Throwing Snow sort son deuxième long format sur Houndstooth. Intitulé Embers, ce second opus le voit utiliser abondamment des enregistrements d’ambiances sonores naturelles, transformant le bruit de la pluie ou des chants d’oiseaux en un amas mélodique évocatif et savamment structuré. Les morceaux s’enchaînent parfaitement sans interruption, démontrant la volonté du producteur de créer un voyage introspectif à l’unicité brillamment orchestrée. C’est là un des tours de force de l’anglais.
Le sound design est maîtrisé de telle sorte qu’il parvient à créer une infinité de complexités à partir de sons et enregistrements simples. Tout sonne ample, puissant et les structures se font de plus en plus complexes, utilisant la notion de fractals présents dans la nature. Les morceaux naissent par motifs, meurent et renaissent sous une nouvelle forme. Les 14 tracks ont de nombreuses similitudes, que ce soit dans la structure, la dynamique ou l’harmonie. Les arpèges évoluent entre elles et sont inter connectées. Une grande part d’aléatoire est présente également mais toujours contrôlée et utilisée avec parcimonie, participant de la subtilité des constructions. Embers sonne très atmosphérique, avec des rythmes ancrés et complexes et une densité sonore des plus appréciables.
“Cantor’s Dust part I & II” qui ouvre l’album révèle d’emblée le soin que Throwing Snow prend à emporter l’auditeur dans des contrées singulières, utilisant ce qui sonne comme le son de la pluie ou d’une nature discrète pour métamorphoser l’environnement en balade électronique et synthétique aux mélodies cristallines. Des basses et un beat lent et puissant se font entendre sur la fin, contraste que l’on retrouvera régulièrement dans Embers. Son sens mélodique se développe encore tout au long du disque, des arpèges raves de “Helical” aux lignes minimalistes de “Cosms” en passant par les cordes et accords éthérées de “Recursion”. La notion de cycle semble ici très importante et tout l’album en contient de nombreux exemples. Les harmonies sont étudiées de telles sortes qu’elles participent de la cohérence du disque, étranges mais jamais dissonantes d’un morceau à l’autre.
Il y a quelque chose de très cinématographique dans la musique de Throwing Snow et d’indéniablement personnel. Le producteur creuse son univers et offre à entendre un ensemble plus complexe, pourtant plus simple en apparence. Une bonne synthèse de ses talents et une étape supplémentaire dans le parcours de l’anglais.