La marque de boisson énergisante la plus mélomane du monde est de retour pour une nouvelle édition de son festival parisien et le moins que l’on puisse dire, c’est que le programme est alléchant. Entre une lecture du géant Terry Riley, un set spécial Prince de Mr. Moodymann, une soirée hip-hop 100% live et des créations tous azimuts, la cuvée 2018 promet d’être belle.

Nous avons échangé quelques mots avec Guillaume Sorge, directeur artistique & programmateur du festival : casting idéal, découvertes de demain & bousculer son public.

Crédit photo : Samuel Smelty ©

Une nouvelle rentrée musicale, et une nouvelle édition du festival parisien de Red Bull Music. Tout d’abord, comment ce rendez-vous s’est-il installé ?

Tranquillement. On est sur un format de festival un peu hybride : pas d’unité de lieu, des événements thématiques couvrant un spectre musical très large, des soirées qui reposent souvent sur des concepts plus que sur des têtes d’affiche. Du coup c’est peu être un poil moins évident en terme de communication mais ça me paraît plus excitant et complémentaire de ce que peuvent proposer d’autres festivals. Ce type de projet met toujours un petit peu plus de temps à être identifié.

On sent une envie de répertorier, cartographier la ville & ses scènes à travers cette programmation : l’accent est mis sur la diversité, à l’image de la soirée Hyperstation. Comment se monte une telle programmation ?

Oh pour Hyperstation c’est simple : la Station – Gare des Mines est le lieu le plus excitant à Paris ces dernières années, un endroit où j’ai passé beaucoup de nuits et perdu beaucoup de points de vie. L’idée de faire une soirée là-bas était évidente et on a travaillé sur une sorte de programmation « idéale » pour une soirée là-bas. En général, cette programmation idéale ne marche jamais pour des problèmes de dispo des artistes, de budget, etc. Et là, pour la première fois, tout a marché. On a tous les artistes de la liste idéale, donc je suis excité comme un dingue.

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Aux côtés de DJ et artistes plus parisiens, de plus grosses venues sont très attendues, comme Oneohtrix Point Never et son installation mi-live, mi-performance. À quoi peut-on s’attendre lors de ce concert exceptionnel ?

C’est un show qui ne laissera personne indifférent, les gens vont adorer ou détester ce qu’ils vont voir. C’est aussi le rôle d’un festival de proposer des choses un peu radicales, qui ne caressent pas forcément le spectateur dans le sens du poil. Pour moi rien de pire qu’un festival où on connaît toute la programmation, et où chaque artiste joue exactement le set de son album. En tant que spectateur, j’ai envie d’adorer ou de détester ce que je vois, j’ai envie qu’il se passe quelque chose. C’est ce qu’on essaie modestement de faire.

Pour revenir au show d’Oneohtrix Point Never, Daniel Lopatin a travaillé sur une version scénique de Age Of avec des musiciens live et un énorme travail de vidéo. Pour avoir vu le show à New York, je peux vous dire que c’est à la fois grotesque et sublime, que ce que j’ai vu m’a hanté pendant des semaines après le concert (ce qui est toujours un très bon signe), comme me hante la musique d’OPN depuis ses débuts. C’est – je pense – un des artistes les plus brillants de sa génération.

Une autre particularité du festival est de présenter de l’inédit, en live. Je pense à la nuit « Diggin’ In The Carts » ou au très alléchant « Cadavre Exquis ». Ici aussi, comment pense-t’on un tel assemblage de genres & d’artistes ?

Alors pour Diggin’ In The Carts, la création est venue en discutant avec OKLou qui nous a présenté Lucien Krampf, son partenaire. On a été bluffé par son énergie et sa créativité. Ils travaillent sur un jeu vidéo dont l’interface permettra à OKLou de se produire en live, avec les écrans 360° de la Gaité. Ce projet est aussi son travail de diplôme de l’École Louis Lumière, on lui a acheté un ordi pour qu’il puisse le mener à bien. Le rôle de notre festival c’est aussi de permettre à ce type de projets de voir le jour. Pour Cadavre Exquis, l’idée était de prendre le format du « jazz impro » qui peut être ultra chiant et de le tordre en proposant un casting protéiforme, hors du commun, avec des musiciens qui sont bons parce qu’ils sont intenses plus que par leur virtuosité (même s’ils le sont pour la plupart). On a travaillé avec Chassol sur le casting. Encore une fois on prend un petit risque, ça devrait être un grand moment.

Des concerts, du clubbing, une conférence, le tout sur une semaine complète : un festival & les musiques qui y sont proposées se vit-il mieux au quotidien ?

Oui, pour peu que l’on adopte une hygiène de vie saine : pas de cigarettes, pas d’alcool et on privilégie les mode de déplacement « doux » pour se rendre aux concerts (vélo, à pied, surtout pas en trottinette par contre).

Red Bull Music s’est installé à Paris de façon durable de part son festival, à l’image de Pitchfork Music Festival. Tout semble dire que Paris est un lieu idéal de création & de vie, le sentez-vous vraiment ?

Franchement, j’ai la chance d’écumer les soirées et les concerts de cette ville depuis une grosse vingtaine d’années. Ne croyez pas ce qu’on vous dit : ce n’était pas mieux avant. L’âge d’or, c’est maintenant, profitez-en. 

Une question un peu obligatoire pour la fin, interview programmation oblige. L’artiste dont vous attendez le plus la venue ?

Nihiloxica, un groupe de percussionnistes Ougandais qui est le truc le plus intense que j’ai entendu depuis des années dans le genre. Ils joueront après JASSS à la Station le 29 septembre. Ce sera leur première date en France, ils sont – je pense – promis à un grand avenir.

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 Red Bull Music Festival Paris, c’est du 24 au 30 septembre. Tout le programme – et il y a de quoi faire – est disponible ici.