Depuis plusieurs années, le web regorge de rare groove disco-funk venus d’ailleurs, aux accents 70’s 80’s. Une mine d’or de vieilleries, souvent passées à la trappe lors de leur sortie, qui aujourd’hui se voient offrir un nouveau souffle auprès des amateurs. Certains crate diggers tels que Jeremy Underground, Floating Points ou encore le label Rush Hour en raffolent et s’en sont fait une véritable marque de fabrique. Alors qu’ils font danser la planète à coup de tubes de ce genre, d’autres plus discrets restent dans l’ombre des greniers poussiéreux et parcourent le monde pour dénicher ces perles. Parmi ces personnages, le label canadien Invisible City Editions. Retour sur cette caverne d’Ali Baba aux raretés métissées, oubliées du passé.

Grande championne de la réédition aux influences disco funk venues d’ailleurs, Invisible City Editions possède un catalogue d’une ampleur à en faire pâlir plus d’un. L’étendue de son répertoire navigue aussi bien entre les contrées lointaines des Caraïbes que celui du continent Africain. On pourrait penser qu’il se limite à la lignée afro-caribéenne, mais ce n’est pas le genre de la maison. On retrouve aussi bien du vieux italo que de l’ambient ou du disco hindou. Un éclectisme marquant une volonté de promouvoir et faire connaître au plus grand nombre une sélection musicale trop vite oubliée, sortant des sentiers battus. Si son nom ne vous dit rien, certains disques oubliés ressortis par leurs soins vont peut être vous mettre la puce à l’oreille.

En 2016, le label canadien a remis à l’ordre du jour le morceau de kwaito sud africain “Mashisa”. Fort de son succès, la réédition a été classé n°1 du top de Resident Advisor (qui figure aussi dans notre best-of). Un classique du dance floor que vous avez sûrement déjà entendu quelque part. Mais le plus gros tube qu’ils ont ressorti est sans aucun doute le 45 tours de Stephen Encinas “Disco Illusion”. Un disque composé de deux morceaux dont l’original vaut quasiment 2000 euros ! Rien que ça… Et semble être devenu depuis quelques années, un véritable disque de prestige pour les disc-jockeys amateurs de rare groove. Originaire de Trinidad, Stephen Encinas a sorti son seul et unique vinyle en 1979 très vite tombé dans les méandres de l’oubli. Regrettable quand on sait le succès qu’il connaît aujourd’hui.

De la même manière, la repress de “Touch” de Michael Boothman sorti en 1980 à la Barbade semble avoir connu une histoire assez similaire. Porté par la sublime voix de Charmaine Forde, les morceaux de disco funk “Waiting For You Love” et “What You won’t Do For Love” (fabuleuse reprise de Bobby Cadwell) constituent les nouvelles perles d’aujourd’hui. De même pour le “Praise Jah” d’Oluko Imo, sorti en 1978. Un grand cru de disco locale qui s’appropriait l’esprit des productions américaines de l’époque tout en y associant sa propre vision. Repris aussi sur le label Favorite Recordings, ce morceau est devenu depuis quelques années un incontournable dans le bac des aficionados de la scène disco funk caribéenne.

Mais si les mecs derrière Invisible City que sont Brandon Hocura et Gary Abugan, passent le clair de leur temps à voyager en quête de nouvelles perles rares, ils ont pour principe de collectionner les disques dont personne n’a entendu parler. Ils ont un certain penchant pour celles venues des Caraïbes, mais aussi d’Afrique.

L’exemple le plus marquant s’illustre dans la réédition en 2014 de “Kuomboka” dernier opus du groupe zambien Witch. Prenant racine dans le zamrock, le rock de Zambie des 70’s, sorte de mélange du psychédélisme à la Hendrix au funk de James Brown. Si bien qu’on ne sait même plus si on écoute du funk américain ou de l’afro funk. Un pur délice qui ne connaît plus de frontières.

Histoire de vous donner l’eau à la bouche, on vous a concocté une playlist des meilleures rééditions du label.