Lobster Theremin s’impose depuis une petite année comme le dénicheur de nouveau talents Techno. De fait, le boss du label, Jimmy Asquith a su réaliser – en moins d’un an – un petit tour du monde des producteurs inconnus, avec pour première sortie, l’exceptionnel Equation de Palms trax, une réussite complète pour le jeune berlinois. L’EP a même été décliné en deux versions présentant des remix différents, Tin man notamment. Après un départ en trombe du label, celui-ci nous a proposé de découvrir le Hongrois Route 8 suivi de Manse, Snow Bone et enfin l’Italien Steve Murphy dans un registre pour le moins différent de ces sorties sur Chi-Ra-wax. Pour ce dernier Opus, Lobster fait escale à Detroit en s’associant avec Rawaat pour une sortie transpirante la Motor City.
Rawaat signe ici sa première sortie vinyle. L’EP s’introduit avec le titre « Caverns of Reflexion », on se retrouve plongé dans un univers particulier ; un univers lourd et profond qui, avec sa chaleur, nous intrigue et nous pousse à en savoir plus sur l’artiste. L’on atterrit directement sur le méconnu, mais néanmoins, percutant label qu’il dirige, Crisis Urbana Material. Le nom sonne comme une réponse directe à nos questionnements. Une identité forte qui est tirée d’une zone géographique que l’on sait chargée en émotions et en histoire ; l’on devine un personnage impliqué, touché par ces mêmes histoires. Sentiment confirmé à l’écoute des sorties proposées sur ce dernier label. (Toutes sur format cassette et digital, éditées par de jeunes artistes, majoritairement de Detroit avec pour ligne directrice un univers Rythme & Noise aussi imposant qu’envoûtant, la réalisation de DJ Guy en est, par ailleurs, un bon exemple).
Pour sa première réalisation, Rawaat propose un tour d’horizon de son savoir-faire en assurant le maintien d’une cohérence tout au long de celle-ci, dans un univers sombre et ample. L’EP semble ainsi progressivement évoluer de la mélancolie à une sorte de libération. Le premier morceau « Caverns of Reflexion » est une track ambiant où la fine addition d’un timbre de voix léger, mais inquiétant, nous fait directement entrer dans l’univers de l’artiste. L’expérience continue avec « Exp 2 » où l’apport d’un groove supplémentaire grâce aux drums downtempo, ainsi que les lignes de synthés atmosphériques nous permettent de quitter le sol pour faire une escale plus haut, sur « Motion Sensor » un morceau aussi expérimental que mental aux lignes saturées. Le morceau s’inscrit indéniablement dans la lignée des sorties sur son label Crisis Urbana. S’en suit, deux morceaux plus « libérés », orientés scène mais gardant, cependant la même essence qui a permis la construction des trois premiers. « Day Laborer », morceau Techno Lofi bien dans le style des précédentes sorties sur Lobster Theremin, est une arme de destruction supplémentaire pour dancefloor modernes. La saturation de la basse est encore plus présente que dans le dernier morceau. Cette dernière montée sur pivot nous envoûte instantanément, les roulements de hi-hats viennent nous attaquer pour nous pousser à nous raccrocher à la seule sonorité humaine qui n’est autre que cette voix groovy qui perse petit à petit les premières couches. En guise de dernier titre un Rework a été confié au Talentueux Huerco S dont on ne cesse de vanter les mérites. Il s’agit d’une version plus légère que la précédente, avec un aspect « raw » atténué, pour une version plus house bien qu’une touche transe ne manque pas de venir nous maintenir bien éveillé, durant les sept minutes du morceau.
Rawaat nous offre donc un EP complet, cohérent et nous montre, que la nouvelle génération de producteurs de Detroit est en en train de s’étoffer. Cette première sortie laisse prétendre à un futur prometteur, et ce tant en ce qui concerne le producteur qu’en ce qui concerne le label. On ne peut que remercier Jimmy Asquith de nous faire découvrir autant d’artistes talentueux que prometteurs« Next homard » Imrie Kiss !