Si vous avez la chance de voyager à Melbourne, précisément dans le quartier de Coburg, vous rencontrerez sûrement sur votre route le boys band australien jazz-funk du moment Surprise Chef ! Évidemment avec un nom comme ça, on ne peut résister à l’envie d’en savoir un peu plus. Les fans de jazz et break de batterie à gogo, synthés analogiques, et percussions venues d’ailleurs s’y retrouveront. Un savant mélange de jazz, funk et soul dans la pure tradition 70’s avec une approche cinématographique dans l’esthétique et une production à l’ancienne, analogique et très DIY, qui apporte ce petit grain qui change tout.

Dernièrement, le groupe s’est fait remixer par le binôme légendaire Master at Work et le producteur australien Harvey Sutherland. Bien que MAW peine à produire en 2021 des choses d’une grande pertinence, le symbole est là. Puis, dernier coup de projecteur pour le jeune groupe australien avec une cover sortie chez Mr Bongo. Le band du label College Of Knowledge s’est attaqué à Minoru Muraoka joueur japonais de shakuhachi sur son titre « The Positive and the Negative ».

Sortie à l’origine en 1970 sur son album Bamboo (déjà réédité en 2019 en version LP par Mr. Bongo), « The Positive and the Negative » fait figure de chef-d’œuvre incontestable, authentique et glorifié par un instrument évocateur : le shakuhachi. Cette flûte en bambou très répandue au Japon, pourtant peu connu en occident, fut l’instrument de prédilection de feu Minoru Muraoka, maître dans son pays.

Réédité en 2022, en 7 pouces, 45 tours, avec en face A la cover par Surprise Chef et en B l’original par Minoru Muraoka, l’objet possède un certain intérêt. Commençons par la face B : si vous n’avez jamais entendu l’original, tenez-vous prêts, on tombe amoureux sans trop de difficultés. La magie des instruments traditionnels opère : la flûte saupoudre l’élégance du koto – instrument traditionnel à cordes pincées – pour ensuite s’imposer tout au long du morceau. Un intense break de batterie vient embraser le folklore, donnant une dynamique enivrante. L’atmosphère cinématographique prend forme. On se laisse porter, comme sur un morceau de la BO d’un film, au hasard Kill Bill.

Mais revenons à la face A. Dès les premiers instants, guitares et synthés s’imposent et apportent l’élément novateur, remplaçant le koto et le shakuhachi. Ils ont par ailleurs apporté une mélodie déjà créée sur leur précédent morceau « The Limp ». Élaborée comme un formidable hommage, la réinterprétation trouve son intérêt dans le respect à rester proche de l’original : son apport et ses changements sont subtils, pourtant cette cover s’éloigne clairement de l’initial et vient former un morceau unique. Si bien que l’on ne sait plus très bien quel morceau l’on préfère…

Surprise Chef / Minoru Muraoka, The Positive and the Negative (Mr. Bongo)