks. J’ai pris ses parts afin de repartir à la base de son travail et j’ai manipulé les éléments en essayant de garder l’essence de son travail pour ne pas dénaturer l’idée de départ.

J’ai beaucoup aimé découvrir la façon dont il conçoit ses morceaux, c’était vraiment inspirant de voir sa façon d’utiliser ses effets et le design sonore, ça m’a donné beaucoup d’idées. C’est vraiment le genre de producteur que je trouve stimulant.

– Tu as travaillé avec une légende de la production et tu dis avoir beaucoup appris, mais à côté tu as fait tes débuts avec une autre légende DJ Deep, qui pour le coup est vraiment DJ. Qu’as-tu appris en travaillant avec lui ?

Marcelus : Il m’a beaucoup appris sur le travail de DJ et sur sa vision de la musique. Comprendre sa vision était très instructif, Cyril fait ça depuis 88. C’est également mon premier contact avec un label, ça m’a également inspiré pour mon label.

– Comment en es-tu venu à créer Singular Records ?

Marcelus : C’est suite à ma rencontre Claudia Anderson. Si je ne l’avais pas rencontrée je n’aurai probablement jamais fait le label. Faire un label pour soi  c’est impossible, à part Jeff Mills qui ne fait que ça. Si tu regardes bien, Robert Hood est très productif, mais il y eu d’autres producteurs qui ont fait des morceaux sur M-Plant.

J’ai rencontré Claudia via MySpace en 2007, elle est sorti de nulle part mais c’était vraiment bien. J’ai vu dans son travail et dans sa personne des choses que les gens commencent enfin à voir. C’est quelqu’un de très discret qui a mis du temps à commencer jouer. Je suis heureux parce qu’on a pu jouer ensemble au Tresor et à Rome récemment et elle joue vraiment très bien. Pour moi c’est l’équivalent de Cassy en un peu plus techno. À la fin de son set au Tresor, tout le monde  applaudissait, elle a vraiment captivé les gens, personnellement j’ai joué plein de fois au club forcément, mais pourtant je n’ai jamais eu de telles réactions… Elle a un style à part et une sélection vraiment irréprochable. Quand je la vois jouer, ça me conforte dans mes choix et mon ressenti à son égard.

À côté de ça j’ai rencontré Colin McKeown qui avait un son Détroit comme je les aime, donc je lui ai demandé un Ep. Entre les deux j’ai fait un disque, il fallait bien que j’y passe.

Lorsque tu crées un label, je vois difficilement comme tu peux te limiter à ta personne. Je ne fais pas assez de musique pour ne sortir que mes morceaux. Je pense qu’au-delà de ce détail pratique, ce n’est pas une question de quantité, trois Eps par an c’est un rythme qui me convient très bien et pouvoir travailler avec d’autres personnes c’est intéressant aussi. Je suis ravi de sortir mon album chez Tresor. Construire des relations c’est primordial, il faut que ça reste humain.

De toute façon, lorsque tu créer un label, je vois difficilement comment tu peux te limiter uniquement à ta personne. Je ne fais pas assez de musique pour sortir que mes morceaux évidement. Au niveau du rythme, ce n’est pas une question de quantité non plus, trois Eps par an c’est un rythme qui me convient très bien et pouvoir travailler avec d’autres personnes c’est plus intéressant. Je suis ravi de construire des relations, d’échanger, le côté humain qui va avec est primordial, ça me permet d’apprendre.

– À part Brendon Moeller qui est un artiste plus que confirmé, tu as sorti essentiellement des outsiders. C’est important pour toi ?

Marcelus : Singular Records est un jeune label, lorsque tu commences tu dois faire tes preuves et je ne suis pas nécessairement ami avec les têtes d’affiche. J’en connais, mais je pense qu’ils sont tous très occupés. Je suis très content de la tournure que ça prend, j’ai pu travailler avec Norman Nodge, j’ai Scan X qui s’occupe du mastering et j’aime aussi découvrir de nouveaux producteurs. Le label ne deviendra pas gigantesque, car je veux que ça reste simple et qu’il me corresponde. Si j’ai pu travailler avec un personnage comme Brendon Moeller, car il a un rythme de production inégalé et qu’il avait beaucoup de choses disponibles.

– Comment as-tu accouché de ton album ?

Marcelus : Après un disque, tu réfléchis souvent au suivant et Tresor voulait que je fasse quelque chose chez eux, car j’avais déjà pondu trois EP. DJ Deep m’avait demandé un morceau pour sa compilation Kern. Je savais que c’était les 25 ans de Tresor, j’arrivais sur mes 30 ans, 1995-2016 ça faisait 20 ans que j’écoutais de la techno, j’avais fait ce track “Vibration”, c’était le point de départ de l’album. C’était une bonne opportunité de me lancer dans un projet un peu plus consistant.

Sur mes maxis je suis très dispersé, je n’ai aucun problème à tout mélanger. Sur l’album je me suis dit qu’il fallait garder une ligne directrice, il y a des couleurs différentes, mais j’ai voulu quelque chose d’un peu plus ordonné que d’habitude. Finalement, je pense que contrairement à beaucoup de producteurs qui prennent l’exercice de l’album pour se lâcher, j’ai fait les choses à l’envers.

– Ton album s’appelle Vibration, qu’est-ce que ça signifie pour toi ?

Marcelus : C’est très personnel, ça parlera aux gens qui font attention. Les titres de mes morceaux sont avant tout liés à mes centres d’intérêt. J’aime beaucoup ce qui touche au spirituel, à  l’intangible. Si tu pioches dans mes titres : “Enlightement”, “Perception”, “Transient”, “Meta”… J’ai toujours fait ces petites allusions, ce sont des sujets très vastes liés à la conscience, l’introspection, l’instinct, je pense que c’est très lié à la créativité.

Je me vois un peu comme un câble et je dois y laisser passer la créativité, et ça implique vraiment de travailler sur soi, de se remettre en question, d’essayer d’atteindre un certain état d’esprit et de conscience. Pour la petite anecdote, lorsque Jonas Kopp, qui est quelqu’un d’assez spirituel, a vu les titres, il me disait qu’on était sur la même longueur d’onde et il a adoré le disque d’ailleurs.

– La pochette rappelle un peu certains tableaux futuristes d’Italie du siècle dernier. Est-ce également un clin d’oeil?

Marcelus : Non c’est moi qui l’ai fait, j’ai tout fait sur cet album. On verra le résultat final parce qu’on doit tout de même coller aux impératifs du label. C’est parti d’un ressenti, j’ai fait ça à l’aveugle, et comme pour le mastering finalement j’ai été amené à le faire moi-même.  En plus ça colle réellement avec le discours de Dimitri Heggemann pour les 25 ans de Tresor, qui encourage et tend à offrir plus d’espace aux artistes pour s’exprimer  et expérimenter et je me suis dis que c’était le bon état d’esprit. Au final c’est assez innocent, ce n’est pas parfait, mais c’est moi.

– L’acceptation de soi c’est une valeur qui t’est chère ?

Marcelus : Je n’ai pas toujours été comme ça, c’est une question de personnalité et d’approche. Finalement tout ce qu’on fait est très éphémère, je ne sauve pas des vies, je fais juste de la techno, comme beaucoup de monde, je cherche un sens à ma vie. Dans mon cas, ça passe par la musique, par la créativité, ça donne un semblant de sens à mon existence, j’ai eu la chance de me faire tamponner par la techno très jeune et je m’y suis accroché. J’aime ça comme j’aime ma mère, ça m’a tellement apporté.

Marcelus - Vibration - TRESOR287 Artwork

Marcelus – Vibrations – TRESOR287

A2 / Foreplay
B1 / Steel Drums
B2 / Transient
C   /  Multiply
D1 / Funky Datas
D2 / Vibrations
E1 /  Meta Jam
E2 / Same Where, Different When
F1 / Jungle Electronique
F2 / Fear Is Gone