Label défricheur, inattendu et précurseur, Antinote fête ses cinq années de bons et loyaux services avec une compilation remplie d’artistes et producteurs habitués de la maison. En quatorze titres, le label fondé par Zaltan prouve une fois de plus toute sa pertinence.

Le chemin d’un label indépendant – qui plus est de musique(s) électronique(s), est semé d’embûches, de prises de risques et de coups de poker. L’évolution des sorties peut alors suivre les modes, ou bien s’en affranchir, voir même les dicter. Chez Antinote, label fondé il y a donc cinq années de cela, c’est un peu des trois. Précurseur, tout d’abord : la première sortie s’est faite de façon fortuite, à la suite de l’excavation de démos techno option industrielle, brute et frontale datant de 1993 de Iueke – ses désormais fameuses Tapes. Et une demie décennie plus tôt, la techno n’avait pas encore repris le chemin des dance floors par la grande porte, loin de là. Antinote se positionnait alors aux côtés d’In Paradisium, label versant lui aussi dans la techno indus et expérimentale et qui ont préfiguré la vague (encore actuelle) de BPMs.

Insaisissable, Zaltan n’en fait qu’à sa tête – ou plutôt ses coups de cœurs : la seconde sortie est la dream-pop éthérée de Syracuse, à mille lieux d’Iueke donc. Sans détailler le désormais long back catalogue, chaque sortie part dans une direction inattendue et surprenante : s’affranchir des modes est ce qui définit le plus Antinote. Et toutes ces modes, courants, sous-genre sont regroupés ici, dans la compilation anniversaire ; l’occasion de croiser une nouvelle fois tous les habitués des murs – Nico Motte, D.K., Geena, Tolouse Low Trax, Domenique Dumont – et les recrues les plus récentes, Alek Lee et Inoue Shirabe en tête. Le résultat brasse tous les styles et aspirations actuelles, sans succomber aux carcans de la piste de dance. La priorité est faite au beau bizarre, comme le morceau d’ouverture de Dumont, “+371”, tout en bleep téléphoniques, ou encore le “Maurilia” de Raphaël Top Secret. Pour les amateurs des beats, l’attention se portera sur “Giza”, la contribution tribale et downtempo d’Iueke et surtout le “Raut” proto-électronique et bancale de Tolouse Low Trax. Rien d’étonnant à ce que cet enchaînement soit ainsi fait : toute la vision et l’esthétique du label pourrait être résumé dans ces deux morceaux : du beau bizarre pour dancing aventureux.

Five Years Of Loving Note est disponible via Bandcamp. La release party officielle aura lieu samedi à la Station – Gare des Mines, à Paris avec bien sûr Zaltan, Nico Motte, D.K., Geena, Tolouse Low Trax & Iueke et plus encore. Tentez de gagner vos places !