Membre fondateur du Honey Soundsytem, Robert Yang aka Bézier, lance un nouveau projet, à la fois nouvelle entité et nouveau label : bodyzone est né, et avec lui, deprogrammin v01, premier long format énergique, intense et énigmatique. 

Il nous avait déjà soufflé avec 府城, collection de pop-songs traumatiques, enregistrées à Taïwan l’année dernière. Traversées par le deuil, hantées par la disparition d’êtres chers, Bézier révélait une facette que l’on ignorait de lui – moins italo, moins disco, plus introspectif. 

Ici, c’est encore tout autre chose. Proto-acid à 140 BPM, house sombre sous reverb, expérimentations 8-bit : on trouve tout cela dans l’ordre, puis le désordre. De l’intro furieuse « Sedan de Ville » à « Pluto Rising », en passant par « Palisades », Bézier – pardon, bodyzone, s’amuse à brouiller les pistes et à les rendre plus sombre minutes après minutes. 

Rétro-futuriste dans son imagerie – la pochette reprenant certains codes visuels de Tron – et dans ses références – un synthé n’est jamais loin, ce long format déroute : tant d’idées, de directions, d’essais ? L’enchainement « Aquatic Cathedral » et « Hieratic » en est un exemple frappant : d’un slow-disco synthétique, on saute dans l’hyper-espace à bord d’une fusée drexciyenne sous acid. Mais c’est en cela que cet album est rafraichissant. Parce qu’il est déroutant et saute d’une idée à l’autre, on ne s’ennuie que rarement, et pas pour longtemps.


deprogramming v01 s’écoute et se lit comme un manuel de (dés)apprentissage : un retour à un zéro créatif, à une page blanche. Se libérer de ses automatismes, de ses fixations et pré-requis pour laisse libre court à une créativité nouvelle, naïve, re-programmée. 

bodyzone, deprogramming v01