Chaque année, nous nous livrons au périlleux exercice du Top des meilleurs disques sortis sur les 12 mois précédemment écoulés. Celui-ci retrace les LP’s qui ont marqué nos rédacteurs dans des styles variés allant de la pop la plus singulière à des contrées moins communes, autant dire des répertoires très variés sur lesquels notre équipe se fédère et parfois diverge.
Cependant, comme on aime à l’affirmer la richesse est dans la diversité et ces LP’s illustrent parfaitement le propos. La liste qui suit n’obéit à aucun classement si ce n’est alphabétique, elle a été pondue de façon totalement spontanée par notre équipe et donne un aperçu fidèle de ce qui a tourné dans nos casques ou sur nos platines en 2015. 2016, nous voilà !
ACTION BRONSON – MR WANDERFUL – VICE RECORDS
S’il fallait choisir un seul disque rap cette année, ce serait définitivement le LP d’Action Bronson ! Vous le connaissez sûrement comme une incarnation de Bacchus dans la web série “”Fuck That’s Delicious””, le rappeur du Queens a fait son grand retour avec Mr Wanderful, album carré et abouti produit par les meilleurs : Noah 40 (responsable des productions de Drake) et Statik Selektah, l’apôtre. Les clips sont immanquables.
ANTHONY NAPLES – BODY PILL – TEXT RECORDS
Sorti chez Four Tet, le producteur New Yorkais a délaissé le management de son label (Proibito) le temps d’un LP. Pour cette occasion, il met de l’eau dans son vin et ralentit le pitch. Les morceaux fleurent la solitude et l’errance dans les rues de la Grosse Pomme. Lo-Fi et Downtempo, Body Pill est une ode à la musique électronique la plus mélancolique.
ARCA – MUTANT – MUTE
Après avoir co-produit le dernier album de Bjork et sorti en 2014 son premier disque, Arca revient avec Mutant, une façon pour lui d’approfondir son esthétique et de pousser encore plus loin ses réflexions sur les genres. Marqué par le hiphop, le r’n’b et l’electronica, qu’il déconstruit ici comme personne, Mutant est comme son nom l’indique un mélange étrange, autant effrayant que fascinant. “
BADBADNOTGOOD & GHOSTFACE KILLAH – SOUR SOUL – LEX RECORDS
Les crossover Jazz et Hip-Hop sont souvent redondants ou mal branlés, mais l’alliance du groupe canadien BadBadNotGood et du rappeur du Wu Tang Clan vise très juste. GhostFace est au service des instru et non pas l’inverse. Il règne une dynamique intéressante et une réelle osmose se fait sentir. GFK est incisif, BBNG précis et l’album s’écoute d’une traite sans fausse note.
BAMBOUNOU – CENTRUM – 50WEAPONS
Alors que son premier long format laissait perplexe, Bambounou nous a définitivement convaincu avec ce second album poignant et froid. Globalement calme, l’album laisse toutefois la place à quelques tracks club. On aime sa simplicité et les paysages urbains dépeints au travers de ces dix titres.
CHASSOL – BIG SUN – TRICATEL
Son précédent projet, Indiamore, était une claque. Big Sun en est une autre. Le pianiste nous offre une belle aventure autour de la Martinique entre les montagnes, la plage ou encore le carnaval de Fort de France. La formule est certes connue mais le contenu n’en est pas moindre, loin de là, et nous montre une vision très personnelle de l’ile caribéenne. Encore du très bon sur le label Tricatel.
CHILLY GONZALES – CHAMBERS – GENTLE THREAT
Le virtuose canadien Jason Charles Beck revient avec un nouvel album solo qui mélange pop et musique de chambre. Accompagné du Kaiser Quartet, le canadien propose un disque plus accessible sans pour autant tomber dans la facilité. Cet opus est, une nouvelle fois, une belle réussite pour le compositeur.
CLAUDIO PRC – FROM THE NEBULAR STARS TO THE MOSSES ON THE GRANITE ROCKS – THE GOD PLANET
Si Mac Gyver faisait de la techno il aurait pu s’appeler Claudio PRC, car l’un comme l’autre ont cette abilité de faire beaucoup avec pas grand chose. Sur cet album, le producteur le producteur italien se place dans la digne lignée de ses ainés du label Elettronica Romana et s’affranchit de nombreux éléments caractéristiques de la techno. Oubliez le support physique, le producteur sarde a sorti ces 7 morceaux en WAV et pour cause la plupart des tracks ne s’y prêteraient pas. Oubliez les pieds marqués, car il est question d’ambient. Les quelques 80 minutes de l’album se caractérisent par des nappes aux textures qui flattent le tympans et des jeux de tensions qui donnent l’illusion de vitesse ou de quiétude. Il est plaisant de voir que le producteur italien se différencie une fois encore par son esthétique, son sens du détail et de la synthèse.
DAM FUNK – INVITE THE LIGHT – STONES THROW
Il a bien fallu 6 ans à DâM-FunK pour sortir la suite de son premier album solo Toeachizown. Il faut bien avouer que le californien n’a pas chômé : entre ses multiples collaborations et ses albums avec Dave Harrington et Snoop Dogg, Damon nous a bien abreuvé. Il revient donc avec Invite The Light, un album modern funk empreint de légèreté, de sentiments sincères et d’un message d’espoir, le tout délivrés avec des guests d’exception. Plus pop que son prédécesseur, Invite The Light était cependant indispensable dans la discographie du producteur.
DEGO – THE MORE THINGS STAY THE SAME – 2000BLACK
Pape du Broken Beat, Dego a accompagné le son UK depuis les débuts de sa carrière (Hardcore, Jungle, Breakbeat, Rave) en produisant disque sur disque et en créant plusieurs labels, dont 2000Black. The More things Stay The Same tire en longueur et déploie de magnifiques morceaux qui s’intensifient au fil du disque. Le défi de l’album est parfaitement respecté, chaque morceau se complète et apporte une brique à l’édifice, avec classe et clarté.
DK AKA 45 ACP – CHANGE OF TONE – LIES
Lorsque nous avions découvert le premier EP de D.K sur Get The Curse, nous promettions un bel avenir au parisien ! Et on ne s’était pas trompé. Après des sorties sur Antinote, Odd Frequencies et Dog In The Night, le parisien d’adoption attaque 2015 du bon pied avec un LP angoissant et down tempo chez Ron Morelli. On conseille également le maxi sorti cette année sur Antinote et l’EP paru sur Russian Torrent ! 2016 lui appartient.
EARL SWEATSHIRT – I DONT LIKE SHIT I DON’T GO OUTSIDE – COLUMBIA
On le sait, en 2015, le rap est tombé dans une profonde dépression qui n’épargne ni les français, ni les ricains. Earl Sweatshirt a également contribué à cette triste fête avec I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside, disque profondément claustrophobe et anxiogène. Entièrement produit par le rappeur, cet album bricolé et très personnel met en lumière le quotidien tracassé de Earl pour qui l’espoir a totalement disparu de sa vie. Magistral.
FLOATING POINTS – ELAENIA – PLUTO
On a beaucoup parlé du premier disque de Sam Shepherd en cette fin d’année et le hasard n’y est pour rien. L’album synthétise à la perfection les influences de l’artiste, entre jazz et electronica, et il y a fort à parier que ce disque passera avec succès l’épreuve du temps.
FORT ROMEAU – INSIDES – GHOSTLY
Auteur d’une année très prolifique, l’anglais Mike Greene nous a gratifié d’un bel LP au printemps dernier sur le label Ghostly. A travers ce disque le producteur s’éloigne du dancefloor avec une house progressive et mélodique pour un résultat aux allures de voyage, une belle réussite.
HELM – OLYMPIC MESS – PAN
Helm dévoile en 2015 son premier album chez PAN. Cet expérimentateur et performer hors-pair ne déçoit pas, avec un long format abstrait et condensé, qui laisse rêveur ou suscite des cauchemars sonores imprévisibles. Une plongée dans un univers bien particulier avec un travail sonore incomparable.
HOLLY HERNDON – PLATFORMS – RVGN INTL
Cette professeure émérite en électro-acoustique revient en 2015 avec un album prenant le parti pris de notre quotidien, nous faisant réfléchir aux sonorités qui nous entourent, en reformulant le tout dans un langage presque pop. Un tour de force dont on ne sort pas insensible.
HUNEE – HUNCH MUSIC – RUSH HOUR RECORDINGS
Premier album immersif d’Hunee, d’une telle richesse que plusieurs écoutes se révéleront utiles. Il contient des morceaux psychédéliques à la structure complexe mais agréables dès la découverte grâce à une base house accessible.
JOEY ANDERSON – INVISIBLE SWITCH – DEKMANTEL
Joey Anderson signe ici son deuxième album pour le crew hollandais Dekmantel, exercice qui lui réussiy plutôt bien. En effet cette sortie est remarquable. Album techno electro d’un autre monde, c’est un voyage complet et envoûtant, où le pilote maitrise parfaitement son vaisseau. Il aurait clairement put être sélectionné pour accompagner les images du dernier Star Wars, mais cela ne nous regarde pas …
KAMASI WASHINGTON – THE EPIC – BRAINFEEDER
Sans aucun doute le meilleur album de jazz sorti en 2015 et c’est peu dire, les superlatifs nous manquent. Après son travail avec Kendrick Lamar et Flying Lotus, le jazzman californien et virtuose du saxophone ténor Kamasi Washington signe ici sur Brainfeeder un LP de jazz cosmique et expérimental, épique et prétentieux, avec toutes les raisons de l’être. Prêts à en prendre plein la tronche ?
KENDRICK LAMAR – TO PIMP A BUTTERFLY – INTERSCOPE
Un des meilleurs albums hip hop de l’année 2015, sans nul doute. Beaucoup à déjà été dit dessus. Il n’en reste pas moins qu’il fera date, classique instantané par la forme et les textes, cristallisant comme peu la culture hip hop tout en se voulant un reflet de la jeunesse noire américaine contemporaine.
KNEEBODY & DAEDELUS – KNDEEDELUS – BRAINFEEDER
Lorsque nous avions rencontré Daedelus en 2014, celui-ci nous avait fait pré-écouter ce nouvel LP, déjà prêt à sortir des cartons. Nous avions alors été charmés par cet alliage entre musiques électroniques et jazz parfaitement mené. Naturellement, Flying Lotus a remarqué le potentiel et sortit l’album sur Brainfeeder en fin d’année. Il n’est pas passé sous nos radars, et on vous le conseille chaudement.
KYLE HALL – FROM JOY – WILD OATS
Rajouté in extremis à cette sélection car sorti ces derniers jours, Kyle Hall signe sur son label un excellent second album parmi les meilleures sorties house de l’année.
LES POINTS – YOUKNOWWHATMINIMALISCH – LESPOINTS
Barbir et Nicolas Kazimir avait déjà sortie un double LP sur leur label LesPoints qui proposait des productions solo des deux protagonistes. Sur ce double LP, ils ne proposent que des titres issus de leurs collaboration du même nom et explorent leur vision de la micro-house avec finesse. Les compositions sont épurées mais les boucles tournent bien et ne manquent de rien. Bien joué !
MARK FELL & GABOR LAZAR – THE NEUROBIOLOGY OF MORAL DECISION MAKING – THE DEATH OF RAVE
Mark Fell s’allie en 2015 à Gabor Lazar, autre producteur expérimental réfléchissant à l’esthétique et la forme des musiques électroniques modernes. Il en résulte un album dense, convoquant nombre d’influences allant du footwork à la trance en passant par la techno, l’ambient et même le jazz, le tout déconstruit et digéré sous le prisme d’un sound design des plus singuliers. Difficile d’accès mais assurément intéressant. Pour les plus curieux d’entre vous.
ONEOHTRIX POINT NEVER – GARDEN OF DELETE – WARP
Daniel Lopatin, pour son deuxième LP sur Warp, continue ses expérimentations et propose un disque d’avant-garde un chouilla plus torturé que son prédécesseur. A écouter attentivement.
PATRICIA – BEM INVENTORY – OPAL TAPES
Fidèle à lui même, Patricia sort cette année un mini LP oscillant entre techno expérimentale aux influences dub et noise. Un travail de sonorités ultra plaisant, l’album s’écoute en toutes conditions.
PEARSON SOUND – PEARSON SOUND – HESSLE AUDIO
Le premier LP de Pearson Sound à mis du temps à arriver mais ne déçoit pas. Assez étrange et minimaliste, des rythmes complexes jouant sur des racks d’effets analogiques font de cet album un OVNI dans la scène électronique anglaise. D’une cohérence impressionnante.
PROJECT PABLO – I WANT TO BELIEVE – 1080P
Les canadiens de 1080p ont fêté leur 2 ans d’existence cette année, avec une petite nouveauté : certaines sorties ont quitté le format K7 pour se retrouver sur vinyle. L’excellent LP de Project Pablo a finalement été pressé en vinyle. I Want To Believe perd cependant quelques morceaux au passage. Sa house aérienne et froide n’est pas sans rappeler Vancouver avec ses Mood Hut et consorts, et offre ainsi l’image d’une scène qui n’a cessé de nous impressionner et de se solidifier ces dernières années.
PRURIENT – FROZEN NIAGARA FALLS – PROFOUND LORE RECORDS
Prurient revient en 2015 avec un LP qui pourrait bien être son chef d’oeuvre. Il nous sert ici un ensemble de morceaux à la construction classieuse et à la production précise. On reconnaitra son talent pour mélanger les genres, aussi différents soit-ils, du métal à l’electronica en passant par l’ambient et le drone. Un album éprouvant mais d’une grande fraîcheur dans le paysage électronique actuel.
SYRACUSE – LIQUID SILVER DREAM – ANTINOTE
Dans la série 35 minutes pour convaincre, Syracuse remporte le prix pour cette année 2015. Le LP est court, fougueux et un peu brouillon mais l’énergie et l’intention sont bien présentes et font tout le travail. On peut dire que c’est un petit LP qui laisse présager beaucoup de bonne chose pour Syracuse. Le titre éponyme suffira pour vous convaincre.
SAFFRON – PETRA I / PETRA II – 1080P
La puissance du LP de Saffron réside dans la richesse des influences qu’il brasse sans jamais tomber dans le cheap. Le projet musical jouit d’une sensibilité pop, on y retrouve des mélodies addictives, des sons aux accents électroniques et un pied assez droit assez lent qui circonscrit l’album à une écoute essentiellement domestique. Manque de bol, ce LP est sorti en cassette et elles sont aux nombre de cent. Heureusement que 1080p avait mis son catalogue en libre téléchargement en juin dernier.
THE INTERNET – EGO DEATH – COLUMBIA
The Internet est passé de derrière les machines de Odd Future au devant de la scène au fil de 3 LP’s nu soul dont Ego Death, leur dernier bijou. Mené par Syd Tha Kid, chanteuse androgyne et charismatique, le groupe produit des morceaux sensibles et profonds oscillant entre r’n’b, jazz et pop. Parfait.
THUNDERCAT – THE BEYOND / WHERE THE GIANTS ROAMS – BRAINFEEDER
Le bassiste Thundercat fournit un mini-LP impeccable aux accents jazz et soul très contemporains, porté par le hit “Them Changes” qui à lui tout seul justifie l’achat du disque.
