Sorti d’un injuste anonymat en 2014 par Music From Memory qui édita une compilation de ses travaux (pour beaucoup d’inédits) composés à l’origine au milieu des 80’s, Gigi Masin, compositeur et producteur italien, est depuis de retour à la création. Sa dernière oeuvre en date est Calypso : un album dédiée à la déesse grecque de l’eau.

Nymphe, fille d’Atlas, reine de l’île d’Ogygie, Calypso recueille Ulysse après son naufrage, tombe amoureux de lui et le convainc de rester avec elle, sur l’île. Elle lui offre même l’immortalité, s’il accepte de renoncer à son retour à Ithaque. Mais Zeus, écoutant les récits que sa fille Anetha lui fait de cette situation, prend pitié d’Ulysse et ordonne à Calypso de le libérer. Il resta sept années sur l’île, soit beaucoup plus longtemps que tous les autres obstacles rencontrés sur son chemin. 

Gigi Masin, vit lui aussi sur une île : ce n’est pas Ogygie, mais Venise. On ne sait pas s’il s’est plongé, au propre comme au figuré, dans l’eau mythologique d’une île grecque, mais il la sonorise avec beaucoup de douceur. 

Aérien, émotionnel, contemplatif, hyptonique, mélancolique, extatique : les termes pleuvent dès que l’on envisage décrire la musique de Masin. Et c’est un peu de tout cela qui nous tombe dessus dès les premières notes de « Calypso », titre qui ouvre l’album : des cordes aériennes, répétées à l’envie, saupoudrées de gouttes d’eau cristallines. Une répétition dans laquelle se trouve une certaine forme de lâcher-prise : la superposition des instruments, des mélodies et des petits ajouts granuleux, que l’on image presque comme étant du field recording, nous plonge dans une stase heureuse. Mélancolique sans être pesant, les seize titres de Calypso s’égrènent sans peine, sans douleur. Un sourire aux lèvres, les yeux mi-clos, on savoure des instants hors du temps. Les plus émotifs d’entre-nous pourront avoir une larme qui jaillit d’un coin de l’oeil. On vous comprend. 

Gigi Masin, Calypso