Une musique pour « prendre les transports publics », pour « chanter sous la douche » ou pour « faire de l’Art » : dans son dernier album Transparências, Violet s’applique à sonoriser divers moments de nos quotidiens, des plus banals aux plus créatifs. Une bande son enlevée, qui transcende la routine.
On avait laissé Violet il y a quelque temps, virevoltante avec aisance et énergie entre la hard house et la techno contemplative sur Espírito. La productrice, DJ, fondatrice de multiples labels (naive, naivety et Rádio Quantica) sort ces jours-ci sur ce dernier un album-concept à l’idée limpide : sonoriser une journée et ses activités, quelles qu’elles soient. « Sortir le chien la nuit », « lire », « dormir », « danser »… autant de choses que l’on réalise avec ou sans musique, c’est selon les envies et les humeurs. La productrice se propose donc de remplir ses espaces sonores particuliers. Comme toujours avec Violet, les genres se croisent et se dédoublent en une multitude de possibilités.
Il serait difficile de proposer une bande son proprement linéaire à toutes ces étapes d’une même journée. Exit donc l’orientation club, l’ambient et les plages sonores synthétiques font leurs entrées. Limpides, ces instrumentations éthérées accompagneraient à merveille la lecture ou la contemplation de la nature. Plus que des ajouts de cordes et de nappes, Violet s’inspire directement de la library music pour donner du corps et de la profondeur à ces voyages sonores. De vraies épopées, denses et aux atmosphères parfois sombres, qui contraste avec l’idée que la musique non-instrumentale doit être faussement joyeuse, ou du moins sans épaisseur. Des couches plus brutes résonnent sur « Música para ler » ou sur « Música para acordar ».
Violet n’oublie pas ses aspirations à l’expérimentation club et sur des titres comme « Música para passear o cão à noite », drums, amen break et bass music ne sont jamais très loin. Plus enlevés, forcément, ces plages sonores pour moments plus énergiques libèrent la créativité de la productrice. Breaks, twists rythmiques, la règle est de se limiter en rien tant le terrain de jeu est immense et le geste libre. On passe ainsi d’une ritournelle drum’n’bass sautillante et joyeuse de « Música para dançar » au drone mâtiné de library de « Música para adormecer ». Des fields recordings naturalistes (enregistrements d’oiseaux et de gazouillis) et une petite voix conclue ce geste fort qu’est Transparências. Il est déjà demain, et on est prêt à reprendre notre routine pour réécouter ce disque.