On ne va pas refaire le film de l’année écoulée. Tout a déjà été dit, lu, vu, écrit sur cette crise sanitaire, économique, sociale et culturelle. Tout a déjà été interprété, modifié, tordu et réfuté. Tout et son contraire, pour le pire (souvent) et le meilleur (rarement). Dans ce magma insupportable que furent ces 12 mois, on aura tour à tour eu peur – pour nous, pour les autres, frôlé la crise d’angoisse et l’abattement, pour finalement reprendre espoir avant qu’un nouvel étage de la fusée Covid-19 ne se pose directement sur le coin de nos têtes. 

Alors, au milieu de ce maelström d’émotions dont on peine encore à définir les contours, il ne reste plus que la musique : une musique qui nous aura accompagné comme rarement avant cela. Plus intensément peut-être, plus longuement aussi. Quand tout autour de nous est instable, changeant, dangereux même, les notes familières ou nouvelles sont bénéfiques. 

Une musique qui a doucement muté, autour de nous et en nous ; d’abord vue comme une échappatoire festive et expiatoire, nos écoutes se sont rapidement détournées des dancefloors virtuels pour occuper d’autres espaces. Ceux d’une certaine éloge de la douceur, de la relaxation ou de la méditation. L’ambient s’est taillé une part de choix dans nos quotidiens confinés. Comme pour conjurer le manque d’espace, nous nous sommes plongé·e·s dans d’infinies nappes synthétiques, qu’elles aient ou non de réelles vertus médicales et thérapeutiques. 

2020 a été une année sans club pour nous : aucun événement Phonographe Corp n’a pu voir le jour. C’est triste mais c’est ainsi – on vous préparait un Disquaire Day d’anthologie, il y a évidemment plus grave que cela. Ce recul forcé des clubs nous a donné d’autres envies, d’autres directions pour la suite : de nouvelles idées, pas mal de brainstorming pour des projets qui devraient voir le jour d’ici le printemps. Rester connecté·e·s, comme on dit. 

Une fête reste une fête et le format nous tient toujours à coeur. Nous ne sommes les seul.e.s : l’arrêt net de toutes activités nous a permis de prendre le pouls de la scène. D’échanger avec elle, de tenter de trouver des réponses à nos questions. Comment garder le contact, soutenir les artistes ? Comment nos choix de consommations peuvent aider celles et ceux qui nous font danser, en club ou dans nos salons toute l’année ? 

Nous avons discuté avec différent·e·s actrices et acteurs de la scène comme pour conjurer le mauvais sort. Pour se persuader que tout irait mieux rapidement : la suite nous a donné tort, ce qui ne nous a pas empêché de nous interroger. D’imaginer la suite, un futur possible : comment, où, sous quels formats et pour quels publics pourrons-nous nous réunir à nouveau ?

Au milieu de tout cela, il a eu notre année 2020. Des disques fabuleux, addictifs. D’autres complètement inouïs et envoutants, et d’autres ratés. Il y a eu des rencontres et des discussions avec des artistes d’aujourd’hui et de demain. Des heures de podcasts écoutées et publiées, des exclusivités. Des chroniques à en perdre la tête, des interviews qui ne se déroulent pas comme prévu. 

Une année où on a prit le temps et où l’on a multiplié les contenus au long cours, les séries thématiques et les longues discussions. SOUNDTRACK, notre série sur les compositeurs de légendes en est à son troisième épisode. Fiche de lecture, c’est notre récap des ouvrages à avoir lu sur un sujet – ici, Détroit et la techno. SUMMER JAM était LA série de l’été, où l’on revenait sur nos tubes préférés. LOCAL SOURCES, c’est enfin une toute nouvelle série de portraits d’artistes qui feront le futur.

Beaucoup de passion, pas mal d’émotions et un soupçon de mauvaise foi. Des milliers d’e-mails, des kilomètres de discussion sur Slack pour arriver au média que vous lisez aujourd’hui : curieux, ouvert, libre et multiple. Où d’autre croiser la route d’Actress, Domenique Dumont, Ennio Morricone, Music From Memory, Détroit, Lorenzo Senni, les Disques Bongo Joe, Naples, Sassy J, Kraftwerk, The Underdog Project, Ciel ou le label InFiné, le tout en quelques clics ? 

Toute cette énergie est pour vous. Merci de nous lire, de suivre nos aventures, d’être curieux.ses et ce, depuis 2010. Oui, nous avons fêté nos 10 années de journalisme imparfait et de bamboches et on trinque, à distance, aux 10 prochaines années. 

On se voit en 2021 ?

Les voici, nos disques de l’année.