Peverelist a insufflé un nouvel élan à la techno anglaise ces dernières années, en commençant par Bristol. Nous vous en parlions ici. Ce producteur, disquaire, patron de labels et DJ semble infatigable. Après une poignée de collaborations avec ses compères de Bristol Hodge et Kowton, il  sort son premier EP solo depuis 2 ans (à écouter et télécharger ici) fin 2015. A l’occasion de sa venue lors de nos 5 ans au Batofar en novembre dernier, il a accepté de nous accorder une rare interview. Actuelle tête pensante et dirigeante du label Livity Sound, il nous en dit plus sur l’état d’esprit derrière sa démarche et nous raconte un pan de l’histoire de la musique électronique britannique de la dernière décennie.

Peux tu te présenter en quelques mots?

Je m’appelle Tom et je fais de la musique depuis près de 10 ans. J’ai créé et géré le label Punch Drunk à Bristol pendant longtemps mais aujourd’hui je me concentre sur le label Livity Sound, qui est principalement moi et quelques amis faisant de la musique, prenant du bon temps.

Tu avais le label Punch Drunk comme tu l’a dit et maintenant tu es passé à Livity Sound, pourquoi?

Quand j’ai commencé Punch Drunk je travaillais dans un disquaire à Bristol appelé Rooted Records et je rencontrais beaucoup de gens qui créaient de nouvelles choses mais il n’y avait pas vraiment de labels pour représenter cela. Il y avait beaucoup de musiques novatrices et aucun label naturel pour elles dans la ville donc j’ai démarré Punch Drunk comme une façon de mettre en avant ces gens, ces musiques, cette scène de Bristol. Depuis, la scène a changée, elle s’est développée et beaucoup de choses sont arrivées donc ça ne me semblait plus aussi nécessaire de continuer ce projet. J’ai décidé de prendre du recul et de me focaliser sur quelque chose qui me représenterait personnellement un peu plus. Livity Sound est une manière de mettre en avant mes sonorités, mon univers, le son Peverelist.

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Quand tu a sorti ton premier disque sur Livity Sound, tu as aussi changé ton nom, tu es passé de Peverelist à simplement Pev. Y a t il une difference entre les deux ? Etait-ce une manière de marquer cette transition dont tu parles?

Non c’est simplement que les gens trouvent cela plus facile à prononcer et à écrire mais il n’y a pas de réelle différence entre les deux.

Quand tu regardes ta carrière jusqu’à aujourd’hui, que penses-tu de l’évolution et l’expansion de la scène musicale à Bristol dont tu es quelque part responsable ?

Je pense que sur le moment, tu fais les choses sans vraiment réfléchir à ce qui se passe. Tu es tellement impliqué dans tes projets que finalement tu ne fais que suivre l’ordre naturel des choses et c’est ce qui est excitant. Mais quand je regarde ces dernières années, je pense que c’est vraiment cool la façon dont Bristol a changé. Quand j’ai commencé à travailler chez Rooted Record, Bristol était une ville plutôt axé Drum’n’Bass, et j’imagine que nous étions avec ce disquaire, responsable d’un changement, en mettant en avant de nouvelles musiques. Je trouve ça vraiment cool. J’ai grandi en écoutant de la Drum’n’Bass et de la jungle, c’est ce que je mixais au début mais cette musique est devenue un peu moribonde et avec quelques amis nous voulions simplement faire quelque chose de neuf et de différent. Maintenant il y a tellement de choses qui se passent, tellement de labels.

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Qu’est ce que tu penses de ça, et du futur de Bristol?

Je pense que c’est sain. Il y a quelques années, les gens disaient que ce genre de choses était fini mais cela semble vraiment sain à Bristol. Il y a beaucoup de soirées intéressantes en ce moment, donc de bons DJ viennent visiter la ville et cela contribue à créer quelque chose. Il s’agit d’une petite ville, d’environ 500 000 habitants donc les gens se parlent. Dans des villes comme Londres, personne ne parle à personne, personne ne travaille ensemble mais à Bristol si.

A ce propos, pourquoi n’es-tu pas allé à Londres au départ, comme beaucoup de producteurs ?

J’ai déménagé à Bristol parce que j’aimais la musique qui s’y faisait. J’imagine que c’est ce que les gens font maintenant à cause de ça, et essaient de se faire une place.

Tu as commencé à faire des lives avec tes amis Asusu et Kowton, est-ce que c’est quelque chose que tu aimes faire et en quoi est-ce différent de la production ou du DJing pour toi ?

Nous venons juste de finir nos concerts. Nous en avons fait pendant 3 ans. Nous n’avions jamais fait de live avant, aucun de nous. Nous voulions un nouveau challenge et nous voulions tenter de développer une nouvelle façon de présenter notre musique. C’est extrêmement compliqué. Cela nous a pris 6 mois avant de trouver la meilleure façon de le faire. Nous avons essayé de prendre les choses par  beaucoup d’angles différents et nous avons finalement trouvé quelque chose qui nous satisfaisait. Nous nous sommes surpris nous même d’une certaine façon en voyant comment nos morceaux pouvaient devenir totalement différents quand nous les jouions. C’était quelque chose de vraiment excitant à vivre. Et comme nous étions 3, à chaque date, c’était différent et il y avait pas mal de surprises. Aucun ne savait ce que l’autre allait faire.

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As-tu un rôle spécifique au sein du groupe? Comment interagis-tu avec les autres exactement?

Je contrôle 2 boites à rythmes et Asusu s’occupe des effets pendant que Kowton travaille sur le sequencer principal.

Est-ce que cela influence ta manière de produire des morceaux?

Oui, un peu. Je pense que quand tu fais de la musique tu apprends sans cesse de nouvelles choses et cela me nourrit d’une certaine façon, mais je n’ai pas changé mon studio pour du tout analogique par exemple. Ma musique est toujours faite principalement sur un ordinateur.

Quel est le premier souvenir lié à la musique dont tu te souviennes?

Je ne sais pas, quand j’avais 8 ou 9 ans je me souviens être allé à une fête d’école où j’ai entendu de la musique jouée très fort pour la première fois. J’ai le souvenir d’un kick amplifié. Ça m’a juste retourné, c’était très surprenant pour moi à l’époque.

Est ce que tu imaginais que tu allais faire de la musique plus tard à ce moment-là?

Non. Je fais ça par accident, je n’avais jamais prévu de faire de la musique. C’est la vie.

Quels sont tes plans pour l’avenir, pour toi et Livity Sound en général?

J’aimerai faire plus de collaborations. Avec Livity Sound nous avons toujours fait beaucoup de morceaux collaboratifs. Je crois que je vais également essayer d’écrire de nouveaux morceaux et travailler sur un album. Je vais essayer d’utiliser le label pour sortir des albums à l’avenir.

Tu as effectivement sorti pas mal de EPs et des compilations mais toujours aucun album sur Livity, pourquoi as-tu mis si longtemps à envisager ce format pour le label?

Je pense que c’est quelque chose d’un peu difficile à faire dans la musique électronique. J’ai fait un album il y a quelques années (Junktion, sorti en 2009) mais c’était un peu un accident aussi. C’est difficile, il y a tellement de clichés dans les albums de musique de club. Tu dois trouver une façon de rendre la chose intéressante, mais je crois que ça vaut le coup.

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Au cours des années, tu as mis en avant beaucoup de nouveaux talents, aidé à lancer des carrières, est-ce important pour toi ? Et pourquoi?

Avec Punch Drunk, c’était le but principal et cela se ressent dans ce que nous faisons avec Livity Sound également. C’est toujours bien de pouvoir travailler avec de nouvelles personnes, de découvrir de nouveaux talents et les aider.

Comment découvres-tu de nouvelles choses et comment décides-tu qui tu vas signer ou non par exemple?

Il est très rare que je signe un morceau que quelqu’un m’aurait envoyé par mail ou via un lien soundcloud. Il s’agit plus de rencontrer des gens et discuter de musique, c’est plus humain comme ça. Et je n’ai jamais vu mes activités liées aux labels comme un business, ça m’a toujours semblé être un travail entre amis. Je recherche toujours des gens avec qui je peux partager des idées similaires aux miennes, mais qui ont leur propre identité.