Deptford Goth

« Etablie quelque part entre le réel et le synthétique ». Ni plus ni moins. Voilà comment Daniel Woolhouse, brillant créateur de Deptford Goth décrit sa musique et les onze morceaux qui composent son premier album, Life After Defo, sorti sur le label de Milo Cordell, Merok Records (Crystal Castles, Klaxons ou encore The Teenagers).

Lorsque début janvier je tombe par hasard sur « Union », cela ne m’apparaît pas comme une évidence. C’est plus la mélancolie du morceau qui ne me laisse pas indifférent. Ces quelques notes de piano rythmées par une snare minimaliste et sur lesquelles viennent se poser une voix claire, douce avec un soupçon de détresse : « If I belong with everyone, everyone I’ve ever known, I belong with everyone, everyone I’ve ever known is here, with me ». Une détresse alors soulagée par l’arrivée d’une nappe planante, de samples quasi abstraits et une boîte à rythmes saccadée, me sortant alors de ma torpeur. Pas de quoi crier au génie non plus, mais suffisamment pour être assez intrigué et attendre la suite de son premier EP, Youth II.

Cette suite, c’est donc Life After Defo, littéralement « la vie après, absolument », premier album au nom intrigant du producteur britannique. Woolhouse croirait-il en une existence après la mort ? Souhaiterait-il s’y projeter dès maintenant. Le fait de vivre dans le présent serait alors la cause de cette tristesse et de cette mélancolie dont l’album est imprégné ? Parce qu’à l’écoute, c’est une sorte d’énergie mystique et transcendante qui en ressort et qui vient nous toucher au plus profond de nous-même. Et ce qui est le plus étonnant, c’est que ce n’est pas désagréable. L’album présente une grande force provenant principalement du travail de production de Daniel Woolhouse et de sa volonté de créer un univers intime et personnel mais qui au final relève d’une certaine universalité.

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Deptford Goth

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Des ambiances aérienne de “Life After Defo, aux rythmes presque R&B de « Feel Real », jusqu’à l’influence IDM de « Objects Objetcs », les onze morceaux de Life After Defo ont une base, une essence commune, très identifiable : cette voix, grave et parfois monotone; dégageant une bonne dose d’émotions sur la balade « Lions ». Mais une essence traversée par un ensemble d’influences reflétant les racines musicales de Deptford Goth.

Daniel Woolhouse fait partie de cette génération de musiciens londoniens, originaires du sud de la capitale britannique et qui ont  vu émerger au milieu des années 2000 le dubstep et le grime. Une scène dont ils n’ont pas été les acteurs principaux contrairement à des artistes comme Kode 9, Zomby ou Burial, mais par laquelle ils ont été profondément marqués pour en devenir les héritiers directs. Dans la lignée de The XX, Jamie Woon, Darkstar ou encore Vondelpark, Deptford Goth vient, à sa façon, grossir les rangs de cette scène britannique post-dubstep et du nombre de producteurs talentueux qui en ont fait sa renommée aujourd’hui.

Alors que le lundi 8 avril sortira Overgrown, second album très attendu de James Blake, un nouveau prodige de l’électro-indie a peut-être vu le jour avec Deptford Goth. C’est  probablement un peu trop m’avancer que d’affirmer cela, mais Life After Defo est une belle œuvre de dream-pop qui laisse imaginer que de bonnes choses pour la suite et qui sait, mènera peut-être Daniel Woolhouse, au même niveau que l’auteur du désormais célèbre “Limit To Your Love”.

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Deptford Goth – Life Atfer Defo (Merok Records / Cooperative Music)

Disponible

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