En 2018, la deep house fine, douce et aux aspirations lo-fi de 박혜진 Park Hye Jin apparaissait au monde. Deux années d’une intense tournée plus tard, la DJ et productrice est de retour avec un second EP, How Can I, sur le grand Ninja Tune.

La house a de beaux jours devant elle. Ce n’est pas une prédiction sortie d’une boule de cristal, mais l’observation que l’on s’en fait presque tous les jours. Une boucles de 808 à la fois, le genre ne se ré-invente pas mais mute continuellement tout en ne brulant pas les idoles. C’est qu’elle est rentrée dans un âge respectable : suffisamment pour être respectée, mais pas autant pour incendier le passé. C’est dans cette ornière actuelle que bons nombres de producteurs et DJs ont vu leur notoriété exploser – parmi eux, 박혜진 Park Hye Jin. 

Celle qui a ouvert le bal au feu super-club parisien Dehors Brut en juillet dernier n’était, étrangement, responsable que d’un seul EP en 2018, IF U WANT IT. Étrangement, oui : impossible de passer à côté de son nom depuis, alors que sa discographie reste objectivement mince. On ne saurait dire si c’est le signe des plus grand.e.s ou bien une forme de succès fulgurant, toujours est-il que Park est attendue de pied ferme, son second EP sous le bras. 

How Can I est, lui aussi, une collection hétéroclite, puissante et énergique. Mais, là où le précédent pouvait pêcher par manque d’ouverture et effets de répétition, celui-ci marque une certaine rupture. La house n’est plus la pièce maîtresse : techno, pop et juke rentrent dans la danse, avec énergie. Chaque morceau est soufflée avec force par un vent chaud, tantôt lumineux ou caverneux. 

De l’inaugural « Like This », qui se raccroche là où IF U WANT IT s’était arrêté – basse lourde, esthétique lo-fi, ritournelles vocales – à « Beautiful », la conclusion métallique, acide et éthérée, on parcourt une suite de cavalcades toutes vissées au-dessus des 130 BPM. On tape sur pied sur « NO », brûlot techno que l’on a très très hâte d’entendre dans un hangar (à la rentrée, on y croit), s’envole dans les circonvolutions juke de « How come » avant d’être saisi par la respiration « How can I ». Une pop-song down tempo où Park chante, rape, enfin un peu des deux et où, probablement, elle déverse ses tourments amoureux et sentimentaux (« How can i call you bae? ») avec énormément de fragilité. 

Traversé par une chaleur et une envie d’en découdre, Park se livre beaucoup sur ces titres : une catharsis peut être, ou une envie de s’ouvrir aux autres. Mis bout à bout, cela donne une étrange sensation familière : celle d’une fête un peu triste, sur un dancefloor qui nous sert de guérison. 

 박혜진 Park Hye Jin, How Can I
Ninja Tune