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Originaire de Bâle, en Suisse allemande, le trio Alma Negra – traduit « Black soul » -, présente ici son premier EP entièrement dédié sur Basic Fingers plutôt orienté house-disco.  Le label suédois prend ainsi,  pour ce nouvel opus, un carrefour entre afro et techno, nous plongeant ainsi dans l’univers riche et métissé des trois diggers invétérés que sont Mario, Dario et Dersu que nous avions déjà interviewés à l’occasion du Macki Festival et qui viennent de sortir un PHNCST. Autour de cette passion, un projet commun s’est créé, nourri par une envie, celle d’avoir la liberté de jouer les musiques qui les inspirent et ce, là où ils le veulent. Afro, disco, musiques tropicales et pointes house et techno, beaucoup d’influences qui viennent ainsi méthodiquement rythmer leurs sets comme une invitation au voyage. La sortie se veut à l’image de ce parti-pris.

Dernièrement, on semble assister à un retour des musiques instrumentales sur les dancefloor, pourtant trop souvent délaissées par les ambiances club au profit d’une orientation plus électronique. D’un point de vue extérieur, il est plutôt agréable de voir la palette de choix musicaux s’élargir de soirées en soirées, tout autant qu’il est agréable de voir des DJ’s prendre des directions inattendues, plus matures et bien assumées. Alma Negra expose avec cet EP sa volonté d’entremêler styles et époques afin de créer un univers très personnel. L’exercice se veut bien différent selon qu’il s’agisse de productions ou de Djiing. C’est pourquoi nous préciserons ici qu’il est de Mao Negra dont il sera question.

Dès le début de l’EP et sa track éponyme, le trio pose des bases solides, ancre la structure en profondeur et place des sonorités en orbite, parfois perçues comme des environnements aquatiques,ou comme des percussions d’acajou. A cela s’ajoute une voix ample qui vient délibérément nourrir le morceau pour créer une ambiance que l’on pourrait presque qualifier de transe, nous plongeant ainsi dans la tradition du style afro–voodoo.

Le second morceau “Messa” se montre plus puissant. L’intensité s’amplifie, la basse se veut plus présente. A celle-ci vient s’ajouter un riff, qui envoûte l’auditeur. Sur cette base, Alma Negra enfonce le clou à l’aide d’un cri/souffle que l’on croirait tout droit sorti des entrailles des membres d’une tribu Massai ; « Messa – Messa ». Paradoxalement, le morceau s’allège par la présence des chœurs dans un arrière plan, qui, au fil du morceau, devient tout aussi important que les premiers éléments, monte en puissance.

Pour finir, « Tribal Echoes » vient renforcer l’identité électronique de l’EP. Des percussions jouent le rôle de hi-hats en complète arythmie avec une basse cyclique captivante. Les cymbales et autres éléments électroniques présent dans le morceau offre une fois encore un bel exemple de métissage en mélangeant avec succès les genres.

Le trio nous offre ici ainsi une première sortie de bon aloi, mêlant tradition tropicale et rythmiques afro avec une construction moderne imprégnée des musiques électroniques. Un premier EP qui, bien que contrôlé, aurait cependant gagné à être nourri d’une palette de sonorités encore plus élargie, comme précédemment par leur edit sur Sofrito Cap vert. En effet “l’edit” et la composition sont deux exercices différents, il pourrait-être intéressant dans un futur EP de voir les deux domaines s’entremêler afin d’offrir une sortie encore plus complète.

3,5/5