Artisans cryptiques d’une musique limpide, PLO Man et C3D-E, à la tête d’Acting Press, nous livre sur public static v. une parfaite introduction à un printemps entre quatre murs : un chill-out ambient, léger et aérien, à vivre en intérieur. 

Des souvenirs des temps d’avant, il n’y a pas que la section souvenirs des réseaux sociaux qui nous en apportent. C’est aussi, mais plus rarement, l’affaire d’un enregistrement live (quel étrange mot) qui, un an et demi plus tard, est enfin disponible. public static v. de PLO Man et C3D-E a en effet été enregistré en novembre 2019 à Linecheck, un festival milanais et, si l’on ne détecte aucune participation d’un public, le seul fait de savoir que ce disque a été joué devant un public nous emplit de joie. 

Pensé comme un voyage unique à écouter plusieurs fois de suite, cette collection entremêlée d’une quarantaine de minutes pour une dizaine de morceaux entre ambient et chill-out est un remède à notre mélancolie actuelle – celle d’une année complète sans événement ni concert, d’une vie culturelle au point mort et d’un semi-enfermement qui pèse très lourd. 

Un remède où l’on plonge avec aisance – PLO Man et C3D-E n’étant pas novices de l’exercice. Nappes douceâtres, vagues synthétiques et aplats lointains de notes forment une base où cliquetis mécaniques, bruits blancs, vocaux et gouttes de pluie s’y posent. Ce n’est pourtant pas un disque méditatif, ambient dans le sens thérapeutique du terme. Pas de fiel recording, ni de volonté de sonner « naturel » : l’image que vous aurez en tête n’est pas une campagne verdoyante sous un soleil de printemps, mais quelque chose de plus aventureux, de plus étrange. Difficile de découper les parties précisément, mais pour faire simple, la première, le A-Side, tend vers une douceur aérienne et légère, tandis que le B-Side s’aventure lui plus dans des contrées dub. Tout au long de ce disque, les deux architectes d’Acting Press déroulent une formule multiple qui sans nous cajoler ni nous malmener, nous transporte. 

Vers où ? Une mélancolie doublée d’un sentiment prématuré, presque prémonitoire : celui d’un printemps qui se profile et où, on le sent déjà, rien ne sera proche de la vie d’avant. Alors, pour se consoler, on réécoute des sons qui nous appellent à penser à plus loin, à l’après, à l’ailleurs. 

PLO Man & C3D​-​E, public static v.
Acting Press