FaltyDL_In_The_Wild_Album_Art

Drew Lustman est un de ces artistes dont on ne saurait réellement décrire le travail. Avec déjà 3 albums sous le pseudonyme de Falty DL, ce New Yorkais continue de nous dérouter et de nous transporter à coup de  sonorités et structures étranges. Son 4ème album, In The Wild, ne fait pas exception à la règle. Plus abstrait que son prédécesseur, Hardcourage, In The Wild est, comme son nom l’indique, sauvage et insaisissable. 

Falty DL semble ici jouer avec l’inattendu, créant et désamorçant des tensions. Une des premières choses qui frappent est peut être la cohérence entre les morceaux, l’imbrication et la dynamique qu’ils entretiennent pour soutenir un ensemble qui peut se vivre comme un voyage, profond et complexe. Si In The Wild est très abstrait, il n’en possède pas moins son propre rythme et entretient un rapport viscéral avec le mouvement des corps, en témoigne cette vidéo tournée dans le métro New Yorkais et postée par Falty DL, où un jeune danseur nous gratifie d’une performance sur le morceau « Do Me ».

C’est cette danse fluide ou étriquée, décomposée ou juste induite parfois, qui fait la force de ce disque plus que tout autre élément qu’il contient. La profondeur et la qualité de la production n’est bien évidemment pas en reste. Falty DL sait ce qu’il fait et a su se doter d’une liberté totale dans son art, au travers de son parcours riche en expérimentation et en déconstruction des genres.

L’album s’ouvre sur « Aquí, Port Lligat », sorte de prélude ambient qui nous plonge déjà dans le chaos et la confusion à venir. Le ton est ainsi donné et Falty DL ne ménage pas son auditeur, qui, tout au long de In The Wild sera constamment surpris ou entraîné hors de sa zone de confort. Ce jeu avec son public semble être la base de cet album. Lustman donne l’impression ici d’avoir réfléchi à une oeuvre aux sens multiples s’articulant autour de différents contextes. La dualité entre l’univers du club, ses codes et ses attentes, et l’univers de l’écoute chez soi, au travers du streaming ou simplement en playlist personnelle, est ce qu’il y a probablement de plus intéressant ici. Car In The Wild fonctionne parfaitement dans ces deux cas, mais n’a alors pas le même impact.

Falty DL va ici puiser dans l’exotisme, tant au niveau rythmique que sonore, pour nous proposer des morceaux hors du temps et des lieux. Le dyptique « Greater Antilles (part I & II) » ou  « Heart & Soul » nous offre un bel exemple de ces rêveries dont Lustman a le secret.

In The Wild semble également tracer une histoire de la danse dans la culture de la musique électronique, car l’on peut retrouver ici divers styles, de la house au Uk Garage en passant par la techno minimale. Des morceaux comme « Some Jazz Shit », qui n’est pas sans rappeler les grooves house de Floating Points, ou « Frontin », incursion minimale, résument bien cette volonté d’intégrer différents styles de musiques de club au sein d’un même ensemble.

La plus grande réussite de Falty DL avec ce quatrième opus, est peut être celle d’avoir su créer une oeuvre singulière, mélangeant un panel de genres et d’idées variées, sans jamais que cela nuise à la cohérence ou à la dynamique de l’album. Il raconte une histoire où l’auditeur est finalement, plus que témoin, acteur du voyage qu’il a choisi d’entreprendre, qu’il s’agisse d’une danse libératrice en club ou d’un parcours introspectif et riche, seul avec lui-même.

In The Wild est un disque complexe, chargé de sens et à la narration forte mais surtout il s’agit d’un album rafraîchissant qui ne peut que nous donner l’envie de nous perdre dans son immensité sauvage.

4/5