L’histoire de la house à Détroit a souvent fait des laissés pour compte. Elle comporte son lot de zones d’ombres et de silences. Si aujourd’hui Internet s’empresse de propulser le moindre jeune talent émergent de la Motor City, l’outil a également permis à une constellation d’artistes discrets, mais présents depuis plusieurs décennies, de refaire surface. En 1997, Norm Talley sortait sur son premier EP sur City Boy, mais à l’époque l’intéressé exerçait essentiellement dans son pays natal et ne traversait pas souvent l’océan. Depuis 2009, sa carrière internationale a pris un nouveau départ grâce à de nombreuses sorties impulsées par quelques labels tels que Third Ear Recordings à Londres ou Dockside Records en France qui ont permis de remettre son travail au goût du jour. La plupart de ces sorties mêlaient anciens travaux et nouvelles productions permettant ainsi à l’artiste de construire un pont entre les époques, mais aussi un pont entre les générations. Il y a quelques mois, nous avions eu la chance de le rencontrer avant la soirée Rue De Plaisance au Rex. Cette rencontre nous a permis de découvrir un personnage sympathique et avenant  dont les années d’expérience forcent le respect. Bonne lecture !

Detroit’s house history always was highly competitive and did not give golden tickets to everybody. Thanks to Internet, European electronic actors seems to pay a lot of interest to every newcomer from the motorcity, but it also allowed to more discreet figures from the 90’s to surface again. In 1997, Norma Talley released his first Ep on City Boy, at that time he was mostly playing in his country. Since 2009, his international career took a new start thanks to many releases from Detroit devoted label such as Third Ear Recording in London or Dockside Record in France. These labels allowed to the artist to have a new exposure thanks to releases composed with previous tracks and new materials. A bridge between two era that allowed to the new generations to appreciate and discover another time this facette from Detroit. Months ago we had the great opportunity to meet Norm Talley before his gig at Rex Club. It was a good opportunity to exchange about his long career.

– Bonjour Norm, alors hier tu jouais au Trésor ?

Oui, c’était super, j’ai passé un bon moment.

– Hello Norm, so yesterday you were playing at Tresor?

Yes, it was great, I had a good time.

– Ce club a toujours eu une connexion particulière avec Détroit.

Effectivement, beaucoup de personnes de Detroit ont joué ici. Hier soir, il y avait beaucoup d’artistes de Detroit aussi : Patrice Scott, DJ Bone, Alan Oldham… On se sentait un peu à la maison.

– This club always had a special connection with Detroit.

Yes, I think so. A lot of people from Detroit have played there. Last night, there was a lot of Detroit artists too. Patrice Scott, Dj Bone, Alan Oldham… It was a real Detroit feeling.

– Savais-tu que le Trésor projette d’ouvrir un nouveau club techno à Detroit ?

Oui, à l’endroit de l’ancienne usine Fisher Body. Je pense que c’est plutôt positif pour Detroit et les artistes en général. C’est toujours bien d’avoir un club d’envergure internationale.

– Did you know that Tresor was planning to open something in Detroit?

Yes, the old Fisher Body Plant I think it’s a positive thing for Detroit and the artists in General. It’s good to have a club with an international feel.

-Y a-t-il beaucoup d’endroits comme ça maintenant ?

Il y a des clubs qui passent de la house et quelques clubs qui passent de la techno, ça dépend des artistes disponibles. Là il est question d’un endroit à grande capacité. Je pense que ce sera un club important, une sorte d’entrepôt, ce qui est plus grand que la moyenne à Detroit. Cela donnerait l’opportunité à beaucoup d’artistes de présenter leur musique à une plus large audience dans le Michigan. C’est quelque chose de positif : c’est bien pour les artistes de la région et pour toutes les personnes impliquées, c’est gagnant/gagnant .

– Now are there many places like this?

There are clubs that play house and some club playing techno depending the artists performing there but there are some but this is rather a big place. I think it would be a major club, a kind of warehouse that is bigger that the conventional venue in Detroit. That would give to a lot of artists a very large venue to showcase their music in the Detroit Area. I think it’s a positive thing. It’s a win/win move. It’s good for the artists from the area, and for all the people involved.

– Il y avait déjà beaucoup de gens qui jouaient en club tel Ken Collier ou Stacy Hale. Avant ta majorité ou est-ce que tu jouais et faisait la fête ?

J’ai commencé en jouant dans des fêtes privées dans les arrières-cours, comme beaucoup de DJs de Detroit. Les fêtes en clubs se déroulaient dans des salles des fêtes. Dans les années 1980, il y avait Charivari et Snobs à Detroit. Il s’agissait de groupes de personnes qui organisaient des événements, ils étaient suivis par toute une communauté et faisaient la fête ensemble. D’une certaine manière, les Social Clubs ont façonné les premières heures de la « dance music » à Detroit. Lorsque nous avons grandi, nous sommes ensuite allés dans les boites de nuit, car nous avions passé l’âge. Beaucoup de personnes dans ces clubs étaient étudiants.

– There were already a lot of people playing like Ken Collier or Stacy Hale. Before you reached the clubs, what was your way to play and to access to music?

I started doing backyard parties, which a lot of Detroit Djs did; club parties were in rental halls for social clubs. There were social clubs in Detroit in the 80’s like Chari Vari and Snobs ,and it was groups of people, and they would have events. They would have a following of boys and girls that all come together and have a party. Social clubs kind of structured the early Detroit dance music scene. It molded it. As we grew up, we went to nightclubs because the social clubs were high school clubs. A lot of people in these clubs were students.

– Le public qui a commencé à aller en club à cette époque a maintenant environ 50 ans, mais tu joues toujours la même deep house que tu jouais dans les années 90. Comment as-tu vu le changement du public au fil des années ?

Ce changement s’explique d’abord parce que nous vieillissons. Les lycéens de l’époque ont atteint la trentaine dans les années 1990, c’est un changement important, car nous faisions la fête ensemble à Detroit depuis plus de 30 ans. Tout le monde a vieilli, a fondé des familles et s’est découvert différents goûts musicaux avec plus ou moins de maturité.

– The crowd that started to go to clubs at that time are now around 50 years old but still you are playing the same deep house that you were playing in the 90s. How did you see the change of the crowd during all that years?

Part of that is simply that people got older. People who were the high school kids were middle-aged in the 90’s, it’s one big change because we were partying together in Detroit for more than thirty years. Everybody is getting older, have familys and discovered different tastes for music with more or less maturity.

– Comment as-tu commencé à produire?

J’ai d’abord été DJ de 1982 à 1996, je n’ai commencé à produire qu’en 1995. Mon premier EP est sorti en 1997. C’était sur City Boy, le label d’Eddie Fowlkes. Trois mois après cette première sortie, je faisais mes premières dates en Europe. Le fait de savoir que si je sortais des disques, je pouvais voyager à l’étranger m’a beaucoup motivé. Ce n’était pas la seule raison mais ça m’a vraiment incité à me construire mon studio et à me mettre à produire. J’ai commencé à sortir des morceaux sur les labels de mes amis puis sur des labels étrangers.

– What was the start as a producer for you?

I played for about 15 years before I even made a track from 1982 to 1996. Between 1995 and 1996 I started producing to put my first record out in 1997. I did it on Eddie Fowlkes label City Boy recordings. Within three month after I put my first record out I got my first international gig overseas. That really sparked my production mode to know that if I put out records I could travel internationally. It was not the only motivating factor, but it was one factor that truly impacted on my decision to create my studio at home and to produce tracks and put them out. First I put them out on some friend’s imprints then I did it internationally.

– Donc tu voyageais déjà à la fin des années 90. Après 2002 ou 2003, ta discographie reprend en 2009. Là c’est avant tout sur des labels européens en y incluant toujours un de tes titres précédemment sortis. Dans quoi t’étais-tu impliqué pendant toutes ces années ?

Durant ces années, j’assurais quelques résidences à Detroit. Je mixais et je produisais toujours des tracks, mais je ne les sortais pas. Après 2008, j’ai décidé de sortir davantage de musique. Personnellement, je n’aime pas avoir trop de morceaux sortis au même moment, je préfère donner une chance à chaque production de rayonner. Je n’ai jamais arrêté de mixer et produire. Durant ce temps, je faisais des collaborations avec Mike Clark et Delano Smith, notamment une appelée « The Detroit Beatdown ». Nous avons tourné sous ce nom pendant pas mal d’années. J’avais quelques résidences dans des clubs comme le Flood, l’Agave. Je menais ma vie de DJ dans mon circuit à Detroit. Je voyageais toujours, mais moins fréquemment et je passais le reste de mon temps dans mon studio. J’ai toujours les morceaux que j’ai produits à cette époque, doucement, mais sûrement ils sortiront.

– So you were already travelling at the end of the 90s. After 2002 or 2003, you started to release again on European labels in 2009, always with a reissue of one track from your previous releases. What were you involved with all those years ?

During those years, I had some residencies in Detroit. I was always djing; I was still producing tracks, but I was not releasing as many as I put out after 2008, which is when I decided to put out more music. Personally, I don’t like to have too much music out at once; I prefer to give each production a chance to shine. I don’t like to have a lot of things out simultaneously.

I was still producing and djing; I never stopped. During that time, I was doing collaborations with Mike Clark and Delano Smith ,The Beatdown collaboration. We were touring under that moniker for quite a few years. I had residencies in few clubs called Floods Agave… I was doing the dj thing on my Detroit circuit; I was still travelling but not too much and I was working in my studio. I still have the tracks that I produced, slowly but surely it will come out.

– Pourquoi as-tu stoppé ces résidences ?

Cela provenait des clubs, les établissements fermaient à cause de problèmes de propriétés entre autres, ce n’était pas de mon fait. J’ai eu d’autres résidences : j’étais à Agave pendant presque cinq années, ce qui est plutôt long, j’étais à l’Oslo pendant un an et demi puis j’étais au Flood pendant un an et demi aussi donc cela représente presque dix années de fêtes hebdomadaires. Cela demande beaucoup d’énergie de recréer la même nuit toutes les semaines, d’étudier la musique et d’obtenir de nouvelles musiques. J’allais aux WMC de Miami tous les ans, j’ai donc reçu des vinyles de promotion pour les ramener et les jouer à Detroit pendant 16 ans.

– Why did you stop those residencies?

It was for club reasons; club closed due to ownership problems and things, it was not of my choice. I had other residencies at Oslos. I was at Agave for about five years, which is quite a stretch. I was at Oslo for a year and a half, I was at floods for a year and a half so it’s about a ten years span of doing weekly parties. So that takes a lot of energy to keep recreating the same night every week, studying music, gaining new music. I was going to Miami’s WMC every year, so I did that for 16 years to receive vinyl promos to bring it to Detroit to play it.

– Ça vaut toujours le coup d’aller à Miami maintenant ?

C’est très différent maintenant, tout d’abord à cause du vinyle. Lorsque nous allions à Miami à l’époque, nous recevions beaucoup de test press qui étaient introuvables en magasins. Nous étions donc les premiers DJs de notre région à jouer ces morceaux. Les artistes voyageaient à Miami pour échanger de la musique. Nous passions des démos sur des cassettes audio et les mixions pour être bookés. Quand internet n’était pas vraiment développé et que le partage de fichier n’avait pas encore lieu d’être, il n’y avait pas de DJ sur CD, il n’était question que de deux platines vinyles. Maintenant avec tout le partage de fichier et la promotion en ligne, il est possible de télécharger ce dont nous avons besoin directement à partir de l’artiste. J’ai rencontré la plupart des personnes que je voulais rencontrer, j’ai un contact direct avec eux maintenant. Donc aller aux WMC n’est plus aussi pertinent que ça ne l’a été pour ma part. J’ai toujours accès à la musique à laquelle j’ai envie d’avoir accès, sans avoir à aller à Miami.

– Is it still valuable to go to Miami now?

It’s very different now, first of all because of the vinyl. When we were going to Miami previously, we were receiving a lot of test pressing that you could not get at the store because it was not out. So you were the first dj in your area to play these tracks. The artists were travelling to Miami to exchange music. We were passing out Demos on cassette tapes and mixes to get bookings. When Internet was not very developed, and file sharing was not a subject there was no Cdjs, it was just about two turntables.

Now, with all the file sharing and promos that you get on the Internet, you can download what you needed directly from the artist. I met most of the people that I wanted to meet. I have direct contact with them now so it’s not as relevant for me as it used to be.I still have access to the music I want to have access to without having to go to Miami.

– Tu parlais justement des téléchargements et du partage de fichiers. Lorsque tu as commencé, il n’y avait pas la quantité actuelle de musiques disponibles aujourd’hui. Ce qui faisait qu’un DJ était bon à cette époque, ce n’était pas les morceaux, mais les compétences. Maintenant qu’il y a beaucoup plus de sorties, penses-tu que l’abondance de choix tue la créativité ?

Le digital a inondé le marché. Dans les années 1980 et 1990, il y avait beaucoup de bonne musiques. Ce n’était pas aussi facile de faire un disque que ça l’est maintenant. Tout le monde a un ordinateur portable maintenant, à l’époque il fallait économiser puis dépenser beaucoup d’argent pour obtenir cet équipement, ou bien il fallait payer des heures de studio. C’était un gros investissement, ce n’était pas seulement un ordinateur portable et un programme. Je pense que cette barrière a empêché beaucoup de mauvaises musiques de voir le jour, car c’était sérieux de sortir un disque. Il fallait acheter des séquenceurs,des machines, des claviers. Cela représentait beaucoup d’argent investi et ça a élevé la qualité. Ceux qui n’avaient pas les moyens de le faire ne le faisaient pas, mais maintenant tout le monde le fait, tout le monde a son disque avec son nom dessus.

– You were just speaking about downloading and filesharing. When you started, there was not the current amount of music that is out now. The thing that could make a good dj at that time was not the tunes but the skills. Now that there is way too much music out for one person, do you think hyper-choice killed creativity.

Digital flooded the market. In the 80’s and the 90’s there was a lot of good music out. It was not as easy to make a record as it is now. Every person has a laptop now, Back in the days, you had to save and spend a lot of money to gain this equipment or you had to pay for studio time. You had to invest a lot of money into it. It was not just a laptop and a program. I think those barriers cut out a big part of the bad music because it was very serious when you were doing a record. You had to buy sequencer and machines and keyboards. It was a lot of money invested into that. That brought the quality up. If you did not have the money to do it, you could not do it, but now everybody is doing it, everybody has a new record out.

– À t’écouter, on dirait que produire de la musique est un sacrifice.

Bien sûr, c’est un sacrifice. J’ai voyagé loin pour dégoter ma TR-909 et trouver mon Juno 106. J’ai dépensé beaucoup d’argent que j’aurai pu dépenser dans d’autres choses, mais j’ai décidé de le dédier à la musique. C’était une somme d’argent conséquente. C’est un investissement à vie.

– Thats interesting because by hearing you it seems that producing music is about sacrifice.

Sure, it’s about sacrifice. I travelled far to purchase my 909 to find my Juno 106. I sacrificed a lot of money that I could have used for other matters, but I decided to dedicate it to music. That was a large chunk of the money. It’s a lifetime investment.

– Récemment, tu as intégré le digital à tes productions.

Oui, j’ai intégré le digital depuis un an maintenant. Tous les morceaux faits avant cela l’étaient avec du matériel analogiques. Je viens juste de commencer à travailler avec Maschine que j’ai appris à utiliser grâce à Mike Huckaby. J’aime m’en servir bien que ce soit digital.

– Recently you integrated some digital things.

Yes, I integrated some digital things for a year now. Every track made before that was always with analog devices. I just begin to work with Maschine I learned about this through Mike Huckaby. It’s digital, but I enjoy using it..

– Mis à part le son, la principale différence lorsque l’on travaille avec du digital est que l’on peut voir la musique. Sachant que tu as travaillé avec de l’analogique une grande partie de ta carrière, quelle est la différence de pouvoir voir de la musique ?

Il fallait vraiment que je m’habitue à cela. Lorsque l’on travaille avec des machines analogiques, on ne peut jamais regarder la musique. C’était une méthode qu’il fallait que j’acquière car tous les mixes que je faisais étaient sur des installations de mixes standards, sans écran. Avec le temps cela peut mieux convenir, car il est possible de revenir en arrière et recommencer à nouveau, effacer et corriger. Les barres sont visibles, on peut voir si l’on va trop loin et corriger les erreurs rapidement et facilement. Bien que, quelques fois, sur une mise en place analogique, l’erreur peut finalement s’avérer ne pas être l’erreur. Lorsque l’on fait de la musique avec un ordinateur cela peut être trop parfait, du coup on corrige tous les problèmes. Si un morceau semble trop parfait, il n’y a pas d’écoulement naturel de la musique. Une erreur peut être un bienfait.

– Aside of the sound, the main difference by working with digital is that you can see the music. As you worked with analog a big part of your career, what is the difference in being able to see the music?

I really had to get used to it. When you work with analogic machines, you never can look to the music. It was something that I had to be comfortable with because all mixing that I did were on a standard mixing desk. There are no screens or anything. With time, it can be more convenient because you can go back and start again, erase and correct. You can see the bars; you can see if you go too far and correct mistakes quickly and easily. However, sometimes on an analog setting the mistakes may not be actually the mistake. When you do music with a computer it could be too perfect, then you correct every problem. If your track sounds to perfect, you don’t have a natural flow for the music. A mistake can be a blessing.

– As-tu eu des accidents comme cela ?

Bien sur ça arrive tout le temps, du moins si tu produis avec des machines analogiques. Il est possible que tu pousses un bouton, que tu fasses une fausse manipulation qui enlève ou remette un élément. Et quelques fois tu peux dire « Hey ça marche » et tu peux avoir envie de le laisser comme cela, sans vouloir le corriger.

– Did you have some accident like this?

Sure it happens all the time at least if you are producing with analog device. You may push a button, or you may do something and it may drop out or it may drop back in. And sometimes you can say, “ hey that works” and you want to leave it like that you don’t want to correct that.

– Tu disais que Eddie Fowlkes a édité ton premier disque, quel rôle joue-t-il dans ta carrière ?

Il a vraiment eu une influence sur le fait que je sorte des disques. Il me disait tout le temps de faire des disques. Il m’a réellement poussé à cela, car, comme je disais, je n’étais encore qu’un DJ. Eddie avait déjà sorti des disques, il voyageait déjà, il insistait tout le temps sur le fait qu’il fallait que j’en sorte un aussi. Il avait déjà un studio, donc j’allais chez lui et Darren Abram. Je les regardais faire de la musique et je les voyais voyager, donc cela m’a vraiment motivé à sortir un disque. Cela a été une énorme influence au début de ma carrière, car si je ne l’avais pas fait pour Eddie, Darren ou Juan, je n’aurais pas sorti de disques. Je pense que je serais juste resté un DJ. Cela m’a permis de m’exprimer musicalement, tout comme ils s’exprimaient.

– You said that Eddie Fowlkes released your first record, what role did he have in you career?

He definitely had an influence on me for making records. He would always tell me to make records. He really pushed me to make a record because like I said I was just always a dj. Eddie already had records out he was already travelling; he was always insisting on the fact that I had to do a record. He already had a studio, so I was over his house and Darren Abram’s house. I was watching them doing music and seeing them traveling, so it really motivated me to make records. It was a huge influence at the beginning of my career because if it was not for Darren, Eddie or Juan I don’t think I would have done a record. I think I would just have been a dj. It allowed me to express myself musically the way they were expressing themselves.

– La seconde partie de ta carrière internationale a été lorsque tu as commencé à réaliser des sorties à l’étranger, mais tu n’as jamais créé ton label. Peux-tu nous en dire plus sur ton projet « Upstairz Asylum Recording » ?

Ce projet est toujours en cours, j’essaye de mettre un peu d’ordre dans ma vie pour créer un label. C’est un business qui demande beaucoup de temps. Je dois juste organiser mon temps afin de faire cela en plus de voyager, tourner, mixer, de la musique… Aujourd’hui encore j’aime l’idée de vendre de la musique à travers le monde, ça viendra en temps et en heure. Je n’aime pas précipiter les choses, j’aime prendre mon temps et faire les choses correctement.

The second start of your international career happened when you started to release abroad, but you never created your label. Could you tell us more about your project Upstairz asylum recording?

This project is still on-going, I am making time in my life to run a label. It’s a business and you have time to nurture such project. I just have to structure some time in order to do that aside travelling, touring, djing, doing music, etc., etc. I still want to run a label and to sell music worldwide; it will come in due time. I don’t like to rush thing; I like to take my time and do things properly.

– On dirait que tu te considères plus tel un DJ qu’un producteur.

Tout à fait, je suis d’abord un DJ puis un producteur.

– It seems you consider yourself more as dj than a producer.

Yes, definitely, I am dj first then a producer.

– Quand on regarde ta carrière, il semble que tout s’est réalisé au moment venu, mais les cinq dernières années ont été plus remplies que les dix années précédentes. Quel rôle penses-tu que les réseaux sociaux ont joué dans ta carrière ?

Cela impacte l’exposition de la musique. Il est possible de sortir un disque et le promouvoir en amont comparé à l’époque où il fallait sortir et les donner de main à main, maintenant il suffit d’utiliser les réseaux sociaux. Voilà pourquoi on peut obtenir instantanément une exposition internationale. Avant, il fallait donner la promotion ou envoyer un colis à un DJ pour entendre son morceau joué en club. Maintenant, il suffit de le poster sur les réseaux sociaux et tout le monde peut le voir, même ceux qui ne veulent pas le voir. Je pense que c’est positif, car cela permet de partager de la musique aux masses.

– Do you think that social network and Internet really shortened time? When we look to your career, it seems that everything comes in due time, but the last five years in Europe were more full than the ten years before. What role do you think it had in your career?

It impacts the exposure of your music. You can make a record and promote it even before than it pressed. Compared to back in the days when you had to go out and pass them out hand-to-hand, and now you just use a social network. That’s why you could get international exposure instantly. Before you had to give the promo or mail it in order for Djs to bring it to the club to play it. Now you just put it on social network, and everybody can see it even people who don’t want to see it can see it. I think it’s positive because you can share your music to the masses.

– Ne penses-tu pas que c’est de cette manière qu’un artiste manque certaines étapes en terme d’épanouissement ? Tu avais déjà une longue carrière derrière toi, tu avais passé ces étapes, mais cela ne peut-il pas permettre de faire des raccourcis faciles ?

Oui, beaucoup de DJs ou producteurs ou DJs/producteurs sautent peut-être trop rapidement sans être forcément prêts, je suis d’accord sur ce point. Tu peux être jeté dans le grand bain un peu trop vite sans pour autant avoir les épaules pour le supporter.De nos jours, les personnes évoluent à travers une scène mondiale. Des fois cela va trop vite et certains DJs sont limités en termes de compétences et de connaissances. Ça peut être à double tranchant, car tout le monde n’est pas prêt à être exposé.

– Dont you think its not the way to miss a step in the construction path of an artist? You already have a long career behind you; you had those steps, but did it not allow people to do easy shortcut?

Yes, a lot of dj or producer or dj/producers are jumping maybe too quick, and they may not be ready, so I agree on this point. You can get thrown in the basket to quick and may not have the skills that you need to have a successful career. Now people are evolving in a worldwide stage, sometimes it goes to quick and with limited skills and knowledge of music it could be a double-edged sword because you may not be ready for that exposure.

– Qu’est-ce qui explique ta longévité selon toi ?

Selon moi, juste jouer et faire de la bonne musique. Soit c’est bon, soit ça ne l’est pas, c’est plutôt simple. La bonne musique sera toujours jouée.

– What could explain your longevity?

I think just playing good music and making good music. If it’s good it’s good, its kind of simple, if it’s not it’s not. Good music will be played forever.

– Comment vois-tu l’exercice de créer un album ?

Je pense que ça vient tout seul, en ce qui me concerne, j’aimerais y  rassembler des choses différentes. Ce n’est pas pareil que faire un EP, un album doit raconter une histoire. Pour mon premier album je voudrais le rendre vraiment spécial, ça ne sera pas uniquement pour les clubs. Il y aura un mélange de musiques pour l’écoute et pour la danse, ça monterait crescendo.

– How do you see the album exercise?

I think it has be natural , in my case I would like to put different things there. It’s different than doing an Ep, an album has to tell a story. For my first album,  I would like to make it really special. It’s not going to be only for the club ,There will be a little bit of both listening and dancing. Gradually as you go thru the album you move from listening to dancing.

– Où est-ce que tu le sortirais ?

Je dois d’abord finir la musique, c’est ce qui compte avant tout, je déciderai plus tard.

– Where would you release it?

I have to finish the music first, it is the first concern. Then I will have to decide

– Quand tu étais enfant, tu distribuais des journaux pour t’acheter des disques. Y’a-t-il eu des albums qui t’ont touché ?

Oui, surtout de jazz. J’ai commencé en tant que collectionneur. J’ai toujours aimé la musique et mes parents aussi. J’ai construit ma collection avec l’argent gagné par mes journaux, j’ai acheté de la musique puis des machines.

– When you were a child, you were delivering newspaper to buy your records. Do you have LPs that touched you?

Yes, mostly jazz, I started as a collector. I always loved music and my parents love music. I built my collection with my newspaper money; I bought music then equipment.

– Comment penses-tu que l’héritage de Detroit se passe de génération en génération ? On peut voir avec Youthville que de nombreux ponts  sont construits par les différentes générations. À Chicago, cela n’arrive jamais, ça se développe différemment. Comment penses-tu que cela affecte l’état de santé culturelle de Detroit ?

C’est toujours important de rendre à une génération plus jeune, car c’est elle qui va tenir la torche plus tard. Il faut construire une base solide pour les prochaines générations en les instruisant et leur montrant la bonne direction. Si ça prend, elle pourra prospérer. Voilà pourquoi un projet comme Youthville est si positif.

You can see it with Youthville and several bridges built between the different generation. In Chicago, it never happened it developed differently. How do you think this affects Detroits cultural wealth?

It’s always important to give back to a younger generation because those are the ones who are going to carry the torch in the future.You have to build a ground base for the next generation instructing them and showing them the right way. If they follow, They can flourish. That’s why Youthville is so positive project.

– Qui t’a donné la torche ?

Ken Collier et Melvin Hill, Stacy Hale étaient plus vieux que moi. J’ai acheté des disques de Ken Collier pendant des années, il a donc influencé mes goûts musicaux et ma collection.

–  Who gave you the torch?

Ken Collier and Melvin Hill, Stacy Hale were older than me. I bought records from Ken Collier for years, so he influenced my musical tastes and my collection.

Un dernier mot…

Nice meeting you !