Tropical Disco Hustle

Musique du monde, musique de rêve ; un univers musical qui attire un auditoire en masse pour l’exotisme qui en émane, ainsi que pour la richesse de ses différents styles et influences. Des styles infinis que s’efforcent de nous faire découvrir plusieurs labels bienfaiteurs de notre époque. À la clé, découverte et accès à des morceaux disparus, introuvables ou oubliés. On ne peut que remercier les acteurs de ce mouvement de nous donner accès à un contenu aussi riche qu’enrichissant. Dans la lignée des Sofrito, Soundway et Hot Casa, c’est ici Culture of Soul qui nous offre une compilation faite d’incroyables petits trésors. Celle-ci nous projette dans les 70’s et les 80’s, du côté des Caraïbes, avec dix rééditions et trois edits de qualité, le tout ressorti sous licences officielles.

Tropical Dico Hustle débute avec une perle provenant de Trinidad & Tobago, au sud des Caraïbes. Odyssey One et son titre «Dance with me» donnent le ton, et nous proposent de fermer les yeux et de nous transporter au cœur d’un endroit bercé de sérénité, afin de nous préparer à voyager. De fait, on a droit ici à une compilation de haute qualité, où lever la cellule pour passer d’une piste à l’autre serait une erreur. Pas de stress, allons-y lentement, « sentons-nous danser » – traduction littérale du second titre tiré de l’un des nombreux tubes de Levi John, un intéressant mélange de disco, de soul et de funk mélangé avec des influences latines ; « Carribean Pop »  selon l’artiste.

On enchaîne sur l’un des morceaux phare de l’album, la réédition de “Got to have you”, une bombe cosmic disco du début des années ’80. Afin de pousser le vice un peu plus loin, la direction artistique a laissé carte blanche au duo Whiskey Barons pour un rework de taille. Il devient désormais impossible de rester assis face aux subtils enchaînements voix/drums ainsi qu’aux différents éléments et effets ajoutés et ajustés. Si le morceau est aussi disponible en single, ce n’est pas anodin ; Culture of Soul a vu ici l’occasion de poser de nombreux sourires sur des visages, qui, après s’être trouvés au bon endroit au bon moment, seront touchés par la grâce.

Retour sur les rééditions. Avec un son plus posé, mais qui n’en impose pas moins, Dennis Williams – alias Merchant – définit ici le « SOCA » (« Sound of Carribean Artist »). Son titre “Instant Funk” est la résultante d’un nombre étonnant d’influences. Derrière un beat bien prononcé, une brise funky en provenance de Nassau survient, à laquelle s’ajoute un vocal disco soul rythmé. Au sein de chaque couche, de chaque instrument, transparaît la tradition caribéenne, et c’est de ce mélange enjoué qu’émane l’univers particulier du morceau. Le voyage “Caraïbe et ses influences venues de loin” se prolonge tout au long de la bonne demi-heure de rééditions. Un univers disco pour Trinidad Troubadours, puis l’apparition du timbre de voix divin du chanteur Mighty Duke sur “Be yourself” et enfin, une tempête synthétique, sur le second morceau de Wild Fire, «Living on a string». Les dix tracks se complètent parfaitement, se clôturant par deux morceaux, dont celui – plus orienté soul funk – où l’instrumental groovy, jumelé  à la voix de Mavis John ne nous donne qu’une envie, rester éveillé toute la nuit à “digger”. Il ne reste plus, à présent qu’à se laisser porter par le rêve d’une prochaine compilation remplie de raretés, de découvertes de styles variés, où la franchise des écritures couplée à l’ouverture artistique des protagonistes nous transportera musicalement aussi loin que les « lieux » exotiques dénichés par Culture of Soul.

Par tradition, la croisière caribéenne se conclut les bras levés, la tête dans les nuages, et ce par le biais de trois édits confiés à trois fins connaisseurs de l’exercice. L’un, nous arrivant tout droit de Boston, avec Whiskey Barons aux manettes et l’autre, d’outre-Atlantique, avec une version revisitée du premier titre de l’album, Dance with me, par l’anglais Al Kent. Une version accélérée, amplement dynamisée par l’importante présence des percussions, pour un résultat se rapprochant de l’afrobeat.

Après l’Angleterre, cap sur l’outre-Manche, avec le français Waxist Selecta. Digger acharné, Julien anime régulièrement les dancefloors lyonnais et parisiens. Parmi ses soirées les plus emblématiques, on note une résidence au Djoon lors des soirées Gold Diggers. Des sélections à en faire pâlir plus d’un ainsi qu’à donner le vertige à bon nombre de danseurs. Pour son édit, Waxist a choisi le morceau “Rockers Delight” de Prince Blackman, plus connu sous le nom de Leroy Sibbles. La version de ce titre est une réinterprétation reggae disco du classique “Rapper’s Delight” de Sugarhill Gang (groupe notamment remixé par Theo Parrish). L’édit transpire la sincérité. Pas de place pour les fioritures ; il y a ce qu’il faut, là où il faut, ni plus ni moins.  La présence reggae impose sa classe, le flow de Prince Blackman nous envoûte sans attendre, on enclenche le pilote automatique, gros son, le groove est en nous.

4/5