Le parisien D.K. et l’amstellodamois Suzanne Kraft s’unissent le temps d’un EP sur Melody As Truth, point de rencontre parfait entre deux univers limitrophes. En six titres, le disque nous emporte vers des paysages harmonieux, diamétralement éloignés des dance floors, où se mêlent inspirations ambient, synthpop et – osons le terme – new age, le tout exécuté avec sobriété et minimalisme.

D.K. – également connu sous l’alias 45 ACP – nous avait déjà impressionné par sa maîtrise de l’espace et de la mélodie avec le sublime Island Of Dreams, paru l’année dernière sur Antinote. De son côté, Suzanne Kraft, de son vrai nom Diego Herrera, publie son troisième LP What You Get For Being Young la même année sur Melody As Truth, suivi en juin 2017 par le très minimaliste Passive Aggressive en collaboration avec Jonny Nash, patron du label susnommé. Partageant un goût prononcé pour une musique aérienne doucement mélancolique, la collaboration entre les deux artistes était toute indiquée.

Le disque s’ouvre sur « Xerox », seul morceau avec un semblant de beat, définissant la couleur de l’EP avec ses accents de mélancolie 80’s. S’ensuit le très enoesque « Burn » où les échos du piano côtoient lignes de guitare réverbérées, donnant au morceau toute sa profondeur. Le troisième track, « No Man’s Ground », semble de prime abord plus austère avant de dévoiler toute son instrumentation. On retrouve ensuite les flagrances synth-funk 80’s propres à D.K. sur « Hammond Blue », avant de plonger dans  le long et progressif « Bricks In White ». Enfin, l’EP se conclut sur le bien nommé « Fade », nous amenant doucement, après quelques derniers sursauts, vers la fin du disque.

Cette neuvième sortie de Melody As Truth nous offre donc six titres d’ambient aux sonorités oscillant entre la froideur d’éléments réverbérés (claviers, guitare) et la chaleur des textures synthétiques et des basses fréquences. Bien loin d’un simple enchaînement de nappes de synthétiseurs agrémenté de quelques effets sonores ponctuels dont nous a parfois habitué le genre, l’EP fait preuve d’une maîtrise de la composition, d’un raffinement de la production et du sound design. L’auditeur ne se retrouve pas noyé dans la reverb, ni dans la futile superposition d’éléments sonores. Les mélodies et instruments interviennent épisodiquement, comme dans un dialogue, et les deux producteurs – à leur habitude – semblent prôner le minimalisme à la complexité. Une posture qui œuvre, dans ce cas, pour le meilleur.

Sortie vinyle et digital le 16 octobre.