JR Seaton  revient chez Houndstooth avec un maxi riche, introspectif et dansant intitulé “Migrant/Meltintu”. Le  prodige anglais est un habitué du label, chez qui il a sorti son premier album « Suzi Ecto » l’an passé ainsi qu’une poignée d’EPs.

Call Super apporte un soin particulier tant à ses productions qu’à la façon dont il les présente. On a déjà pu apprécier différentes facettes de son travail par le passé, de la techno claquante de ses EP Present Tense et Black Octagon à l’épurée electronica  de son album Suzi Ecto, Seaton prouve qu’il a une maîtrise appliquée et une curiosité insatiable.

Son dernier maxi offre une bonne synthèse de ses talents au travers d’une house introspective et profonde. « Migrant », malgré son titre à l’évocation politique lourde, sonne comme une invitation à une danse chaleureuse. Une manière pour le producteur « d’apporter quelque chose de positif à un terme aux connotations dramatiques » comme il le dit lui-même.  Musicalement, le morceau s’articule autour de synthés aériens flottants, tandis qu’une ligne de basse minimale et funky, rappelant les premiers instants de la techno des 90’s vient faire groover le tout. La rythmique, minimale elle aussi,  rappelle la house classique avec son kick sur les premiers temps et des percussions chaleureuses. Call Super a le sens du détail, et tout est ici extrêmement bien ficelé tant dans la structure que la production, les mélodies de synthé, d’une apparente simplicité, évolue constamment et se font de plus en plus complexe. Call Super  vient également insérer çà et là des éléments de surprise, subtilement, détournant ainsi notre attention comme pour nous amener à mieux nous concentrer ou nous permettre de nous laisser simplement porter par le groove, sans jamais s’en lasser.

« Meltintu » fonctionne selon une formule assez similaire mais avec un groove plus dynamique et une rythmique appuyée. Comme si, après l’invitation à la danse, on entrait ici dans le vif du sujet. Le morceau évoque fortement la techno anglaise du début des années 90, avec ses synthés mélancoliques, et sa basse galopante et funky. Une rythmique appuyée et une pluie d’arpèges cristallins vient ici nous porter dans une danse à la fois douce, introspective et physique, tout en subtilité. Le morceau, du haut de ses 7min45, semble pourtant se terminer avant même qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte, signe d’une réelle maîtrise de la temporalité et de la construction de la part de l’anglais.

Ce maxi sonne finalement comme une bonne suite à Suzi Ecto, offrant deux morceaux aux atmosphères mélancoliques  invitant à la réflexion sur soit comme à la danse partagée. A la fois physique et émotionnelle, la musique de Call Super, si elle possède des éléments familiers n’en reste pas moins unique et singulière.