À l’occasion de notre 300ème podcast, nous nous sommes entretenus avec Steve Summers. Habitué de labels de qualité tels que L.I.E.S., Future Times, Echovolt, Clone et d’autres, l’américain se livre sur ses multiples projets et met en lumière son dernier album Mutant Beat Dance, qui est en bonne position parmi nos albums préférés de l’année. Rendez-vous dans quelques jours pour découvrir la 300ème livraison !

Salut Jason, peux-tu te présenter ?

Salut, je suis Jason Letkiewicz, producteur de musique électronique basé à Chicago.

Quand as-tu commencé à produire ?

J’ai commencé à produire de la musique vers le début des années 2000 avec mon groupe Manhunter, composé de moi-même et d’Ari Goldman (Beautiful Swimmers, ndlr). On utilisait des effets avec différentes pédales et un CD-R intitulé “The creepy guy behind the bushes” pour créer un genre noisy. Peu à peu, nous avons commencé à insérer d’autres rythmes et éléments liés aux Electribes Korg, ce qui nous a orienté vers les genres house et techno. En revanche, nous avons toujours été un groupe utilisant uniquement des enregistrements de nos sets live pour nos productions. Aujourd’hui encore, l’enregistrement en live est ma façon préférée de produire.

Quelles sont tes premières inspirations ?

Les premières musiques que j’ai écouté sont celles de mon père. Je me souviens qu’il utilisait sa guitare, sa basse, et une machine drum digitale. Il improvisait pour ensuite enregistrer des morceaux de rock. À l’époque, j’étais très intrigué par sa machine, qui était une Yamaha RX-11. À part les musiques de mon père, il y avait une station de radio, “WAVA”, qui avait une programmation nocturne spéciale le week-end, dans laquelle des DJs jouaient et mixaient. Je me souviens que je les enregistrais pour les ré-écouter plus tard.

Comment tu es arrivé à produire de la musique électronique ?

Ça s’est fait plutôt lentement. Ma première connection avec le monde électronique en terme de labels et de sorties s’est faite grâce au label Ghostly International. En 2006, ils ont sorti une track “North Pole” de notre groupe, Manhunter, sur la compil The Idol Tryouts Vol. 2. On a aussi sorti une track digitale “Body Double”, toujours avec Ari. De mon point de vue actuel, pour moi et mon pote Ari, ces productions n’étaient pas sérieuses. J’ai toujours sorti des productions sur des labels d’amis. Par exemple, en 2008, j’ai sorti l’EP Rhythm Based Lovers “Boogie Version” sur Futures Times, et Rhythm Based Lovers “Basic Rythms sur FrequeNC. Après ces sorties, Clone m’a contacté via ma page Myspace, sur laquelle il avait le morceau Shake The House sous le pseudonyme Steve Summers. Ils m’ont demandé si je voulais faire partie de leur nouveau Jack For Daze Series. Après ça, Ron Morelli m’a demandé si je voulais être le premier EP de son label, L.I.E.S., car il connaissait mes alias et ma musique depuis un moment.

Tu as sorti principalement des EPS sur des labels américains. Peux-tu nous parler de la scène électronique US ?

Je suis récemment retourné à New-York pour jouer à une soirée Confused House, et c’était intéressant de voir à quel point c’était différent de l’époque à laquelle je vivais là-bas. Je me suis toujours senti comme appartenant à quelque chose et là, j’étais déphasé … Chicago est bien plus concentré sur le live. Du côté des DJs, tu peux aller aux soirées HOTH organisées par Beau Wanzer, les Traxx’s Passage Night dans un petit bar ou encore au Danny’s et découvrir de la musique incroyable… Après, tu peux faire la fête au club Smart Bar, mais je préfère les lieux un peu plus intimiste.

Tu t’es créé de nombreux alias : Alan Hurst, Confused House, Death Commando, Jason Letkiewicz, Malvoeaux, Rhythm Based Lovers, Sensual Beings. je suppose que chacun à son histoire … Pourrais-tu nous expliquer le choix et idées correspondant à chacun d’entre eux ?

C’est une façon de partir en vacances sans quitter le studio. C’est très difficile pour moi de me concentrer sur une chose à la fois, et de créer plusieurs projets et personnages me permet de faire une sorte de remise à zéro concernant ma créativité. En plus de ça, je pense sincèrement que les contraintes liées aux univers propres à chaque alias favorisent la créativité. Certains projets sont des mondes créés par rapport aux machines que j’ai utilisées, d’autres sont juste des enregistrements live à un moment donné. Certains sont des extraits de sessions de jam, tandis que d’autres sont méticuleusement travaillés pour qu’ils aient un début et une fin. Certains sont des cassettes, d’autres des vinyls.

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Confused House

Les productions créées sous l’alias de Confused House sont le résultat de pas mal de jam entre potes. Concernant Bookworms, au début on enregistrait nos jam, et lorsqu’on est devenu coloc, on a eu la chance de pouvoir travailler et digger ensemble plus intensément.

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Manhunter

Ari Goldman et moi-même sommes amis depuis un bon moment et donc nous avions l’habitude de jouer ensemble quand on était plus jeune avec notre groupe de rock. On parle toujours de sortir un futur projet ensemble, pour l’instant ce n’est pas d’actualité mais j’aimerais beaucoup.

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Innergaze

Un cas classique d’un couple qui commence un duo avec des synthés.

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Two Dogs In A House

Ron Morelli et moi-même avons essayé de sortir un projet orienté house. Notre première sortie était travaillée et structurée, tandis que les deux autres étaient un peu plus en freestyle. The Eliminator Session était pour moi un nouvel angle d’attaque.

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Mutant Beat Dance  

J’ai rencontré Melvin (Traxx, ndlr) et Beau Wanzer en 2011. L’an dernier, Melvin est venu me voir, en me proposant d’intégrer le groupe. Il souhaitait que j’aide le duo à améliorer des morceaux déjà existants car il savait que je jouais de la basse et que je travaillais avec des effets. J’appréhendais un peu au début car quand tu rejoins un projet déjà établi, il peut être difficile de trouver ta place. Finalement, on s’est tous les trois très bien complétés, ce qui a donné pour résultat l’album éponyme : Mutant Beat Dance.

Comment vous avez produit l’album éponyme Mutant Beat Dance ?

L’idée de créer le concept de livre/album vient de Melvin, et l’artwork à l’intérieur vient aussi de Melvin et de Beau. La photo en bandeau a été prise par ma copine, c’est l’allée qu’il y a derrière mon appartement. Concernant la partie sonore, certains morceaux sont des vieilles productions qu’on a repris pour les terminer ou recommencer. D’autres proviennent de nouveaux enregistrements. En tout cas, je suis sûr que mon voisin de palier était bien content quand nous avons terminé l’album !

A découvrir sur le soundcloud du disquaire incontournable, Rush Hour, le dernier album Mutant Beat Dance :

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