Un volume un que l’on avait dévoré, et un volume deux tout aussi gourmand : Maoupa Mazzocchetti reprend UXY Dosing, concept-album riche en sucre et en énergie, qui « donne soif » et dont le volume 2, qui vient de sortir chez BFDM, électrise notre printemps. Rencontre.

Il avait rempli notre mois de février 2021 de sucre ; le voilà pour une nouvelle fournée, un an plus tard. Maximal, déroutant car multiple; ultra-rapide, ce second volet, dans la continuité directe du précédent car composé de morceaux non-choisi au départ, rappelle que la club music d’aujourd’hui peut-être « ludique », dixit Mazzocchetti. Rencontre. 

Sortir un album est toujours une étape, comment est-ce que l’on vit la sortie du volume 2 d’un album ? 
La plupart des morceaux qui se trouvent sur cet album sont, comme le titre l’indique – UXY Dosing© (Nine Tracks Unselected by Judaah) – des titres que Judaah (boss du label BFDM, ndlr) n’a pas sélectionnés pour le volume 1 sortie l’année dernière. Il y en avait trop et l’on ne voulait surtout pas proposer un album trop long. Donc on en a laissé de côté. J’avais vraiment hâte que ce volume 2, âgé de plus de deux ans maintenant, sorte comme une sorte de gerboulade, rapide et efficace.

UXY Dosing était un album multiple, et le volume 2 semble aller encore plus loin. Comment tu as abordé la composition de celui-ci ? 
Je ne pense pas qu’il aille si loin que ça, ce sont deux albums de musique club dans lesquels je mêle des courants et des genres différents qui m’ont touchés avec une palette sonore que j’ai tenté la plus singulière possible. Mais en soi, ce n’est pas un truc si dingo ou expérimental que ça. Alors, bien plus que de l’entendre, je conseille vivement de l’écouter, et du début à la fin si possible. À la fin t’as un peu soif, mais ça fait du bien. J’ai remarqué que l’on associe souvent mon blaze à expérimental, certainement car on écoute de moins en moins d’albums en entier. En réalité, ce ne sont simplement pas des tools de club conventionnel facile à mixer, même si la plupart sont plutôt ludiques à beat matcher. Et le ludique, on aime ça.

Est-ce que des morceaux d’un volume aurait atterri dans l’autre ? Je veux dire, comment décider d’une tracklist précise quand on travaille de façon continue sur un objet ? 
Au moment de la sortie du UXY Dosing© en février 2021, les titres du volume 2 étaient déjà dans des tiroirs. Les titres du 1 et 2, à l’exception d’un ou deux morceaux, ont été produits entre 2019 et 2021. Je laisse souvent l’étape du tracklist à quelqu’un de confiance comme le label ou ma nièce, ensuite on en discute ensemble. Par contre, certains morceaux sont parfois indissociables, ils vont de paires comme des coudes. 

Uxy Dosing sonne « maximal », avec relativement peu d’éléments. Comment se déroulent tes sessions de productions, si sessions il y a ? 
Effectivement, j’ai préféré me concentrer sur les textures des quelques éléments qui forment les morceaux et les développer pour les rendre le plus unique possible. C’est en ce sens que le maximalisme opère ici. Une densité de texture très riche, mais pas forcément une quantité démesurée d’instruments. Je n’ai pas de recette. Tout dépend du truc qui va me stimuler et alors je développe. Mais ici, la principale idée était de rester musical et décomplexé en matière de mélodie et d’harmonie.

Les titres de tes morceaux sont toujours très cryptiques, et très second degré. Trop sérieux, les musiques électroniques indépendantes ? 
La plupart du temps (à quelques exceptions près) je suis franchement mauvais pour trouver des titres. Le plus souvent je tente de mettre le doigt sur des mots ou des accroches que j’ai mis de côté (livres, musiques, film…) et qui reflète au plus proche le dialogue du morceau concerné. 

Sur ce qui est du sérieux des musiques électroniques indépendantes… j’ai vraiment la flemme de réfléchir à ça. Au moment où je vous écris, je suis là pour susciter l’intérêt des gens qui me lisent pour écouter un album maximaliste lié à la surconsommation de sucre… Je veux dire par là que je n’ai pas de combat politique via cet album, je veux juste que les gens puissent ne serait-ce qu’un court instant sortir la tête de la flaque de boue dans laquelle on se trouve. Malgré tous les paradoxes et les contradictions que je trimballe avec moi, je sais pourquoi je fais de la musique, et je n’ai certainement pas l’intention de me rendre plus sérieux que ce que je suis.

Maoupa Mazzocchetti, UXY Dosing vol.2
BFDM
photo : Jean-Pierre Bertrand