On retarde un peu la rentrée et le retour au bureau : c’est le sixième et dernier épisode de SUMMER JAM, notre série sur nos tubes préférés de l’été ! Et pour marquer le coup, on traverse l’Atlantique : direction le Brésil, Rio de Janeiro, Trio Ternura et son mythique « A Gira ».

Retrouver les précédents épisodes : l’eurodance de The Underdog Project, l’Italo de Sabrina, le groove funky de Steve Monite, la chaleur de La Compagnie Créole et la ghetto-sex-tech de Mr. De’.

C’est d’abord une affaire de gang, de rue et de pauvreté. La Cité de Dieu, film-somme de Fernando Meirelles et Kátia Lund de 2002, braque les projecteurs sur un quartier de Rio, surnommé La Cité de Dieu et suit sur deux décennies Wilson Rodriguez, enfant de la balle devenu photographe. Violent, boursouflé et caricatural, le film passe tout de même à Cannes et traverse le temps avec une aura intacte de film coup-de-poing sur une jeunesse livrée aux ravages de la drogue. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est Trio Ternura, cité dans le film comme le nom de la bande à Cabeleira, Alicate et Marreco. 

Un rapide tour sur un dictionnaire nous apprend que « ternura » veut dire tendresse ; on salue le pied de nez. Pourtant, point de Trio Ternura à la bande-son, qui mélange des classiques de Tim Maia avec James Brown, The J.B.’s et Carlota. C’est que la formation – Jurema, Robson et Jussara Lourenço da Silva – est resté quelque peu confidentielle en son pays. 

Deux albums et 16 EPs, entre 68 et 79, qui empruntent autant à la musique populaire brésilienne – MPB, au rock psyché, à la soul, au disco, au latin-jazz… Un carrefour en pleine expansion de genres et de cultures propre au Brésil, mais qui resta donc relativement sous les radars. Peu d’interviews ou de sources sur la formation et la séparation du groupe, seule reste la musique, déterrée par Tropicália Discos – mythique disquaire du centre-ville – qui à son tour, l’a fait découvrir à Mendel, DJ et producteur amstellodamois. Et dans toute la discographie du Trio, c’est « A Gira » qui tombe sous les oreilles du DJ. 

Il en fait alors un edit DJ friendly – c’était en 2012 et depuis, le titre a fait le tour du monde, de façon officieuse car toujours pas pressé sur disque à ce jour.

L’originale, elle, est sortie de l’oubli et s’échange à un certain prix – 165€ l’EP, aux dernières nouvelles. Toujours selon notre dictionnaire, « a gira » voudrait dire « un tour », tourner étant « girar ». Une boucle folle sur soi-même, comme ce morceau tout en percussions où est scandé cette injonction à la danse, au mouvement, à la transe même. Trio Ternura a été probablement influencé par le macumba, rite musical et religieux, transporté depuis l’Afrique vers le nouveau continent lors de la traite dès le XVIᵉ siècle et devenu par la suite un terme générique, regroupant les religions afro-brésiliennes de la région de Rio. Infusé par des riffs de guitares funk et vu par notre prisme, « A Gira » devient un hymne à une fête libre et solaire, que l’on entend d’année en année – sans se plaindre. 

Un titre qui clôt ici notre été et notre série SUMMER JAM – on espère que cela vous a plu, et que vous avez eu autant de plaisir que nous à replonger dans ces recoins de la dance music qui brillent plus fort au soleil.

« A Gira » a été réédité en 2018 sur Melodies International.