Légendaire compilation mixée, la série DJ-Kicks continue de traverser 2020 avec un casting impeccable, ici avec Avalon Emerson. Au cordeau, mentale, très dancefloor friendly et pourtant très pop, cette livraison nous a conquit.

« Long-Forgotten Fairytale » : c’est par ces mots que débute le DJ-Kicks d’Avalon Emerson. Une entrée en matière rafraichissante mais qui ne surprend pas, tant d’une part la productrice et DJ a toujours su manier les références et les ambiances avec un certain talent : débuter une compilation mixée par une ritournelle pop n’est pas chose facile. D’autre part, la série DJ-Kicks a elle aussi toujours su jouer d’un casting inattendu, ce qui donna quelques livraisons épiques (au hasard, celle faite par Erlend Øye, monument intouchable). 

Emerson prend donc le relai dans un exercice de style qui, depuis la multiplication des podcasts, radios et live-streams, garde étrangement toute sa saveur ; à la sur-abondance survit la curation, et le DJ-Kicks d’un.e artiste reste comme un manifeste. Un rapide coup d’oeil au tracklisting nous indique presque les directions entreprises : Anthony Acid, Soundstream, Smith ’n’ Hack, Tranceonic d’un côté du dancefloor et Oklou, Austra, !!! (Chick Chick Chick) et Avalon Emerson elle-même de l’autre. Car l’autre particularité est de fournir des inédits – ce qu’elle fera par trois fois. L’ouverture « Long-Forgotten Fairytale » donc, mais aussi « Wastelands and Oases » et « Poodle Power » : un titre pop, une ballade slow-rave aux relents acid dans des contrées tourmentées et une envolée synthétique space-italo, respectivement. Soit trois facettes de son travail de productrice, mais aussi et très justement trois situations vers lesquelles nous poussent son DJ-Kicks : repos pop, trance synthétique et martellement acid-esque.

Jongler, travailler la matière et les références pour en faire un voyage électronique de haute-voltige : c’est ce qu’arrive à faire Emerson. Un voyage qui ne suit que ses propres envies et qui ne s’encombre d’aucune contradiction, ni d’aucune guerre de chapelles – comment alors enchainer le r’n’b éthéré de la française Oklou à la techno/IDM d’Oceanic, de la torpille criarde de Smith ’n’ Hack jusqu’à la disco bodybuildée de Soundstream ? On pourra continuer ainsi longtemps tant la science non-pas du mix mais de la selection transparait à chaque instant. 

Une science que l’on cultive tant que l’on peut, qui ne s’étudie que très peu et qui touche Emerson de plein fouet. 

DJ-Kicks, Avalon Emerson
K7! Records