Co-fondateur de Paradoxe Club, label et regroupement de DJ et producteurs qui regardent ensemble vers le futur, Sunareht vient de sortir Amorama, un premier long format euphorique, halluciné et salvateur. 

Que se passerait-il si Bangalter période Homework s’enfermait en studio avec Oneothrix Point Never, Autechre et Lorenzo Senni ? Qu’à douze mains, ils produisaient en une nuit de sombre folie numérique une musique saccadée, cutée, hyper-énergique et totalement euphorique ? La réponse à cette question que personne n’a semblé utile de se poser tient dans Amorama, le premier long format de Sunareht, qui lui, l’a fait tout seul. Soit 9 titres pour 35 minutes de montagnes russes pied au plancher. Ceinture à peine attachée, on est lâché dans un univers où l’émotion nous attend dans chaque recoin. Et quand on dit émotion, on vise plutôt les sensations joyeuses : montées d’adrénaline, shot d’endorphine, sourires et goosebumps, le disque est construit sur l’idée de vivre plus fort des émotions virtuelles. 

Lancé à toute vitesse, les titres de ce Amorama nous arrivent par à-coups, à commencer par le Party Soundtrack Generator, qui résume l’idée derrière le disque et le disque lui-même : une succession épileptique et à haute intensité d’une house samplée à l’extrême, cutée, déconstruite et re-montée plus rapidement encore. Une sorte de version augmentée de la French Touch, sans l’attirail disco ni les vocaux tapageurs. Malin, Sunareht vise l’épure, ce qui peut paraître surprenant lorsque l’on lance « Parachute Tandem Vr » ou « Illusion », où l’impression qu’un torrent de beats nous tombe sur le coin du visage est plus que tenace. C’est tout ce que permet l’utilisation ultra-précise, maniaque presque, des samples : démultipliés, superposés, coupés et re-re-re-re-coupés pour être assemblés aussi vite, il crée littéralement beaucoup avec peu. 

On a utilisé le mot torrent, mais on imagine des vagues de musiques, d’ondes. Des cercles concentriques remplis d’énergie, comme il s’en crée à la surface de l’eau lorsque l’on y jette un caillou et qui viennent à nous. Traversés par des vagues d’ondes numériques à haute intensité, on répond par un sourire, une sensation d’euphorie. Une légèreté accidentée, artificielle car créée par une machine mais qui provoque chez nous des sensations bien réelles. « Amorama est un lieu fictif où l’on reçoit sa dose de dopamine et de sérotonine grâce à des activités next-gen décrites par les titres des morceaux. » Au-delà du concept, ce disque est une réponse hallucinée et salvatrice à notre manque d’émotions collective que provoque normalement l’écoute à très haut volume en groupe d’une telle musique. Un shoot solitaire que l’on conseille sans mal.

Sunareht, Amorama
Paradoxe Club