Leurs oeuvres teintent nos images, les habillent & les subliment. Avec SOUNDTRACK, on part à la rencontre des grands et, après Ennio Morricone et Piero Umiliani, nous continuons notre voyage à travers l’Italie des 70’s avec à l’affiche, il maestro Piero Piccioni.

Savant inspirateur de la musique de films, son nom revient souvent dans les bandes sonores italiennes des 70’s. Sans le savoir, vous avez déjà approché un de ces disques, nombreux à avoir été réédités ces dernières années. Et même si le film semble obscur, indéniablement, Piero Piccioni revient et s’impose dans le décor de nos influences. Comme la majorité de ses contemporains, il va développer un style early jazz dans ses compositions – élément révélateur des années 60 aux 80’s – tout en travaillant particulièrement l’esthétique de la bossa nova brésilienne. Architecte d’un son cinématographique sur quatre décennies, répertorié sur plus de 300 compositions, il va construire tout au long de sa carrière une approche et une identité inédite, dans la même veine qu’un Umiliani : à mi-chemin entre les producteurs de renom italiennes et les films érotiques à petit budget.

Malgré un profil d’outsider, cet excellent pianiste autodidacte inspiré par un père qui l’emmène dans des orchestres et récitals, va faire ses premiers pas en 1938 dans le Big Band « 013 »souvent évoqué parmi les pionniers du jazz en Italie. Alors profondément marqué par le cinéma et les films d’Hitchcock et de Capra, il fait rapidement dans les années 50 ses débuts dans le big screen. Il est également très inspiré à cette époque par les innovations d’Alex North, alors jeune compositeur américain qui va introduire des tendances nouvelles dans la musique de films, fondé sur le jazz et la dissonance.

Tous ces ingrédients vont ainsi amener Piero Piccioni à devenir une compositeur hors-pair et travailler avec les plus grands producteurs de sa génération, de Bernardo Bertolucci à Dino RisiSon oeuvre à la fois riche et si vaste, que l’on vous propose de la découvrir dans nos pages à travers quatre albums, quatre projets cinématographiques ancrés dans le temps et pour certains, réédités ces dernières années. Démontrant quelque part, l’intérêt intemporel des compositions du maître.

3 notti d’amore (1964) • CAM (1964) / FOUR FLIES (2019)

Alors en début de carrière, Piccioni réalise la composition du film 3 Notti d’amore accompagné des compositeurs Giovanni Fusco et Carlo Rustichelli. Décennie encore très marquée par l’early jazz classique, la bande sonore lui fait honneur avec ses déchaînement orchestraux classiques, un ton dramatique et romantique, saupoudré d’un vent brésilien avec l’apport d’instruments à vent et de percussions, dans un style clairement orienté bossa nova.

On retiendra notamment “Come on Rome“, “Giochi d’amore” et “Your smile“. Pour la réédition, le label Four Flies dont on vous parlait ici, signe sa copie en 2019 en empruntant un style graphique bien à lui, tendance cinéma Nouvelle Vague.

Colpo Rovente (1970)

Rien de tel qu’un film de 1970, pour nous offrir ce que l’ère post 68 a de plus cher : le psychédélisme et l’érotisme. Genre très convoité par les génies italiens de la pellicule sonore, l’érotisme est un classique à travailler à l’image. Piero Piccioni s’y aventure ici dans Colpo Rovente, où l’on retrouve l’avancée ingénieuse des synthés, entourés de voix façon yéyés posées en arrière fond, aux envolées lyriques et orchestrales. Et puis, mention spéciale pour la croisière bossa nova sur Acapulco.

Ne passer pas à côté de “Colpo Volente”“Mexican Dream” ou encore “Acapulco”.

Camille 2000 (1969) 

Adaptation du roman d’Alexandre Dumas La dame aux Camélias, cet erotico signé Radley Metzger – parmi les premiers réalisateurs de films de sexploitation entre autre – offre un condensé de décor futuro seventies et la bande-son se révèle encore plus excitante ! Sorti en salles en 1969, la bande sonore ne sortira elle qu’en 1998 sur le label Easy Tempo … “Easy lovers”, “Tears in brasil” et “Funky Lovers ” sont des must.

Il Dio sotto la pelle (1974) • Easy tempo (2000) / Sonor Music Editions (2020)

Même histoire pour la bande sonore du film Il Dio sotto la pelle, qui ne voit le jour sur Easy Tempo qu’en 2000. Enregistrée à l’origine pour le film-documentaire de Folco Quilici et Carlo Alberto Pinelli en 1974, ce chef d’oeuvre recherché mêle jazz, soul, exotica et psychédélisme. Parfait mélange des genres, accompagné de l’éblouissant orgue Hammond à la production, et puis l’introduction de la voix rêveuse de Catherine Howe. Sa réédition cette année sur Sonor Music Editions est une excellente nouvelle pour les amateurs du genre !

On recommande chaudement “Katmandu (psyché)” et “It’s impossible (feat. Catherine Howe)”.

Retrouvez les deux premiers épisodes de notre série SOUNDTRACK avec Ennio Morricone et Piero Umiliani.