L’Italie des années 60 sonne l’apparition, dans le cinéma d’exploitation, de premiers films de genres à la croisée des mondes : le Giallo et le Mondo. Certes différents, ces deux genres sont pourtant liés par leur approche pseudo-documentaire, souvent expérimentale. Par dessus tout, ils en ressort une esthétique musicale reconnaissable entre mille, souvent réalisée par des compositeurs de légendes qui ne le sont pas encore et illustrée par des pochettes de disques de caractère comme on pouvait en faire des 60’s aux 70’s. Après avoir parcouru les pellicules sonores dans notre dernière série SOUNDTRACK, restons à la surface. Parlons pochettes de disques.

Dans la pleine ascension du microsillon des late 60’s aux early 70’s, la création est telle que les designers donnent une importance réelle aux pochettes de disques. Le goût du collage, la mise en avant typographique, le choix des couleurs … Sans connaître les films, on peut facilement identifier une esthétique visuelle typique de cette vague. Face à un engouement certain de la part des labels de rééditions, on retrouve de nombreuses pochettes d’envergure, souvent calquées sur les originaux ou s’inspirant de.

Un film giallo s’identifie facilement sur les pochettes. Genre rendu célèbre par Dario Argento et Mario Brava, les films dont il se revendique est une forme de thriller, qui tire son nom de la couleur jaune – giallo en italien, qui fait référence à la couleur de la couverture des romans policiers d’alors. Mêlant mystère, violence, érotisme et horreur, corps dénudés et visages crispés d’effroi. La créativité séduit par le choc des images.

Le film mondo est lui plus flou. Seule son approche documentaire et crue, qui met en avant un aspect racoleur ou choquant du thème – le plus souvent, l’exotisme, le sexe et la violence – semble la véritable caractéristique commune. Le grand compositeur Piero Umiliani en fera justement sa spécialité. Mêlant souvent histoire d’amour bidon et érotisme. La trilogie sensationnelle La ragazza dalla pelle di luna, La ragazza fuoristrada et Il corpo de Piero Umiliani dont les disques tous réédités chez Easy Tempo forme un parfait exemple de l’univers du mondo. On est pas complètement dans l’érotique, mais presque.

Rien de tout cela n’aurait été rendu possible sans certains acteurs de référence. Spécialistes de la réédition de scores italiens, on retrouve Easy Tempo donc, Dagored ou encore Four Flies. Tous natifs de la botte, ils rééditent depuis plusieurs décennies de nombreuses oeuvres soundtrack, évoluant souvent dans un style jazz, soft-funk et easy-listening.

Chacun semble avoir son identité. Basé à Florence, Dagored reste dans le soft en reprenant les originaux et la typographie 70’s, gardant ainsi le charme de l’authentique. Easy Tempo, label milanais a qui l’on doit de fabuleuses compilations en space age, lounge et spy jazz italien semble avoir trouvé le parfait équilibre entre référence rétro et inspirations actuelles. Four Flies, label indépendant romain, tape aussi bien dans la fine fleur des scores italiens 70’s que dans l’acid jazz, le funk et le hip-hop. Ses pochettes jouent entre le collage rétro actuel et dans le psychédélisme typographique.