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Deux ans après l’excellent Linear S Decoded, disque de techno expérimentale aux accents industriels et ambient, le mystérieux duo suédois SHXCXCHCXSH signe son retour avec un troisième album au(x) titre(s) audacieux. Toujours signé sur Avian, label fondé par les anglais Shifted et Ventress, cet opus semble s’aventurer toujours plus loin dans l’abstraction, qu’elle soit sonore – par le biais d’une techno hybride savamment maîtrisée – ou visuelle, l’album étant construit par rapport à une certaine esthétique.

Cette même esthétique rendant difficile la chronique de ce disque ; un simple coup d’œil sur la tracklist le prouve (les « trackID please ! » en soirée seront peut-être agacés). Cependant, du propre aveu du duo, ce parti pris est justifié par ce « besoin d’abstractions » visuelles et sonores qui caractérise assez souvent l’auditeur de techno et, plus largement, de musiques électroniques. On perd assez vite pied dans ce LP, tant par son titrage pyramidal que musicalement, et justement on en redemande.

La face A introduit doucement l’auditeur dans la torpeur caractéristique du duo, tout d’abord par un court morceau d’ambient (« Ss », A1) où arpèges mélancoliques côtoient nappes glaciales. Plaisir cathartique entretenu dans le second track où s’ajoutent craquements et beats, donnant à l’ensemble un caractère paradoxalement organique. Après un A3 aux sombres accents dub (« SsSsSs »), la face se termine comme elle a commencé avec une piste mélodique sans aucun rythme, gagnant progressivement en puissance.

La deuxième face commence, elle, de manière bien plus austère avec un morceau abrasif aux teintes noise et industrielles, dans lequel le bruit blanc et la distorsion commencent à prendre l’avantage. Le B2 est marqué par un kick à la mesure droite et rapide ainsi qu’un arpège ultra-répétitif aux sonorités acides et dissonantes, rappelant de loin certains morceaux de krautrock ou de l’école de Berlin. Le troisième morceau de la face B est finalement plus proche d’un interlude drone/noise, tandis que le quatrième et dernier morceau de celle-ci consiste en l’incroyable montée en puissance d’une pulsation au sein d’une véritable mécanique d’échos et de distorsion.

 

 

Le troisième side s’ouvre sur ce qui semble être la grosse balle de l’album (ci-dessus) : rythmique au groove prononcé, mélodies trancy bien qu’énigmatiques (rappelant finalement quelque peu l’univers de PC Music, simple réflexion de l’auteur). S’enchaînent ensuite une piste de techno syncopée (C2) puis un morceau sans aucun doute le plus noise de l’album (C3) avant que ne se termine la face, sur un track ambient aux nappes anxiogènes proches du travail de Drexciya et de certains UR.

Enfin, la quatrième et dernière face s’ouvre sur un track shamanique, rythmiquement similaire au B2 mais avec des éléments texturaux et mélodiques plus puissants. Le morceau suivant continue dans cette veine, avec toutefois l’absence d’une rythmique prononcée. Le dernier track, enfin, consiste en une même superposition de bruits abstraits et de nappes mélodiques, éléments s’effaçant ensuite progressivement pour laisser la place au silence.

En conclusion, ce troisième album de SHXCXCHCXSH, sombre et abstrait, peut paraître difficile d’accès. Il déconcerte forcément l’auditeur à la première écoute, mais au final il s’apprécie – tel un disque d’ambient –  autant dans la concentration que dans le repos de l’esprit.

Sortie en microsillon, cassette et digital le 6 juin.