Nous voici déjà à la fin de notre semaine spéciale Japon : une semaine où nous nous sommes penchés, avec beaucoup d’humilité et de tendresse, de se pencher sur l’archipel. Après une plongée dans la discographie de Soichi Terada, un retour dans les nappes nippones des 70’s & 80’s, et une sélection hétéroclite, subjective mais passionnée dans 40 ans de musiques japonaises, place au géant presque sacré, Haruomi Hosono. Bon voyage !

Le monstre Haruomi Hosono ne finit plus d’enfanter. Alors qu’une toute nouvelle version de son tout premier album solo, piloté par le maître lui-même, a surgit un bon matin printanier et que, le label américain doctor és rééditions Light In The Attic vient de clore un cycle de sorties sur Hosono – cinq de ses albums solo, jusqu’alors réservés au marché japonais, sont pour la toute première fois, disponible en Occident – les hommages & clins d’œils dans les sorties actuelles se font de plus en plus nombreuses, et notamment chez des personnes que l’on n’attendait pas – Vampire Weekend, dans son dernier album, emprunte l’ambient made in Hosono. Plus proche de nous, Leon Vynehall le cite dans sa livraison de la série DJ-Kicks et entremêle brillamment « Rose & Beats » (« Para to Yajū », en V.O.) à la d’n’b breakée de dgoHn.

Plutôt que de tenter un résumé forcément incomplet de sa discographie – l’homme, géant sur son île et inconnu parmi nous, a simplement tout fait, de l’ambiant au post-rock, de la techno-pop au folk en passant par le tout premier album de musiques de jeux vidéos au sein Yellow Magic Orchestra – retour sur son tout premier album. Un album dense, à la fois pop & instrumental et, au premier abord, à mille lieux des ses travaux suivants.

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Sorti en 1973, son premier LP presque éponyme, Hosono House, reste, plus de quarante années plus tard, un petit bijou de song-writing. Pop, rock, country, tropical & exotica : le jeune musicien d’alors ne se refuse rien et incorpore tout ce que bon lui semble dans des ritournelles pop parfaitement maîtrisées. C’est que la même année, il vient de quitter Happy End, groupe de rock devenu culte dans lequel il occupait la basse et où il copiait, à sa façon, la musique la plus populaire du moment : les tubes psyché-rock des Byrds, le r’n’b ou le folk, en plein renouveau, diffusés sur les radios américaines.

Une omniprésence de l’étranger qui infuse dans sa composition, et qui tire sur sa façon de voir sa propre culture musicale. « On était déconnecté de nos propres racines. Je ne connaissais rien des musiques traditionnelles japonaises, comme Shamisen ou Shakuhachi. J’ai appris l’importance de ces racines dans des groupes californiens, mais mon influence a été la littérature japonaise, surtout la poésie. », disait-il dans une lecture donné lors d’une RBMA en 2014.

L’on comprend mieux tout ce qui construit Hosono House : un disque dépouillé mais riche, qui synthétise ses obsessions d’alors, de la surf pop des 60’s aux orchestrations jazzy, folk, country même, sur « Boku Wa Chotto », « Koi Wa Momoiro ». On passe de « Rock-a-Bye My Baby », ballade d’ouverture versant plus dans un folk ensoleillé, à l’exotica sautillant de « Fuku Wa Uchi One Wa Soto ». Un peu de Japon par ici, beaucoup d’US par là et surtout, un gout pour la recherche sonique, l’expérimentation pop qui fait mouche – comme sur « Fuyu Goe ». Un disque fondateur, qui porte déjà les traces de ses futures aventures, solo ou en groupe.

Hosono House est disponible sur Light In The Attic (ainsi qu’une bonne partie de sa discographie).